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BODY SNATCHERS
Un snatch et ça repart !
samedi 4 octobre 2003, par
Abel FERRARA (1952-)
Etats-Unis, 1993
Gabrielle Anwar, Terry Kinney, Billy Wirth, Forest Whitaker, Meg Tilly..
Le principal problème d’un remake, c’est faire oublier son original. Il faut forcément faire mieux. Et faire mieux que L’invasion des profanateurs, qui est déjà un remake, c’est mission : impossible. D’autant que Body Snatchers se réfère sans cesse au film qu’il tente d’imiter. Mais on voit bien, nous, que ce n’est qu’une copie qui participe au complot qui vise à remplacer tous les bons films par que copies moins bien mais qui font plus de fric en salles.
Premier reproche : la voix-off. On sait déjà que Marty, la narratrice, va survivre au carnage. Le roman de Jack Finney a choisi aussi la première personne mais entretient la confusion jusqu’à la fin, ce qui n’est le cas du film de Ferrara, qui mise d’emblée (et seulement) sur la trouille. Au point de vue pessimiste et globalisant du film de 1978 se substitue celui d’une adolescente à problèmes (pléonasme ?) dont le père s’est remarié à la mère d’un petit garçon. Malheureusement pour Ferrara, dans le genre "Je suis un jeune perturbé, mes parents ne sont pas mes vrais parents mais personne ne veut me croire", Brian Yuzna a fait mieux. Ca s’appelle Society. Ici, l’idée pourtant bonne de la famille recomposée ne fonctionne pas. Parce qu’il faut s’occuper de la situation du reste du monde et que, désolé, mais on n’a plus le temps.
C’est comme ça que disparaît également l’embryon de résistance entrevu le temps d’une scène. L’invasion, dans cette version, a lieu en effet dans une base militaire où le scientifique Steve Malone, envoyé faire des prélèvements, amène femme et enfants. Mais les soldats font à peine pétarader leurs armes. La force du film de Philip Kaufman, c’est sa construction en crescendo. Les effets spéciaux de copie et le projet global des envahisseurs ne sont véritablement montrés qu’à la fin. Alors que Body Snatchers, lui, est très précis. Trop. L’effet de questionnement du spectateur sur la véritable nature des personnages s’évanouit très vite. L’apparition récurrente des camions-poubelle, discrète en 1978, devient elle aussi balourde en 1993.
Il y a quand même un peu de positif dans ce "movie snatcher" : aux choix esthétiques judicieux du chef opérateur s’ajoute une véritable scène de terreur. Alors que Marty somnole dans son bain, une cosse placée sur le faux plafond est en train de la copier. Paradoxalement, c’est la chute de la fausse Marty, devenue trop lourde, qui va réveiller l’autre.
Voir aussi :
L’invasion des profanateurs de sépultures, Don Siegel, 1956, avec Kevin McCarthy, Dana Wynter, Larry Gates, King Donovan
L’invasion des profanateurs, Philip Kaufman, 1978, avec Donald Sutherland, Brooke Adams, Jeff Goldblum, Leonard Nimoy, Veronica Cartwright
Invasion, Oliver Hirschbiegel, 2007, avec Nicole Kidman, Daniel Craig