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PRISONNIERS DU TEMPS
Past and Furious
dimanche 7 novembre 2004, par
Réalisateur : Richard DONNER (1930-2021)
Année : Etats-Unis, 2003, Timeline
Acteurs : Paul Walker, Frances O’Connor, Gerard Butler, Billy Connolly, Anna Friel, Neal McDonough & Lambert Wilson
Fort mal distribuée en dépit de 200 copies existantes dans l’hexagone, cette adaptation du roman de Michael Crichton pourtant réalisée par Richard Donner (Superman, les Armes fatales et bien d’autres...) est passée plutôt inaperçue (comprenez : votre serviteur habitant dans une ville de province de taille honorable n’a pas pu aller le voir). Sanction ou juste traitement ?
Le scénario reprend fidèlement la trame du livre : une société à but totalement lucratif installée au Nouveau-Mexique découvre par inadvertance un passage dans le temps qui débouche invariablement en 1357 dans le Périgord, près du château de La Rocque alors que celui-ci est assiégé par les Français, désireux de bouter les Anglois hors du château, si ce n’est hors de France. Soucieuse de corroborer ses sources, ITC subventionne à notre époque des fouilles archéologiques qu’elle guide grâce à ses informations, ce qui ne manque pas de mettre la puce à l’oreille du professeur Johnston qui se rend au Nouveau Mexique et se fait expédier au XIVe siècle - ce qui quand on connaît un peu ce siècle est clairement une idée stupide. Rapidement, c’est une expédition de secours qu’il faut organiser. Formée des quelques membres d’ITC qui ont déjà fait le voyage, elle comprend aussi trois archéologues et le fils du professeur. En vertu de la loi de Murphy - la seule véritable loi de cet univers - tout foire avec l’intrusion inopinée de soldats anglais sur le lieu d’arrivée et la destruction de la machine.
Il est difficile de savoir si producteur et réalisateur pensaient travailler sur un blockbuster, toujours est-il que les moyens n’en sont pas moins là. Tournée au Québec, la reconstitution médiévale tient la route sans toutefois égaler le médiéval spaghetti du fameux Nom de la Rose : les gens sont crades mais pas à ce point là. Il est toutefois regrettable que les hommes d’armes soient dotés d’uniformes arborant qui les léopards des Plantagenêt, qui les lys de France, ornementation aussi improbable que le cri de bataille revendiquant l’appartenance à un pays, pour ne pas dire une nation, la France. Il est tout aussi improbable que les voyageurs et les autochtones parviennent à se comprendre mais on pourra aussi se satisfaire de l’utilisation du français par les acteurs jouant le rôle de Français... à condition de regarder le film en V.O. !
On pourra toujours ergoter sur les réactions peu réalistes des gens de l’époque mais, d’une part, celles-ci sont peu essentielles au scénario - même si elles auraient pu l’enrichir-, d’autre part les prisonniers du temps occupent la caméra et laissent peu de place à un protagoniste de l’époque, à l’exception de damoiselle Claire. Et là réside une autre faiblesse, car très rapidement le scénario part dans toutes les directions auxquelles s’égayent les fugitifs, donnant lieu à des rebondissements un peu légers tout en emmêlant l’écheveau de l’Histoire. Et lorsque damoiselle Claire évoque la force de La Rocque, on ne sait plus très bien qui défend et qui attaque.
Somme toute, et en dépit de ces quelques maladresses, Les prisonniers du temps reste un film de série B, assez réjouissant à voir (sauf pour un médiéviste) mais qui n’a cependant pas la richesse navrante des nanars dont certains magazines ont pu le gratifier. On ne peut s’empêcher de penser cependant, qu’il sera passé à côté de ses objectifs commerciaux.