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L’INVASION DES PROFANATEURS
dimanche 23 septembre 2001, par
Philip KAUFMAN (1936-)
États-Unis, 1978, Invasion of the Body Snatchers
Donald Sutherland, Brooke Adams, Jeff Goldblum, Leonard Nimoy, Veronica Cartwright
Adapté une première fois en 1956 par Don Siegel sous le titre français L’invasion des profanateurs de sépultures, le roman de Jack Finney l’est une deuxième fois en 1978 par Philip Kaufman, cinéaste alors peu connu. Interprété par Donald Sutherland, la nouvelle version constitue une reprise fidèle mais adaptée aux préoccupations de son époque, ainsi qu’un hommage au film de Don Siegel sous la forme d’un clin d’oeil : en 1978, Don Siegel joue le rôle d’un chauffeur de taxi, le même qu’il avait confié en 1956 à Sam Peckinpah.
La menace ne change pas : une forme de vie végétale, venue des fins fonds de l’espace et capable de reproduire à l’identique les êtres humains, entreprend de coloniser la planète en substituant des doubles végétaux aux humains. L’invasion débute par San Francisco, ce qui prouve bien qu’on peut être un végétal impérialiste et avoir du goût. Matthew Bennel, inspecteur au service de l’hygiène, et sa collègue Elisabeth Driscoll, dont le conjoint fait partie des premières victimes, tentent en vain d’alerter les pouvoirs publics mais finissent par se retrouver les derniers humains encore vivants et doivent fuir devant les alter ego hurlants de leurs anciens concitoyens.
Si dans la version de Don Siegel, la menace symbolisait le communisme accusé de vouloir réduire les peuples en une masse de gens soumis et passifs, celle de Philip Kaufman se montre bien plus pessimiste. En effet, c’est l’humanité prédatrice de son milieu naturel qui est mis ici sur le banc des accusés pour avoir mené progressivement la planète à la mort. L’invasion s’inscrit bien dans la lignée de Soleil vert. L’éclat hystérique de Nancy Bellicec sur l’état écologique de la Terre ou la sentence proférée par un Dr Kibner sur l’agonie du monde, ainsi que la fin du film elle-même, ne contribuent pas à diffuser l’optimisme.
Pour cette raison mais surtout à cause de son scénario et de sa réalisation, L’invasion des profanateurs tient davantage du polar et du film d’horreur que de la science-fiction. Presqu’un quart de siècle après sa réalisation, le film a vieilli mais possède désormais le charme désuet des années 70. Reste que le fil est trop linéaire, la dimension horrifique et la perpétuelle course poursuite rendent la réalisation de P. Kaufman un peu ennuyeuse et la fin rapidement prévisible. Reste aussi à voir ce qu’Abel Ferrara a pu apporter à cette histoire avec ses Body Snatchers...
Voir aussi :
L’invasion des profanateurs de sépultures, Don Siegel, 1956, avec Kevin McCarthy, Dana Wynter, Larry Gates, King Donovan
Body Snatchers, Abel Ferrara, 1993, avec Gabrielle Anwar, Terry Kinney, Billy Wirth, Forest Whitaker, Meg Tilly
Invasion, Oliver Hirschbiegel, 2007, avec Nicole Kidman, Daniel Craig