MIRACLE A MILAN

Réalisateur : Vittorio DE SICA (1901-1974)

Année : Italie, 1951, Miracolo a Milano

Acteurs : Francesco Golisano, Paolo Stoppa, Guglielmo Barnabo, Brunella Bovo

Il est tout de même paradoxal qu’en pleine vague du néoréalisme italien, le seul film de cette tendance qui soit récompensé au très jeune festival de Cannes fut un film fantastique, optimiste de surcroît. Le jury n’avait peut-être rien compris au néoréalisme ou alors avait-il tout compris, car, trois ans après Le voleur de bicyclette, Vittorio De Sica obtient la palme d’or.

Toto naît dans un chou et cette très réaliste naissance pour un garçon fait la joie de Lolotta, vieille femme esseulée, qui élève son fils dans la bonté la plus abyssale jusqu’à son décès. Et ni l’assistance publique qui achève d’en faire un homme, ni la misère de l’après-guerre ne font perdre à Toto cette bonté communicative puisqu’il parvient à mobiliser la population des sans-abris pour construire un bidonville à même de les préserver des intempéries. Las, le terrain appartient au richissime Mobbi et recèle du pétrole. Le légitime propriétaire n’écoutant que la voix de son coeur entreprend de faire appel aux forces de l’ordre pour récupérer son bien. Mais du ciel, Lolotta veille et confie à Toto une colombe magique qui exauce tous ses voeux.

Pas plus réaliste donc que ce Miracle à Milan qui fait cohabiter la misère noire avec un message que l’on qualifierait de chrétien.. Le film dégouline de candeur et jamais il n’aura été aussi difficile à un chameau de passer par le chas de l’aiguille car à coup sûr Mobbi n’est pas prêt de gagner le paradis. Un demi siècle après sa sortie sur les écrans, la plame d’or de l’année 1951 apparaît comme vieillie et l’on peine à croire à cette réalité antérieure aux Trente glorieuses.