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MORTAL KOMBAT

mars 2001, par Palplathune

Paul ANDERSON (1965-)

Etats-Unis, 1995

Acteurs : Christophe Lambert, Robin Shou, Bridgette Wilson, Cary Hiroyuki Tagawa, Trevor Goddard, Linden Ashby, Talisa Soto.

Ah ! Ces adaptations de jeux vidéos sur grand écran... Combien de chefs d’oeuvre impérissables doit on à ces brillantes tentatives ? Souvenez-vous : Jean Claude Van Damme jouant à fond le difficile rôle de Guille dans le grandiose Streetfighter (sur lequel il faudrait faire un dossier complet !), l’acteur de composition Bob Hoskins en salopette rouge affublé d’une magnifique moustache et une ventouse dans la main interprétant Super Mario Bros ou encore l’inexistant Freddie Prinze Jr aux commandes de Wing Commander. Que du bonheur ! A croire que toute transposition de jeu en film passe par la case Z. Heureusement le contre-exemple va venir de là où on ne l’attendait pas, le film Mortal Kombat. Rappelons que Mortal Kombat était un jeu de baston (il semble bien que la série soit morte avec le 4e volet) dont l’originalité résidait dans les nombreux effets gores et les graphismes "réalistes". Pour autant la réussite n’allait pas de soi, les jeux de baston ayant rarement des scénars tres recherchés (la fantastiques saga des King Of Fighters étant l’exception) et que Christophe Lambert étant annoncé au casting ! Avec de telles tares à se trimbaler le fait que le film soit plutot réussi est d’autant plus étonnant et impressionant.

Liu Kang, un adepte d’un ordre religio-martial, Sonya Blade, une agent de la CIA à la recherche du meurtrier de son coéquipier, et Johnny Cage, une star de films d’arts martiaux en quête de reconnaissance, se retrouvent tous trois sur une île inconnue. Rayden, le dieu du tonnerre, leur explique qu’ils ont été choisis pour participer à Mortal Kombat. Il s’agit d’un tournoi d’arts martiaux ayant lieu tous les 200 ans et dont l’enjeu n’est rien moins que la survie de la terre ! Les trois nouveaux amis vont donc devoir affronter les différents champions du maléfique empire d’outremonde et parmi eux le redoutable sorcier Shang Tsung.

Soyons tout de suite clair. Quand je qualifie Mortal Kombat de réussite c’est par rapport au genre auquel il appartient : le film d’arts martiaux US. Il serait inutile de comparer Mortal Kombat avec un Blade Runner ou un 2001, ce sont des divisions complètement différentes. Ceci étant précisé voyons voir en quoi le film marche aussi bien.

ROUND ONE. FIGHT !

D’abord, et c’est à mettre au crédit de Paul Anderson, il réussit à construire un univers cohérent. Une sacrée gageure vu le peu d’éléments disponibles à partir du jeu. Tres inspiré visuellement, Anderson privilégie le travail sur la lumière et les décors pour créer son ile, carrefour entre la terre et outremonde. Cela aboutit à une esthétique médiévale flashy plutôt surprenante mais pas désagréable. Notons aussi des effets spéciaux soignés dans l’ensemble malgré un abus d’images de synthèses dont certaines auraient franchement du être évitées (je pense surtout au très laid Reptile et divers effets bien moches). Visuellement le film est donc plutôt satisfaisant et l’univers assez élaboré pour qu’on y croie. Autre choix judicieux : le casting. Anderson opte pour des acteurs habitués aux seconds rôles et qui correspondent à leurs personnages. Cela évite ainsi de trop longues explications sur leur psychologie, pas capitale dans ce genre de films, on sait dès le premier coup d’oeil à quel type de gaillard on a à faire ! Mais tous ces éléments ne sont que des détails, l’intérêt n°1 de Mortal Kombat ce sont ses combats (CQFD). Or dans ce domaine les Américains sont nuls. Eh oui il faut bien le dire franchement, les yankees ne savent pas mettre en scene d’affrontements martiaux. Et là miracle, MK comporte trois combats réussis ! C’est-à-dire des combats chorégraphiés, bien exécutés et filmés de façon lisible (plans larges plutôt que le moindre coups découpé en plusieurs plans). Ils sont de plus transcendés par un usage judicieux de techno qui en accélère le rythme. Le choix du casting s’avère aussi dans cette optique intelligent. Robin Shou, alias Liu Kang, avait fait ses preuves d’artiste martial à Hong Kong et les personnages masqués (Scorpion, Reptile et Sub Zéro) sont interprétés par des experts dans leurs registres respectifs.

