Accueil > CINECSTASY > P > LE PROJET BLAIR WITCH

LE PROJET BLAIR WITCH

1999, par Francesco, le mage Kélé, Goldorak, Maestro, von Bek

Daniel MYRICK (c.1964-) et Eduardo SANCHEZ (1968-)

Etats-Unis, 1999, The Blair Witch Project

Heather Donahue, Michael Williams, Joshua Leonard.

L’avertissement de von Bek

Si d’aventure vous avez visionné Le projet Blair Witch, vous avez pu avoir eu besoin d’une aspirine pour dissiper les effets des mouvements saccadés de la caméra. Je vous suggère de faire de même avant d’entamer la lecture de cette critique, à côté de laquelle La guerre et la paix de Léon Tolstoi fait figure de nouvelle !

La critique de Goldorak & Maestro

Qui n’a jamais vécu ces instants superbes et haletants, lorsque tout jeune vous réussissiez pour la première fois à surmonter votre peur en traversant la cave sans allumer la lumière, par exemple ( ou regarder Récré A2 sans se cacher derrière le canapé devant les méchant monstres de Spectreman..).

C’est sur ce principe que trois jeunes étudiants Heather, Joshua et Michael décidèrent d’aller affronter le mythe de la sorcière de Blair dans la forêt de Black Hills, sous couvert d’un reportage sur la sorcellerie intitulé le Projet Blair Witch. Un an après leur disparition, le film de leur périple fut retrouvé...

Dans ce film point de Digital FX, Blue Screen et autres incrustations, pas plus de steady Cam, de camera sur rail et autres grues ; ici on voit tout camera sur l’œil et vue subjective en plein dans l’action, une action bien réelle. Si c’est sûrement par souci de faire un film avec un budget réduit et moyens techniques minimum que Myrick et Sanchez choisirent cette option, c’est aussi par souci de faire naître sous nos yeux un drame réel, qui d’après les conditions de tournage (un des acteurs a d’ailleurs failli abandonner au milieu du film), se voit aussi bien sur l’écran qu’en dehors. Ainsi, se servant de l’immersion du spectateur dans la quête de ces trois héros, les deux réalisateurs font surgir toutes les palettes d’émotions que bon nombre de films plus traditionnels n’arrivent pas à retranscrire, tout particulièrement dans le domaine de l’horreur.

Le choix de nous dire en introduction du film que nos trois protagonistes ont disparu à la suite de leur séjour en forêt, nous fait découvrir avec inquiétude la préparation du voyage et le moments de détente qui accompagnent la virée vers les bois de Black Hills. Si les personnages ont l’air détendu, tout comme le spectateur qui après avoir claqué 45Fr se sent plus léger (au moins de 45Fr) et prêt à un réconfort bien mérité (Je le rappelle pour 45Fr), on sent l’angoisse latente qu’ils éprouvent à vouloir combattre une croyance répandue qui leur a fait faire de nombreux cauchemars étant petit, et qui fera d’eux des vainqueurs grisés sur leurs peurs ancestrales et infantiles. De même, nous, les témoins passifs du drame, subissons ces instants avec tout le poids que le préambule laisse peser sur leur destin funeste.

Une fois dans la forêt ce sentiment se transforme. Faisant fi de l’inquiétude qui ne cesse de grandir, nous sommes dans le feu de l’action durant ces premiers moments exaltants qui ne nous semblent pas toujours aussi déterminants qu’ils ne le sont réellement, mais qui reflètent notre libération de l’angoisse accumulée jusqu’au pied de l’épreuve. Et comme toujours c’est dans ces moments de trop grande confiance ou d’insouciance que se tapit le drame. Que ce soit le doigt du destin ou un sens de l’orientation un peu défectueux, progressivement nous voici aussi perdus que nos compagnons, ne sachant pas si Heather se plante un peu sur le chemin ou si malgré sa maîtrise, il est inévitable de se perdre dans cette forêt maudite. Ainsi suite à l’excitation du début de la promenade et au fur et à mesure de la prise de conscience de la situation de paumée au milieu de bois maudit, les esprits s’échauffent...

