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LE SONGE D’UNE NUIT D’ETE
mardi 3 avril 2001, par
Michael HOFFMAN (1956-)
Italie & Grande-Bretagne,1999, Midsummer Night’s Dream
Kevin Kline, Michelle Pfeiffer, Rupert Everett, Stanley Tucci, Calista Flockhart, Anna Friel, Christian Bale, Dominic West, David Strathairn & Sophie Marceau.
Le songe d’une nuit d’été réalisé par Michael Hoffman réunit plusieurs intrigues sentimentales se déroulant de la veille du mariage de Thésée, duc d’Athènes (David Strathairn) et d’Hippolyte, reine des Amazones (Sophie Marceau), aux festivités suivant celui-ci et à la nuit de noces, dans le nord de l’Italie de la fin du XIXe siècle (Shakespeare n’a jamais été soucieux de respecter la géographie et Hoffman ne respecte pas l’histoire !).
Qu’il s’agisse d’Héléna (Calista Flockhart) éprise d’un Démétrius (Christian Bale) qui la repousse superbement n’ayant d’yeux que pour Hermia (Anna Friel) aimant Lysandre (Dominic West) d’un amour interdit, ou d’Oberon (Rupert Everett), roi des Elfes, en froid avec sa douce Titania (Michelle Pfeiffer), reine des fées, tous ces amoureux se retrouvent la nuit venue dans le bois où s’éveillent lutins, faunes et fées de la cour des deux souverains légendaires. Afin de reconquérir sa reine, Oberon use d’un filtre d’amour aidé de son fidèle Puck (Stanley Tucci), faune facétieux, dont les erreurs compliquent une situation amoureuse déjà bien complexe (les scénaristes de Melrose Place, Beverly Hills et autres opéra de savon sont des amateurs à côté du grand Shakespeare !). La présence d’une troupe de théâtre amateur répétant le spectacle pour les fêtes nuptiales achèvent d’égayer le bois, notamment avec la personne de Nick Bottom (Kevin Kline), tisserand et histrion prolixe à ses heures, instrument involontaire de la reconquête de Titania. Que tous se rassurent, au matin les couples enlacés révèlent une situation éclaircie que vient saluer un triple mariage suivi d’une représentation aussi ratée que triomphale, aussi comique qu’émouvante, par les acteurs en herbe.
Le songe est certainement la plus féerique des pièces de Shakespeare qui n’hésite pas à mêler magie et féerie à ses œuvres, qu’elles soient tragiques (MacBeth et ses sorcières, Hamlet et le fantôme de son père) ou comiques (La Tempête). L’auteur se surpasse ici dans le merveilleux et la fantaisie, conférant une atmosphère légère et débridée à la cour du roi Oberon, personnage légendaire médiéval apparaissant dans de vielles chansons de gestes comme Huon de Bordeaux. En utilisant ces personnages fantastiques, Shakespeare les a réintroduit dans la culture de son époque et nombre d’artistes ensuite les remirent à l’honneur, surtout dans le romantisme allemand, soit dans la poésie avec Martin Christoph Wieland (1733-1813) et son Oberon, soit dans la musique puisque Oberon est le héros éponyme d’un opéra de Carl Maria von Weber (1786-1826) et que Felix Mendelssohn, inspiré par Shakespeare et von Weber, compose un Songe d’une nuit d’été utilisé d’ailleurs dans le film.
D’ailleurs, non seulement le film est interprété par une pléiade de bons acteurs, mais la musique classique sert avec grâce les vers de l’auteur et la féerie de la mise en scène, déjà valorisée par le soin des décors. Outre Mendelssohn, se font entendre des extraits de La Traviata de Verdi, autre compositeur très influencé par le grand Will (Hamlet, Othello, MacBeth...).
Musique de Mendelssohn, distribution prestigieuse, autant de points communs avec la coûteuse version réalisée en 1935 ! Souhaitons à celle de 1999 plus de succès que cette dernière.