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PICTURE OF A NYMPH
mars 2001, par
WU Ma (1942-)
Hong Kong, 1988, Hua zhong xian
Yuen Biao, Joey Wong, Wu Ma, Yuen Wah.
A Hong Kong plus encore qu’à Hollywood, les thèmes abordés par le cinéma reviennent de façon cyclique. Dés que la mode d’un type de film est lancée tout les producteurs se lancent dans la brèche et vont l’exploiter jusqu’à plus soif. Dans les années 80/90, le grand initiateur de ces cycles se nomme Tsui Hark (qualifié par certains de Spielberg chinois, ce qui est franchement idiot quand on voit la qualité des films des deux réalisateurs, là ou Hark nous fait un The Lovers, Spielberg nous pond un Always, cherchez l’erreur !). En 1987, il produit (et réalise mais chut ! c’est officieux !) Histoire de fantômes chinois. Un film qui ne cartonnera pas vraiment au box office de l’ex colonie mais qui va faire le tour du monde et commencer à établir la réputation du cinéma Hong Kongais. Va alors apparaître toute une vague d’ersatz qui tenteront chacun d’apporter leur originalité. Parmi ceux ci il y a Picture of a nymph.
Suite à un affrontement avec un fantôme, un lettré naïf et un élève chasseur de fantômes se lient d’amitié. La situation se complique quand notre ami lettré rencontre une magnifique jeune femme dont il tombe amoureux. Il va réaliser un portrait de son amoureuse mais vite se rendre compte que celle ci est un fantôme. Les deux amants vont alors devoir faire face à l’opposition du maître chasseur de fantômes et du roi fantôme, chacun opposé à cette amour impossible...
A priori Picture n’apporte pas beaucoup de sang neuf au concept des Histoire de fantômes chinois. Les personnages sont les mêmes archétypes et connaissent les mêmes tourments : le sifu braqué dans sa volonté de détruire les fantômes, le jeune lettré amoureux, la pauvre jolie fantôme et son impitoyable maîtresse. Idem pour toute l’esthétique du film (décors, éclairages, costumes...) qui est décalqué sur la série de la Workshop. Et bien sur les combats utilisent abondamment les câbles inhérent au genre. Même certains effets de style (jeux de draperie principalement) sont repris. A l’est rien de nouveau quoi ! Eh bien, pas tout à fait, Picture surprend par quelques innovations.
Il laisse une plus grande part à l’humour d’abord. Etant un lecteur assidu de mes critiques sur les films de Hong Kong (hein ? c’est la première fois que vous en lisez ! Dehors ! Non, non je rigole restez ! Nous sommes un pauvre site en manque de lecteurs !) vous savez que ce genre de tendance est plutôt mauvais signe. Mais pour une fois même si on ne peut pas dire que l’on connaît fou rire sur fou rire, l’humour est acceptable. On esquisse parfois un sourire (mais pas un mot car esquisse-mot !), ce qui est plutôt bon signe. Un bon point pour Picture. Autre petite (toute petite) originalité, le personnage de Yuen Biao, disciple du maître tueur de fantômes. Outre le fait qu’il est toujours plaisant de voir le fort sympathique Yuen dans un film, il représente un certain juste milieu (cher à Aristote ! Eh oui, un peu de culture dans une critique de films de Hong Kong ça ne fait pas de mal. A bientôt pour un cours sur la loi de la gravité dans la critique de Zu) entre la volonté guerrière de son maître et la béatitude du lettré. Si l’on applique le sous texte présent dans Histoire de fantôme chinois qui voit dans le fantôme une représentation de la Chine et dans le personnage du lettré une personnification de Hong Kong. Le personnage de Yuen Biao serait donc l’exemple raisonnable, celui à suivre face à l’amour trop fort des deux "pays". Il comprend cet amour, l’accepte (un amour qui mènera à la réunification/réincarnation) mais demeure tout de même méfiant face à la nature ambiguë du fantôme/chine. Par contre la grande originalité de Picture c’est de lorgner du coté du cinéma Indien. Oui vous avez bien lu ! Non pas qu’il y ait des jeunes femmes en sari qui apparaissent à tout bout de champs mais parcequ’on a parfois droit à des intermèdes de comédie musicale. Ils sont assurés avec zèle par le Sifu et confèrent au film une petite touche délirante assez amusante. Ainsi on le voit en début de métrage chanter les vertus d’un bon bain et le plaisir de se sentir propre ! Marrant !
Enfin même si c’est du déjà vu, il faut admettre que l’histoire marche plutôt bien, le réalisateur réussit même quelques moments poétiques. Tel cette scène ou la jolie fantôme, joué par Joey Wong qui jouait déjà le meme role dans Histoire de fantome chinois, caché dans le dessin qu’a fait d’elle le lettré ne peut s’empêcher de retenir une larme quand elle réalise son amour.
Picture of a nymph est donc un honnête clone de Histoire de fantôme chinois mais ces quelques apports nouveaux ne rendent pas sa vision fondamentalement obligatoires. Mieux vaut tout de même voir l’original et si vous tombez amoureux du genre vous pourrez succomber au charme de cette nymph.