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PREDATOR

mardi 1er février 2005, par von Bek

John McTiernan (1951-)

Etats-Unis, 1987

Arnold Schwarzenegger, Carl Weathers, Elpidia Carrillo, Bill Duke, Jesse Ventura, Sonny Landham, Richard Chaves, Shane Black

Deuxième film de John McTiernan, Predator est le tremplin vers Piège de cristal (1988) qui annonce son réalisateur comme un maître du film d’action musclé. Avant lui, il n’y avait guère que les films d’horreur et Sam Peckinpah pour être aussi violent et sanglant sur des écrans destinés à une large diffusion. Qu’est ce que Predator ?

Appelés pour aller rechercher un ministre dont l’hélicoptère s’est malencontreusement écrasé de l’autre-côté de la frontière, Dutch Schaeffer (Arnold Schwarzenegger) et son commando se retrouvent embarqués dans une mission bien différente. George Dillon, un ancien commando devenu agent de la CIA, les utilise en fait pour récupérer des informations obtenues dans le cadre d’une mission aérienne clandestine. Mais ce que Dutch et ses hommes découvrent d’abord ce sont les corps dépecés de la première équipe de secours. Si les guerillleros marxisants ne posent guère de problème, une étrange créature vient perturber l’opération. Après avoir vu mourir toute son équipe, Dutch affronte l’ennemi dans un duel entre hommes.

Avec une trame aussi simple, pour ne pas dire simpliciste, il est loisible de s’interroger sur le succès du film, car des années après, Predator fait encore parler de lui chez ceux de la génération qui ont pu voir le film au cinéma et les adolescents qui en ont entendu parler puis l’ont découvert sur le petit écran par la suite. En fait, Predator est un mélange des genres. S’y retrouve le film de science-fiction à tendance horrifique qui fit florès avec Alien, le 8e passager (Ridley Scott, 1979) et ses séquelles. Predator 2 ne se cachera pas de cette influence par un audacieux clin d’oeil aux conséquences non négligeables. Pas plus dans Predator que dans Alien, les motivations de l’E.T. ne sont dûment expliquées, mais simplement suggérées ou laissées avec une confiance aussi inouïe qu’inconsciente à la liberté de compréhension du public. Ce dernier devinera aisément cependant, après s’être reporté à un dictionnaire (le troisième livre que l’on peut trouver dans une maison avec l’annuaire et la Bible) que l’E.T. est un chasseur et un sportif avec toutes les valeurs et le Fair Play qui accompagnent ces notions.

Le deuxième ingrédient pourrait s’appeler le film de soldat. La référence devient alors Rambo (Ted Kotcheff, 1982). Tout comme dans ce dernier film, Dutch et ses hommes sont des soldats d’une compétence exceptionnelle (on ne croirait pas comme ça mais gâcher ses munitions en hachant la jungle est une stratégie de premier ordre et non une perte de calme) trahis par leurs supérieurs. On passera sur le laïus relatifs à la CIA notoirement incompétente et tyrannique dans la plupart des films américains sauf ceux adaptés de Tom Clancy, et on oubliera l’épitète d’enculés apposé aux fonctionnaires. Il faut ici féliciter le doublage français qui a su rendre aux propos des militaires la verdeur qui correspond à l’uniforme : de "bander comme un dinosaure" à "une trouille de pucelle" c’est un véritable florilège. Le rectum joue un grand rôle et s’y ajoute de multiples objets allant du "morpion" à la "trace" en passant par l’hélicoptère.

D’où le troisième ingrédient, car il est fort compréhensible qu’un tel langage ne conviendra pas à une gente demoiselle. Predator est un film de muscles et d’hommes. Place est faite à Arnold Schwarzenegger dont la carrière ne présente pas encore la variété qu’elle a acquise aujourd’hui. Il ne compte alors à son actif que trois genres de rôles majeurs : ceux de barbares (Conan, Kalidor....), celui de Terminator et ceux d’arsenals ambulants (Le contrat, Commando...). Mais ce sont des rôles qui attirent les spectateurs avides d’émotions fortes, d’explosion et de biceps.

Le résultat de cette recette est un film qui affirme sa virilité à en faire peur. Chaque dialogue, chaque scène distillent un culte de la force, de la ténacité et de la violence. Chaque scène et chaque dialogue pourraient dire : vous ne regardez pas un film de gonzesse. Si nombre de ces éléments peuvent assez fréquemment être pris au second degré et destinés à faire rire, il y a de nombreux aspects où le film en affirme la véracité. Avec le comportement de l’.E.T., ces valeurs de force, courage et violence prennent une dimension universelle. C’est assez gênant, car on ne peut pas dire que le réalisateur ait apporté autre chose de personnel. A l’exception du coup de génie de la caméra subjective restituant la vision thermique du Predator, la mise en scène ne vise qu’à de petits effets de suspense, ponctuels plutôt qu’à une cohérence et une construction globale qui ferait du suspense une toile où s’engluerait le spectateur. En ce sens, Predator ne saurait se comparer à Alien. C’est d’autant plus gênant qu’il n’est pas assuré que l’élite intellectuelle qui constitue le public de ce genre de film fasse bien la différence dans les différents aspects du comportement des personnages entre ceux qui relèvent de l’attitude digne et courageuse et ceux qui relèvent de la vulgarité la plus stupide.

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