Heureusement une première nuit de repos vient calmer le jeu et les angoisses. Le lendemain cependant, ils ne parviennent pas à retrouver la bonne route, mais tombent sur des endroits étranges .Heather, l’instigatrice de l’expédition, campe fermement sur ses positions de chef, se faisant rassurante au possible, et ne laissant pas transparaître son inquiétude, elle montre même une certaine fascination pour les découvertes étranges faites ( un champs de pierres empilées par des mains humaines, semblant ritualiser le lieu), qu’elle examine scrupuleusement ; elle tient ce qu’elle cherchait, et il lui semble que c’est leur condition de promeneurs egarés qui les mène vers les liens maléfiques, comme c’est toujours le cas dans les contes fantastiques de l’enfance (le petit poucet et ses fréres perdus dans la forêt rencontrent l’ogre, Hansel et Gretel rencontrent la sorciére etc...). L’équilibre du groupe repose alors sur la complémentarité des trois amis face à la détresse croissante. Michael avoue sa peur et la matérialise le plus possible, il hurle, il est à bout et il le sait, Josh compatit face à cet état que lui même ressent, mais sa soumission envers Heather l’empêche de montrer sa peur. Heather, elle, mène le combat qu’elle avait choisi de conduire, et c’est sa détermination qui la pousse irationnellement vers l’inconnu qu’elle veut à tout prix rejoindre ; c’est cette résolution qui va les éloigner de leur voiture laissée à l’orée du bois, cette voiture qui symbolise sa situation/personnalité antérieure qu’elle ne veut connaître. La deuxième nuit n’apporte ni réconfort ni quiétude, elle scelle le destin des protagonistes qui savent qu’ils s’aventurent de plus en plus vers l’inconnu. Cette nuit s’accompagne de bruits étranges, inidentifiables, mais présents, et l’inquiétude du jour fait place à un sentiment d’inquiétude la nuit. Mais la barrière protectrice de la tente empêche la peur de pénétrer le groupe ; malgré cela c’est le coté rationnel de Heather qui la poussera à se glisser hors du cocon protecteur. Elle scrute la nuit, et cherche à trouver et à affronter les événements qui doivent forcement avoir une explication. Elle cherche quelque chose de tangibla à mettre sur la pellicule. Mais rien de tout cela n’est présent, encore moins l’envie de s’aventurer trop loin de la tente. Heather et les autres capitulent face à la nuit, leurs volonté dominée par la peur les cloue au seuil de leur abri. Le lendemain, tout redevient comme avant, et même si ils sont épuisés, perdus, et abattus, leur situation présente leur semble acceptable face à la crainte de la nuit. Cependant le dernier élément qui les rattachait à la situation initiale, à savoir la carte, a disparu...

Maintenant déconnectés de toute notion topographique, ils s’enfoncent de plus en plus dans la forêt, et au fur et à mesure les rôles s’inversent, Josh craque à son tour, toute la tension latente qu’il gardait au fond de lui pour faire bonne figure face aux ordres inconscients de Heather, véritable mère protectrice qui imposait une insouciance dont elle ne pouvait se persuader, finit par se répandre dans tout son être, le poussant dans une régression fœtale, avec un désespoir qui s’exprime à l’inverse de Michael par un isolement, une lamentation plaintive. Michael semble avoir reprit ses esprits et devient le mentor du groupe, soutenant Josh et affrontant Heather en essayant de lui faire prendre conscience de leur situation tragique. Pourtant Heather trouve ce qu’elle cherche, et ce sont des artefacts étranges (le ‘logo’ du film) suspendus aux arbres qui la consolident dans ses positions : Elle est sur le bon chemin, le chemin qui les rapproche de son but, celui d’arriver à la source de toute peur, arriver jusqu’à la source de la légende pour l’affronter et la vaincre. Mais avant cela ils doivent surmonter leurs faiblesses intérieures : Heather sa trop grande fierté, Michael son attitude trop passive et soumise, et Josh son attitude irrationnelle face au danger. Et dans un certains sens, seule Heather et Michael y arriveront. Après avoir effectué un 360° alors qu’il allait dans une seule direction ( Est-ce l’effet de ces lieux maléfiques qui fausse les repères rationnels, ou est-ce la volonté d’Heather de ne pas sortir de ce lieu sans avoir atteint le but qu’elle ne veut pas lâcher ?), Josh avoue avoir jeter la carte, cette carte devenue inutile car personne ne savait, ou ne voulait la lire correctement ; il brise ainsi l’ultime espoir qui subsistait, le semblant de réconfort que chacun cherchait, et qui était un prétexte pour ne pas reconnaître le caractère dramatique de la situation .