LIU KANG WINS ! ROUND TWO. FIGHT !

Bon ceci étant dit si on retient trois jolis combats cela sous-entend que les autres ne sont pas aussi réussis. Et effectivement, les nombreux autres affrontements qui émaillent le film sont beaucoup moins plaisants. On retrouve tous les (nombreux) défauts qui émaillent les films d’arts martiaux US : des chorégraphies molles, des interprètes lourdauds et une réalisation totalement inappropriée. Observons par exemple le combat Kano (Trevor Goddard)/Sonya (Bridgette Wilson). Dès le départ cela commence mal puisque la charmante Bridgette se trimbale avec une garde haute totalement fantaisiste et la suite nous donnera malheureusement raison. La chorégraphie se contente de vagues coups maladroits (même pas d’enchaînements !) et d’esquives hésitantes, cela sur un rythme pachydermique. Même les combats d’Astérix et Obélix contre César ont plus de punch. Même principe même punition pour les affrontements impliquant Goro. Une création animatronique fort réussie (et bien plus sympa que la tripotée d’effets numériques cheap et de mauvais goût qui semblent devenir la norme des prods US et dont Mortal abuse lui aussi) mais dont les prouesses martiales consistent à donner des coups de poings. On n’avait pas vu plus impressionnant depuis les Bruce Lee.

FATALITY !

Mais bon ne nous plaignons pas trop, on a droit à trois combats réussis ce qui est plus que ce que j’ai pu voir dans plus de 20 films d’arts martiaux US réunis.

D’autres défauts sont apparents. Si Anderson parvient à construire un univers cohérent, il ne réussit pas à cacher le simplisme du scénario ni la bêtise, quasi Disneyienne, de la morale ("Ais confiance en toi et tu vaincras tout les défis !"). Evidemment il faut parler de la prestation de notre Lambert national, qui semble s’acharner à se construire la filmo la plus bis de l’Hexagone. Complètement incrédible dès sa première apparition, il se balade arborant tranquillement une cool attitude ne cherchant même pas à cacher le fait qu’il cachetonne. Complètement hors du film, sa "prestation" ravira les amateurs d’humour décalé ! Enfin regrettons aussi l’absence de dérapages gores, conformes à l’esprit du jeu, et qui auraient certainement boosté cette adaptation.

YOU WILL NEVER WIN ! AHAHAHAH !

Il ressort clairement de ces défauts que Mortal Kombat s’adresse avant tout à un public adolescent. Mais par rapport à la grosse daube à laquelle on pouvait s’attendre (se reporter à l’intro pour voir des exemples significatifs) c’est tout de même une surprise plutôt plaisante. Il faut toutefois bien définir à qui le film est susceptible de plaire. Les amateurs de fantastique intellectuels ou à message peuvent tranquillement passer leur chemin. Par contre les amateurs d’actions martiales mélangées à une petite touche de fantastique pourront y trouver, en partie, leur compte. N’empêche que si c’est un genre qui vous plaît, contentez-vous de voir Mortal comme un apéritif et concentrez-vous sur les productions Hong Kongaises (citons en vrac Zu, Black Mask et autres Exorcistes Chinois) qui atomisent leurs confrères US en la matière.

FLAWLESS VICTORY ! (enfin pas vraiment mais bon faut bien conclure d’une manière ou d’une autre)

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