Accueil > CINECSTASY > R > ROBOFORCE

ROBOFORCE

2001, par Palplathune

David CHUNG

Hong Kong, 1988, Tie jia wu di Ma Li A

Tsui Hark, John Sham, Sally Yeh, Tony Leung Chiu Wai, Lam Ching Ying, Ben Lam

A Hong Kong la SF n’a jamais vraiment eu les honneurs du public. Est ce la faute de la frilosité des producteurs ou un profond désintérêt du genre de la part des spectateurs ? Dur à dire, un mélange des deux très probablement. Mais il y a quand même un homme qui a toujours cherché avec obstination a importé ce genre dans l’ex colonie, tout en l’assaisonnant d’éléments typiquement chinois. Cet homme c’est bien sur l’incontournable Tsui Hark. Malgré chaque gamelle qu’il se prendra au box office, et certains ratages artistiques flagrants, il continuera régulièrement à se frotter au genre. Son obstination va d’ailleurs commencer à payer en 1996 avec le semi succès de Black Mask. Mais avant cela une de ces tentatives s’appelait Roboforce.

Un groupe de terroristes commet braquage de banques sur braquage de banques. Ils utilisent pour cela un puissant robot de guerre qui surpasse largement les forces de police en puissance de feu. Le leader du groupe veut aller encore plus loin et réaliser un robot parfait à l’image de son adjointe et amante : Maria. Dans le même temps, Louny un policier scientifique un peu farfelu pense avoir inventé une arme capable de détruire le dangereux robot mais il ne rencontre que mépris auprès de ses collègues. Il va noyer son chagrin dans un bar ou il fait la connaissance de Whisky. Les deux vont se lier d’amitié mais Whisky fait partie du groupe de terroristes qui pensent qu’il les a trahi. Les deux hommes vont devenir la cible des criminels et surtout de la version robotisée de Maria...

Précisons le tout de suite, Roboforce n’est pas le titre original du film mais bien le retitrage (très Z) français. A Hong Kong il s’appelle I Love Maria. Le nom de Maria étant une référence au Metropolis de Fritz Lang, parallèle renforcé par le design du robot "parfait" très proche de celui du film allemand. Alors, faut il s’attendre avec Roboforce à la version asiatique de Metropolis ? Non, mille fois non. Il s’agit d’un pure produit Workshop (société de production de Tsui Hark). Autrement dit un film bordélique, à la fois plein d’énergie et rempli d’incohérences. Il faut dire que le tournage n’a pas été simple. Les acteurs/producteurs John Sham et Tsui Hark ayant chacun en tête un film différent. Le premier souhaite une pure comédie alors que le second veut un pur film de SF sérieux et rempli d’action. Pris entre deux feu, l’honnête réalisateur David Chung (Royal Warriors, Magnificent Warrior) ne peut que ménager un compromis entre les deux hommes. On aboutit donc à ce qu’on pourrait appeler une comédie/SF/Film d’action ! Un mélange improbable qui réussit tout de même à donner un film fun.

Ainsi les scènes d’action sont plutôt bien enlevées, typique du style Ching Siu Tung (c’est à dire des chorégraphies aériennes et speedés). Les effets spéciaux ont bien évidemment un coté bricolé mais ils sont eux aussi efficaces et font partie de la moyenne supérieure des SFX Hong Kongais (enfin pour l’époque). Ils ont d’ailleurs reçu prix des effets spéciaux au 18e festival du film fantastique de Paris. Certains acteurs nous gratifient également de prestations intéressantes. C’est le cas de Sally Yeh dans le double rôle de Maria, de Ben Lam qui est un surprenant méchant (mais dont le rôle a du être malheureusement pas mal altéré au montage) ou encore de Lam Ching Ying, habitué des films de Kung Fu, dont la sobriété du jeu est un exemple pour beaucoup d’acteurs asiatiques (et même certains occidentaux à l’esprit trop Carrey). Enfin on trouve au détour de quelques scènes des relents d’ambition qui devaient habiter le scénario original. C’est le cas de la plupart des scènes entre la vraie Maria et le méchant Ben Lam ou encore celles qui voient la Maria robot retrouver des gestes de la vie courante. Comme quoi à un moment le film devait certainement traiter de la question de l’humanité du robot sur un ton sérieux (comme c’est le cas du premier Robocop ou de Ghost in the Shell).

Mais dans le résultat final c’est loin d’être le cas. On a surtout droit à des scènes comiques pas drôles, ou Tsui Hark (bien meilleur réalisateur que acteur) et l’insupportable John Sham rivalisent de surjeu. Inutile de s’amuser à relever toute les incohérences du scénar, elles sont légions. Les problèmes sont d’ailleurs apparents au premier coup d’oeil rien qu’en observant le montage. Malgré tout les efforts du doué David Wu, les coupes brutales au milieu des scènes se multiplient renforçant l’impression bordélique qui se dégage du film et aboutissant à une certaine frustration chez le spectateur. La faute n’incombe d’ailleurs pas entierement à la Workshop mais aussi à l’éditeur français du film qui en a coupé pas moins de 20 minutes ! Comment voulez vous vous y retrouver apres çà ?

Roboforce est donc a la fois un film totalement fun et bourré de défauts. Emblématiques de ce qui se faisait à HK dans les années 80, çà peut être un bon moyen de découvrir ce type de cinéma pour le profane. Mais rassurez vous, si ce film est un produit typiquement Hong Kongais, l’ex colonie a tout de même signé dans le fantastique/SF (plus dans le premier genre que dans le second d’ailleurs) quelques oeuvres bien plus satisfaisantes qui méritent une vision plus urgente que celle de ce Roboforce.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?