Dés lors, Michael sort de son désespoir passif, il se révolte face à la situation, il sort de l’influence castratrice de Heather pour exploser ; Heather face à ce renversement de situation commence à comprendre que sa folle quête, toute noble qu’elle soit, ne l’autorisait pas à disposer de Josh et de Michael comme elle l’a fait et de les entraîner sur une voie qu’elle leur avait imposée. Le jour finit par se coucher sur ce groupe en pleine mutation, aux rôles recomposés et aux esprits ayant évolué ; le chemin parcouru est déjà long et nos protagoniste ont déjà réussi grâce à toutes ces épreuves à franchir certaines étapes qui les ont conduit petit à petit à sortir de leur situation d’êtres encore immatures pour se découvrir. Et la menace de la nuit par le même mécanisme, devient de plus en plus palpable, et ce ne sont plus des bruits qui malménent nos amis, mais bien des êtres qui chahutent la tente, non pas pour y pénétrer (la tente reste toujours l’endroit familier protecteur et rassurant), mais pour pousser ses occupant à sortir. C’est effectivement ce qui se passe. Tout le monde sort, espérant enfin trouver au dehors une explication, quelque chose de palpable, quelque chose de rationnel auquel leur esprit pourra se confronter, contre lequel ils pourront se battre avec leurs connaissances. Ils veulent mettre un nom connu sur leur ‘adversaire’ pour pouvoir envisager une solution, ou imaginer une issue. Mais ils ne trouveront jamais ce qu’ils cherchent, et bien qu’en dehors de la tente ils ne trouvent d’explications à tout ceci. La peur a grandi, celle du spectateur aussi (ces scènes nocturnes, pleines de bruissements, de sons et de mouvements précipités nous ramènent à nos peurs ancestrales), elle n’est toujours pas identifiable, au fur et à mesure des nuits elle gagne en puissance, peut-être de façon inversement proportionnelle à la distance séparant les trois compagnons de sa source. Le lendemain matin, c’est la disparition de Michael qui inquiète le plus Heather et Josh. De nouveau recomposée, Heather n’a plus à jouer la comédie devant Michael, elle peut doucement laisser percer sa vraie nature devant Josh qui depuis longtemps n’est pas dupe et qui depuis longtemps a compris. Cette journée d’errance infructueuse se poursuit avec une nuit éclairée par les suppliques tonitruantes d’un torturé qui pourrait être Michael le disparu. Mais malgré les appels de Heather et de Josh, malgré leur course dans la nuit pour retrouver leur compagnon, ils n’arrivent toujours pas à trouver un semblant d’explication, un seul indice de rationnalité dans tout cela. Le lendemain, Heather retrouve au milieu des affaires éparpillés un morceau de chemise de Michael contenant des dents ensanglantées fraîchement extraites.

Elle choisit de ne pas le dire à Josh, regagnant une situation dominante, mais cette fois-ci elle a beaucoup de mal à assumer le choc, et elle s’enfonce de plus en plus dans le désespoir, elle laisse de plus en plus son orgueil de côté, elle avoue de plus en plus sa défaite... La nuit tombée elle décide d’affronter pour de bon sa peur et de ne pas se camoufler derrière l’enveloppe protectrice de la tente, et d’attendre passivement que les événements se passent ; elle décide ensuite avec Josh de scruter l’obscurité, de découvrir le mystère de ces lieux qui ne semble être visible que la nuit, lorsque tous les repères sont abolis, lorsque personne ne peut affirmer dans quel lieu il est, ni dans quelle forêt il est, dans quelle réalité il est... Mais avant d’entamer la dernière étape de leur voyage, la dernière chance de découvrir la source de tout, Heather décide de se confesser devant la camera : elle avoue son rôle dans l’affaire, elle met sa fierté de côte, pour avouer ses faiblesses, pour reconnaître qu’elle a consciemment envoyé deux personnes face à des dangers qu’elle seule connaissait, face à une situation qu’elle seule envisageait, face à un destin qu’elle seule avait construit ; elle avoue ses fautes conscientes et inconscientes...

