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SPIDER-MAN
jeudi 20 juin 2002, par
Sam RAIMI (1959-)
États-Unis, 2002
Tobey Maguire, Kirsten Dunst, Willem Dafoe
Sorti tout droit de l’imagination de Stan Lee en 1962 qui souhaitait renouveler le genre du comics en mettant en scène un super-héros à la personnalité plus torturée que Superman ou Captain America, Spider-Man, Spidey pour les intimes, aura dû attendre longtemps avant de connaître une adaptation cinématographique digne de ce nom (passons sur les quelques tentatives d’animations graphiques plus ou moins appréciées du grand public). Faut-il imputer ce " retard " à la firme Marvel qui détient les droits sur le Tisseur favori de ces dames, ainsi que de nombreux autres déguisés en costumes lycra qui grattent, ou aux déconvenues d’un projet initialement lancé par James Cameron ? Toujours est-il qu’en soutenant les réalisations de X-Men par Brian Singer en 2000 et de Spider-man par Sam Raimi, la Marvel a pleinement justifié son attentisme prudent face à sa concurrente la DC Comics qui compte quand même quelques réussites déjà anciennes à son actif (Superman, Batman...).
Peter Parker (Tobey Maguire) n’a pas grand chose pour attirer l’attention des femmes, et surtout pas à la sculpturale Mary Jane Watson (Kirsten Dunst), sa voisine et codisciple de lycée : intellectuel gringalet à lunettes, il ne soutient pas la comparaison avec l’armoire à glace Flash, petit ami en titre de la dulcinée. En plus de cela, comme-ci Stan Lee avait lu Les Misérables avant de créer Parker, le jeune homme n’a plus ses parents et vit chez ses vieux oncle Ben et Tante May. Aussi lorsque piqué par une araignée mutante, il acquiert les capacités et la force proportionnelle de celle-ci, croit-il tenir un moyen de sortir de la spirale de l’échec sentimental. Las, un match de catch remporté mais peu rentable, un voleur qu’il laisse fuir et qui tue son oncle et la vie de Peter bascule : le catcheur mort-né devient le justicier masqué Spiderman. Installé à Manhattan avec son copain et colocataire Harry Osborn, il revêt son costume pour se balancer entre les gratte-ciel de New York grâce à son fil arachnéen, entravant l’action des criminels à commencer par celle du Bouffon Vert, personnage schizophrène avide de vengeance, sous le masque duquel se dissimule le père de Harry. Le duel peut commencer...
Mettre en scène un personnage aussi populaire et fantasmagorique que l’Araignée relevait du challenge. Pari que Sam Raimi, jeune prodige, a su remporter par un travail soigné depuis le choix des acteurs jusqu’à la musique de Danny Elfman. En fait, Spider-Man est une somme de talents.
Talent du réalisateur qui a su respecter l’œuvre originale jusque dans des détails connus des seuls fans. Certes, les plus mordus par l’Araignée ont pu déplorer l’absence des lance-toiles au profit de fils sécrétés naturellement par Parker. Si c’est une hérésie par rapport au comics, reconnaissons qu’elle s’inscrit dans la logique du personnage : Peter Parker n’est-il pas devenu une araignée humaine ? A côte de cela, les personnages sont fidèles à la psychologie Marvel : à savoir tourmentés à souhait.
Cette complexité, les acteurs ont aussi su la rendre avec talent. Outre Tobey Maguire, dont le physique lui permet d’endosser sans problème celui de Parker et qui s’était déjà signalé dans Pleasantville pour un rôle d’adolescent mûrissant, il faut signaler la prestation de Kirsten Dunst (Entretien avec un vampire, Jumanji) mais surtout Willem Dafoe très bon dans le rôle du méchant avec une araignée au plafond. Parmi les seconds rôles, celui de l’archnophobe J.J. Jameson, rédacteur en chef du Daily Buggle est particulièrement réussi face au personnage de papier. Seul Tante May apparaît comme un peu trop bien portante et solide mais il est vrai que l’originale tient du squelette névrosé. Ajoutons à cela des effets spéciaux très réalistes, si tant est qu’un type en collant se balançant entre les buildings puisse être réaliste - dus à John Dykstra, oscarisé pour La guerre des étoiles, une musique rythmée due à Danny Elfman, décidemment très à l’aise avec les super-héros à la personnalité torturée (cf. Batman) . Bref, Spider-Man conjugue tous les talents. Espérons que cela perdure dans le deuxième opus puisqu’une série de 3 était prévue initialement.