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PEACOCK KING

mars 2001, par Palplathune

YUEN Biao & NAM Nam Choi

Hong Kong & Japon, 1988, Kujaku ô

Yuen Biao, Hiroshi Mikami, Eddy Ko, Ken Ogata, Gloria Yip, Pauline Wong, Liu Chia Hui.

Peacock King est la première co-réalisation de Yuen Biao. Yuen Biao : un nom qui ne doit pas vous dire grand chose et pourtant en Asie, c’est une star. Un rapide historique : Yuen fut un des talentueux élèves de l’opéra de Pékin (une véritable usine à fabriquer du champion aux méthodes d’entraînement pire que l’armée) ou il fit connaissance avec Jackie Chan et Samo Hung. Tout comme ses deux comparses et suite au déclin de l’opéra chinois, il se lança dans le cinéma en tant que cascadeur (il fut entre autre la doublure de Bruce Lee sur Opération Dragon). Quand Jackie et Samo commencèrent à percer en tant que réalisateur-comédiens, ils firent logiquement appel à leur ami pour jouer avec eux. Fin des années 70 jusqu’au milieu des années 80, le trio magique va régner sur le box office asiatique. Mais là ou Jackie et Samo créent leurs propres univers, Yuen reste avant tout un acteur. Résultat : Il devient une star mais n’atteindra jamais la popularité de ses deux amis. Moins charismatique mais pourtant martialement encore plus doué et prêt à jouer des rôles plus variés, il va tenter dans la deuxième moitié des années 80 de créer son propre style. Peacock King fait partie de cette entreprise.

Ashura, la fille du roi des enfers vient d’apparaître sur Terre. Assisté du puissant démon Raga, elle n’a qu’a ouvrir 4 portails reliant les deux mondes pour que son père et le mal en général envahisse le monde. Peacock, un turbulent moine Tibétain, et Lucky Fruit, un moine japonais plus sérieux, vont unir leurs forces pour empêcher le règne du mal.

Peacock King est un film étrange. Surtout quand on le compare à la moyenne des films de HK. En effet il est truffé d’effets spéciaux : Animation image par image, effets pyrotechniques, transparences et autres effets visuels abondent. Malgré leur côté un peu vieillot ils demeurent efficaces et agréables, l’animation image par image possède même un charme rétro fort sympathique. Une mention spéciale pour la transformation de Raga en une bestiole très Gigerienne. Même les décors ont droit à un traitement spécial : le temple tibétain est étonnamment travaillé (belle architecture et éclairages contrastés) et la vision finale du royaume infernale bien noir à souhait.

Ces particularités, originales pour un Hong Kong Movie ont deux sources. La première est d’ordre commercial. Au milieu des années 80 Jackie avait trouvé son style : la Kung Fu-comédie aux relents dramatiques, Samo avait établi sa formule à succès ( Kung Fu-comédie adapté à toutes les sauces : policier, guerre, western, Wu Xia Pian...). Les possibilités de Yuen pour se démarquer de ses deux amis étaient limitées tout particulièrement à Hong Kong ou les mêmes formules se déclinent régulièrement. Il choisit donc un genre périlleux dans l’ex colonie, le fantastique (tout en limitant les risques par un scénario volontairement classique, j’y reviendrai). La deuxième explication tient tout simplement aux influences personnelles de Yuen. Il ne fait pas de doute qu’il est un sincère amateur du genre (sa filmo comprend une dizaine de titres y touchant) certainement influencé par les oeuvres de son pays mais aussi par les grosses productions hollywoodiennes, deux genres qu’il a voulu fusionner.

Avec de tels partis pris singuliers Peacock King aurait pu devenir un film culte à mi chemin entre Orient et Occident, une sorte de nouveau Zu à la portée plus mondiale. Mais les influences sont mal digérées. Notre bon ami Yuen oublie ainsi en chemin ce qui fait la force du cinéma d’action Asiatique. Nul cascade à mourir (au propre comme au figuré) ici et les chorégraphies virtuoses se comptent sur un seul doigt. Tout préoccupé par ces SFX Yuen laisse pour notre plus grand désespoir tomber ce dans quoi il excelle. Dommage.

Par contre s’il laisse de coté ce que HK fait de mieux, il conserve un problème courant dans les films de l’ex colonie : Le scénario bordélique. Comme je le disais précédemment Yuen est conscient du risque qu’il prend en se lançant dans le fantastique à 100% c’est pourquoi il a recours à un certain nombre d’astuces scénaristiques pour mettre tous les atouts de son coté. Ces astuces sont évidentes dans la première moitié du film. Ainsi il place à moitié l’action au Japon (pays co- producteur et dans lequel Yuen est considéré comme une très grande star) et à moitié à HK (terrain familier pour lui et le public). De même les personnages principaux obéissent à tous les archétypes du cinéma cantonnais (relation maître à élève, rivalité école chinoise et école japonaise) et sont profondément imprégnés de mythes et religions asiatique (Bouddhiste et Shintô). Rien de choquant, il faut bien que le spectateur asiatique ait des points d’ancrages familiers. Yuen tente même de placer un peu d’ambiguïté dans le personnage d’Ashura, fausse méchante et vrai naïve. Mais là on rentre dans la deuxième partie du métrage et les choses dégénèrent très rapidement. D’abord les références mythologiques asiatiques sont parfois difficile à comprendre pour les non initiés. Ensuite le bordel s’installe avec un scénar qui part dans tous les sens : Une secte maléfique apparaît d’on ne sait ou, aucun renseignement n’est donné sur sa nature ou ses motivations, elle finit même par se ranger du coté des gentils à la fin(!), les portails s’ouvrent à chaque fois sans que l’on sache vraiment pourquoi... Un ensemble de détails qui nuisent à la bonne compréhension du film.

Peacock King est donc un film hybride ni complètement raté ni complètement réussi, il laisse une impression mitigé. Disons qu’il est à réserver aux fans de Yuen Biao (dont je suis, vous l’aurez deviné) et aux amateurs de fantastique sauce chop suey.

A noter que le film n’a jamais été distribué en France, il vous faudra donc le dénicher en DVD si vous êtes intéressés.

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