Elle veut laisser une trace, une preuve de sa culpabilité qui dès lors devient sa seule certitude. Et grâce à cette culpabilité elle peut affronter tous les dangers qu’elle juge alors mérités amplement pour ces fautes. Quoi de plus acceptable pour un condamné jugé coupable que sa peine méritée ? N’a-t-on pas vu des criminels avouant leurs crimes, et suppliant les juges de les condamner à leur juste mesure ? Heather, par cet ultime trajet à travers la forêt, va au devant de son châtiment, elle réussit à surmonter sa peur, parce qu’elle a réussi à justifier le pourquoi de tout cela, et la perte de Michael fait partie de sa sentence... Ainsi guidés par des plaintes humaines, Josh et Heather découvrent une étrange demeure abandonnée. Ils savent que c’est la fin de leur voyage, ils savent qu’ils vont y trouver toutes les réponses... Ils savent que c’est dans cette maison que les crimes de la rumeur ont eu lieu, selon un rituel précis : le bourreau faisait mettre ses victimes face aux coins de la pièce pendant qu’il exécutait au milieu ses victimes, infligeant alors le summum de la peur : celle de savoir qu’un châtiment vous attend, celle de s’imaginer la sensation que procurera ce châtiment, celle de ne jamais savoir quand celui-ci aura lieu. C’est exactement cette même peur que ressentent alors Josh et Heather à mesure qu’ils s’approchent de la maison. Mais face à cette trop grande terreur ils préfèrent se jeter dans la gueule du loup plutôt que d’attendre que celui-ci vienne les cueillir. Qui pourrait dire comment il réagirait s’il se trouvait seul dans une maison fréquentée par un psychopathe muni de n’importe quel objet contondant, sachant que s’il reste dans sa cachette, tôt ou tard il sera découvert et subira un funeste sort ? Combien d’entre nous attendraient patiemment la mort, le moindre indice de notre découverte décuplant encore cette situation de stress ? Combien d’entre nous se jèteraient dans les bras du tueur pour que cette attente insoutenable cesse, et enfin combien d’entre nous auraient le courage d’affronter le tueur... ?

Dans tous les films il y a au moins une personne qui affronte le tueur et qui gagne, ne serait-ce que temporairement. Dans Le projet blair witch, personne n’ose affronter le tueur, car personne ne sait qui il est, personne ne reste caché car la peur est trop intense et semble encore plus insoutenable que le châtiment lui même. Ici nos héros -car l’héroïsme au sens premier du terme, c’est affronter un destin inéluctable sachant que malgré tout nos efforts on ne pourra le changer, mais qu’en luttant contre celui-ci on gagnera une dimension humaine véritablement héroïque- courent vers le supplice, ils ont fini par se persuader que c’est la seule chose qu’ils méritent. En cela, ils se révèlent une fois de plus tragiquement humains... Heather parce que c’est sa quête et que c’est sa croisade, et qu’elle a entraîné deux personnes à leur perte, Josh parce qu’à aucun moment il n’a réellement eu confiance dans le succès de la quête d’Heather, et qu’il a tout fait, allant jusqu’à saboter l’espoir restant pour regagner une position dominante, avec comme seul credo l’appologie de l’échec. Ainsi, après être monté à l’étage de la maison, symbolisant leur situation initiale (le sommet, la clarté), étage où ils ne trouvent rien, ils finissent par descendre, car c’est là d’où viennent les cris ; ils s’aventurent en bas (le souterrain, le noir, le châtiment), ils ne prennent aucune précaution, ne se munissent d’aucune arme, sachant au fond d’eux que leur adversaire a déjà gagné, acceptant le châtiment comme le but ultime de leur quête contre leurs peurs et contre eux-même...

Le dernier plan montre la camera de Heather au sol fixant la silhouette floue de Josh face à un coin de la pièce, pendant que meurent des cris de souffrance mettant fin à cette épopée, qui a su en 90 minutes nous faire ressentir une palette émotionnelle incroyable et fascinante, revenir aux sources de la terreur sans en surcharger le film, mais au contraire en la distillant avec parcimonie. On est là plus proche de la technique suggestive d’un Lovecraft qu’aux effets plus faciles d’un King ou d’un cinéma d’horreur de série B. La gageure sera de voir si ce renouvellement d’approche formelle stimule des créations tout aussi surprenantes et questionnantes, ou si elle aboutira à un enième conformisme répétitif...

L’avis de Francesco

L’idée de départ est alléchante : trois cinéastes (une réalisatrice, un cadreur et un preneur de son) partent dans la forêt de Blair faire un reportage sur la sorcière censée vivre ici-bas. Et les images qu’on voit sont tout ce qui reste d’eux.

En fait, le film est intégralement tourné par les acteurs, à la caméra vidéo et au super-8, dirigés de loin par deux réalisateurs qui s’occupent d’installer l’ambiance.

Ouais, tout ça c’est bien beau, mais ça ne fiche pas la trouille une minute tellement c’est gros. L’héroïne est proprement agaçante à commenter les scènes sans jamais s’arrêter. Quelques instants de silence (si peu) auraient amplement suffit à faire basculer l’histoire vers l’horreur pure.

Et puis bordel, qu’allaient-ils faire en balade au milieu de nulle part sans GPS, ni carte d’état-major, ni téléphone portable.

La réaction de von Bek

Comment peut-on être assez taré pour jeter une carte dans un ruisseau quand on est perdu dans la forêt ? Comment peut-on être assez bête pour continuer à filmer au lieu de prendre ses jambes à son cou afin d’éviter que quelqu’un d’autre ne les prenne (vos jambes !) au sien de cou ?

