RETOUR VERS LE FUTUR (2e partie)

Robert ZEMECKIS (1952-)

Etats-Unis, 1989, Back to the Future, Part II

Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Thomas F. Wilson

Après le succès de Retour vers le futur en 1985, Robert Zemeckis décida de transformer son film en premier volet d’une trilogie, dont il tourna les deuxième et troisième parties simultanément. Et si le premier métrage de ce tryptique est un clin d’œil aux années 50, et le troisième un hommage aux westerns, composantes essentielles de la mythologie américaine, le second est incontestablement le plus à même de satisfaire les amateurs de SF. En effet, là où Retour vers le futur ne mettait en scène qu’un seul voyage dans le temps, de 1985 vers 1955, cette suite en présente successivement trois, largement détaillés. A peine revenu du périple dans le passé de ses parents, Marty doit repartir avec le Doc, accompagné de sa copine, dans une symétrie assez cocasse, puisqu’ils vont cotoyer leur propre avenir de parents, afin d’éviter l’emprisonnement de leur fils pour 15 ans... Mais en cette année 2015, Biff, devenu vieux, découvre que Marty vient du passé. Se saisissant alors d’une idée de ce dernier, il s’empare d’un almanach des sports couvrant la période 1950-2000, et vole la De Lorean temporelle le temps d’aller se donner l’almanach à lui-même plus jeune, en 1955... Lorsque Doc et Marty repartent donc pour 1985, c’est dans un 1985 alternatif qu’ils débarquent, le cours du temps ayant été modifié par l’enrichissement inattendu de Biff. Leur troisième parcours les mènera donc une nouvelle fois en 1955, afin d’enrayer cette déviation temporelle, tout en évitant de croiser et de gêner les efforts du Marty et du Doc du premier épisode ! Les tribulations ne s’arrêteront pourtant pas là et un Retour vers le futur, 3e partie conçu en même temps que celui-ci vient clore la trilogie un an après.

On le voit, il y aurait de quoi se perdre, mais Zemeckis parvient toujours à éviter de noyer son spectateur grâce à un didactisme presque excessif, à grands coups d’explications véhémentes du Doc. L’action est trépidante, les rebondissements nombreux, l’humour toujours dominant, que ce soit par les répliques ou les effets visuels (avec même un clin d’œil aux Dents de la mer de Spielberg, producteur du film), faisant de ce Retour vers le futur 2e partie un divertissement tout à fait réussi. Mais en plus de constituer une bonne introduction aux délices et aux vertiges du voyage temporel, ce métrage véhicule un indéniable message, la dénonciation de la soif de réussite et de l’enrichissement individuel, qui avaient été les vedettes de la société des années 80. Comment ne pas voir, en effet, que c’est l’appât du gain de Marty, concrétisé dans l’achat du fameux almanach, qui déclenche la série d’événements perturbateurs ? Et quelle cynique ironie que cette version dystopique d’un 1985 gangréné par les inégalités, l’enrichissement d’un seul, à la fois grand patron et chef de gang, s’accommodant fort bien de la dégradation et de l’insécurité pour le plus grand nombre... Dans cette optique, on peut simplement regretter que la vision offerte de l’avenir soit seulement survolée, l’accent mis sur les aspects amusants (les skates et les voitures volantes, le papier auto-dépoussiérant, ou les télécrans avec présentation personnalisée de l’intervenant...) conduisant à négliger le substrat plus social et politique (la mention de la disparition des avocats, par exemple, n’est pas explicitée). Ce côté superficiel n’empêche pas cet acte central de la trilogie Retour vers le futur de s’imposer comme un classique de la SF temporelle au cinéma, avec La machine à explorer le temps, le cycle de La planète des singes, Terminator ou L’armée des douze singes...