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LES 4 FANTASTIQUES
Un fantastique four !
dimanche 14 août 2005, par
Tim STORY (1970-)
Etats-Unis, 2005, Fantastic Four
Ioan Gruffudd, Jessica Alba, Chris Evans, Michael Chiklis, Julian McMahon
L’adaptation de comics de super-héros au cinéma n’est plus un épiphénomène et peut même constituer un sous-genre à part entière. C’est d’autant plus vrai que, comme pour tous les genres, il y a du bon (Superman, Batman ou Spider-Man, X-Men), du moins bon (Hulk) et du mauvais (Daredevil), voire même du très mauvais (Catwoman). Sachant que les Quatres Fantastiques, créés par Stan Lee et Jack Kirby en 1961, figurent parmi les plus populaires des super-héros de la Marvel, l’adaptation de leurs aventures était très attendue.
Savant de génie en galère, Reed Richards et son ami pilote d’essai Benjamin Grimm viennent rechercher le financement du magnat Viktor von Fatalis, son ancien rival de l’université. Il veut étudier une tempête solaire qui doit passer prochainement près de la Terre. Il découvre alors avec stupéfaction que son ex-petite amie, Jane Storm, et son casse-cou de frère, Johnny, travaillent pour Fatalis. Tous ces personnages sont donc installés aux premières loges dans la station spatiale de Fatalis pour assister au phénomène et se faire irradier suite à une erreur de prévision météo spatiale, l’oracle Hoénème étant encore moins fiable dans l’espace que sur la Terre. Revenus sur Terre en apparence sans dommages, ils ne tardent pas cependant à constater des modifications dans leurs métabolismes. Mais ces super-pouvoirs qui leur échoient ne sont pas du goût du tous : si Johnny Storm accepte bien le sien et met le feu plus aux filles qu’aux poudres, Ben Grimm, transformé en un hercule rocailleux et difforme, perd sa femme et enrage après Reed qui tarde à trouver une solution. Fatalis, quant à lui, va utiliser ce mécontentement pour briser le quatuor naissant et se venger de la mutation qui l’a aussi affecté et de son éviction du coeur de Jane.
Aujourd’hui, ce genre de film ne s’évalue plus à la qualité des effets spéciaux, même les productions de seconde zone ayant une qualité minimale (Spawn). Sur ce plan, Les quatres fantastiques est dans la moyenne : de qualité inférieure aux Spider-Men de Sam Raimi, il dépasse largement le Catwoman de Pitof. L’attente est ailleurs (la vérité aussi dans une certaine série de mauvais alois), dans la fidélité au comic, dans le scénario, dans les acteurs, trois domaines où Les quatres fantastiques constitue un fantastique four.
Coté fidélité au comic, les grandes lignes sont là bien sûr comme l’amie aveugle de Ben, Alicia, le Baxter Building, la rivalité entre Richards et Fatalis. Les personnalités des Fantastiques collent aux psychologies des créations de Lee et Kirby : Johnny Storm est un jeune con et Ben pleure son aspect physique. Mais de nombreux détails ne collent pas. Passons sur le problème de la V.F. qui fait de la Sue Storm américaine une Jane Storm en français et de Doom, un Fatalis. Ce problème est cependant gênant parce que le logo Doom des entreprises Fatalis plastronne sur de nombreuses images . L’infidélité réside dans la présence de Fatalis dans la station spatiale, remarquons au passage que enfermé dans la section protégée, il est auss irradié que Ben Grimm à l’extérieur. L’irradiation résulte alors, non plus d’un sabotage mais d’une erreur grossière de timing, du genre de celui des Dupondt confondant 1.34 et 13.34. Du coup Fatalis est doté de super-pouvoir.
Cette infidélité flagrante souligne aussi un scénario léger et peu logique. En définitive, le film se résume à une tentative de Fatalis de se venger et toutes les fanfaronnades de la Torche humaine ne sont que du divertissement. Pire la douleur de Ben Grimm est partiellement utilisée afin de nourrir cette faible trame. Comble du ridicule et de l’altruisme politiquement correct, Ben Grimm guéri retourne dans la machine pour redevenir la Chose et sauver ses amis.
Enfin, si Michael Chiklis rentre bien dans la peau de son personnage de Ben Grimm et Chris Evans assure dans son rôle de tête brûlée, Jessica Alba est un peu inconsistante, quoique glamour dans son costume moulant. Mais surtout Ioan Gruffud est falot et Julian MacMahon, qui doit avoir oublié qu’il ne joue pas son rôle de démon de Charmed ou de chirurgien esthétique cynique de Nip/Tuck, cabotine comme Jeremy Irons. Un point de vue positif pourrait alléguer qu’il ne joue pas à la Payne. Bref, un beau gâchis.