Je maintiens que la scène finale est proprement angoissante...

Messages

  • Si seulement ce film n’avait pas été une vulgaire resucée de Cannibal Holocaust, on aurait pu y croire. Transformer l’idée de ce dernier en passant d’un film trash-gore-ultraviolent à une version où tout est suggéré et charge au spectateur de cogiter était un pari audacieux. Malheureusement, le résultat est un échec cuisant.

    Je ne peux m’empêcher de trouver trop de parallèles (fâcheux pour celui qui est arrivé en deuxième position dans l’histoire) entre ces deux films :

    1. Scénario quasi-identique. Des enquêteurs/reporters partis en "mission" qui ne reviennent pas, leur reportage non retouché retrouvé après leur mort et la découverte de leur funeste destin en direct. Outre l’époque et le lieu on a fait un copier/coller.

    2. Mise à part la première partie de Cannibal Holocaust, où l’on montre la recherche des bandes d’origine (d’ailleurs on se demande bien comment les bandes de ces jeunes idiots ont été retrouvés... mystère et boule de gomme), la trame est exactement la même. Introduction, exploration, échecs critiques, blocages, problèmes dans le groupe (dus aux échecs critiques), ça dégénère (encore plus d’échecs critiques), tout le monde meurt (ratage du jet de sauvegarde).

    3. Si les "héros" de Cannibal Holocaust sont de vrais salauds stéréotypés (affichage grossier de la supériorité auto-procalmée du WASP sur les "sous-peuples" vivement critiquée et qui a valu je ne sais combien d’emmerdes à Ruggero Deodato), ceux de Blair Witch ne sont que des jeunes crétins dont on a du mal à se sentir proche. Entre la sale gamine qui fait ses caprices et qui ne sait pas la fermer et l’autre nul qui balance la carte à l’eau on ne sait plus où donner de la tête. Au moins, on pouvait détester les premiers et attendre avec un engouement morbide leur tragique (et fort désagréable) fin en se disant qu’ils ne l’ont pas volé. Autant on se demande quand ça va finir pour ces petits cons en espérant presque qu’ils ne souffriront pas trop.

    4. La fin, parlons-en. Quelle fin ? On ne sait ni qui, ni quoi ni comment. Le final qui aurait du être terrifiant ne l’est pas tant que ça et surtout ne dure pas. Certes le massacre agrémenté d’un viol collectif et de démembrements dans Cannibal Holocaust vous retourne proprement l’estomac (rares sont les films à avoir réussi cet exploit sur moi) et Blair Witch ne pouvait se permettre un équivalent sans risquer de sombrer dans le ridicule le plus profond. Mais, si l’on voulait rester dans la veine du fantastique et juste suggérer les choses, il aurait mieux valu ajouter des jeux de lumières et/ou des cris déchirants d’agonie (et/ou des pleurs, pour ces gamins ça aurait été de circonstance) que de tout simplement faire tomber la caméra et afficher le générique de fin. Finalement "on a attendu tout ce temps pour ça ?" est la phrase fatidique qui vient à l’esprit.

    Blair Witch est pour moi un échec, pas forcément critique mais on en a tué pour moins que ça. Partant d’un terrain très (trop) bien illustré par leur ancêtre ultra-violent, ces amateurs n’ont pas réussi à transformer le dégoût et l’horreur du premier en une angoisse aussi marquante pour les tripes. Certaines scènes (dont la dernière je l’avoue) donnent des frissons, mais pas plus. On a l’impression de vivre une aventure toute aussi pas crédible qu’aseptisée. Tourné à la mode d’un grandeur nature (je me souviens encore des cris-ô-génie de l’époque sur la fooooormidable innovation de ces méthodes de tournages...), ce qui aurait du ressembler à une descente aux enfers où tout n’est que suggérer parvient à peine à susciter de l’intérêt.

    Sauf erreur de ma part, ces bisounours du fantastique n’ont d’ailleurs pas réitéré leur tentative (au moins dans cette veine) et c’est tant mieux.

    P.S : Désolé, j’ai 10 ans de retard sur le film mais mieux vaut tard

  • C’est Josh qui disparait et pas Michael. C’est un peu dommage de vouloir résumer le film en faisant une telle confusion...

  • La réussite de ce film c’est de berner la grande majorité de ses spectateurs. Il n’y a à aucun moment du fantastique dans ce film, il est au contraire tout ce qu’il y a de plus rationnel. Et le(s) tueur(s) est/sont bien dissimulé(s) pendant toute la durée du film. Une fois compris, ce long-métrage prend une toute autre saveur, les personnages aussi.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?