Accueil > CINECSTASY > S > STAR TREK II : LA COLERE DE KHAN
STAR TREK II : LA COLERE DE KHAN
2000, par
Nicholas MEYER (1945-)
Etats-Unis, 1982, Star Trek : the Wrath of Khan
William Shatner, Leonard Nimoy, De Forest Kelley, Ricardo Montalban.
Malgré sa piètre qualité, le calcul de la Paramount s’avéra payant puisque Star Trek fit une recette de 175 millions de dollars. Evidemment, l’idée d’une suite ne tarde pas à germer, mais conscient de la déception qu’avait été le premier épisode et de crainte d’un retour de bâton, le studio n’octroie qu’un budget réduit : 12 millions de dollars (le premier en avait coûté 45). De plus, il place la franchise sous la tutelle de Harve Benett, responsable de sa branche de production télévisuelle. Avec de tels choix, on pouvait s’attendre à un nouveau ratage et pourtant, le deuxième Star Trek va s’avérer beaucoup plus satisfaisant que le précédent opus. Cela grâce à la combinaison d’un metteur en scène inspiré (Nic " ta " Meyer est aussi le réalisateur de C’était demain et un scénariste talentueux) et d’un scénario à la fois rattaché à la série et partant dans de nouvelles directions originales.
Kirk, toujours amiral, s’occupe maintenant de l’instruction des cadets. Sentant son âge s’accroître et conseillé par ses amis, il décide de reprendre le commandement de l’Enterprise pour un vol d’entraînement avec les cadets. Mais il reçoit un signal d’alerte provenant d’une station de recherche où se trouve par ailleurs son ex-femme, scientifique de son état, et il va retrouver face à lui un vieil ennemi du genre revanchard...
L’un des facteurs de réussite de cet opus, c’est sa modestie : pas de scénario à la 2001, pas de réunion de talents institutionnalisés (Robert Wise et Douglas Trumbull sur le premier). Non, juste la volonté de montrer un bon spectacle de SF ni bête ni pompeux. Et cette réussite, elle repose sur Meyer. En tant que co-scénariste il réussit à lier ce nouvel opus à la série en reprenant un des méchants les plus intéressants : Khan, un ancien dictateur terrien génétiquement amélioré. Un personnage charismatique rendu d’autant plus attachant par le cabotinage de Ricardo Montalban, exercice toujours dangereux qui ici, se révèle judicieusement approprié. Parallèlement, