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SOLARIS
vendredi 28 février 2003, par
Andreï TARKOVSKI (1932-1986)
U.R.S.S., 1972, Солярис
Donatas Banionis, Natalya Bondarchuk, Jüri Järvet, Anatoli Solonitsyn, Vadislav Dvorzhetsky
Considéré comme un classique du cinéma de science-fiction (il a d’ailleurs inspiré le groupe de rock progressif hongrois du même nom), Solaris est basé sur l’adaptation du roman de Stanislas Lem, auteur polonais, publié en 1961. Le héros en est Chris Kelvin, un psychologue chargé d’aller enquêter sur la station spatiale scientifique qui orbite autour de la planète Solaris. Cette dernière, entièrement occupée par un immense océan vivant, reste en effet incompréhensible pour l’homme. En outre, de curieuses visions se produisent dans la station, conduisant même au suicide un de ses occupants, un ami de Kelvin, justement. Celui-ci fait face aux mêmes énigmes, avec les attitudes très différentes de la part des deux autres scientifiques (Snaoute, plutôt dérangé, et Sartorius, l’archétype du rationnel raisonnable), et surtout la réapparition de sa femme, morte voici déjà quelques années.
A travers cette épreuve individuelle, c’est à une métaphore de l’obscurité insondable de l’inconscient et de l’incommunicabilité, aussi bien entre être humains et formes de vie radicalement différentes, qu’entre hommes et femmes, que nous convie ce long métrage. D’où cette opposition entre l’idée d’une irradiation pure de l’océan vivant, au risque de détruire son esprit, et celle de lui envoyer le contenu d’un esprit humain pour lui fournir un pont entre les deux consciences... Mais c’est d’abord une œuvre extrêmement personnelle, sous-tendue par la vision du fameux réalisateur soviétique, une réflexion sur les rapports entre science et morale, avec une conviction de chrétien en arrière plan (l’océan serait-il une image de Dieu, comme peut le faire penser l’ultime scène ?). Film long (près de trois heures), au rythme extrêmement lent, il n’est pas vraiment destiné à un large public.
Abscons, voire obscur, essentiellement centré sur le huis-clos pesant de la station (après une première partie se déroulant sur Terre), Solaris est un film qui veut se placer dans la lignée de 2001, l’odyssée de l’espace, mais se révèle moins réussi et difficilement captivant. Contrairement au cas de ce prestigieux prédécesseur, la musique d’Eduard Artemiev est d’ailleurs extrêmement effacée, et pour parvenir à décrypter toutes les références placées par Tarkovski -car on ne peut nier que son film soit construit avec précision-, nul doute qu’une riche culture et que plusieurs visionnages soient nécessaires ; un seul exemple en témoigne : pourquoi insister autant sur un tableau de Bruegel, présent dans la station ? A réserver aux personnes très motivées, donc.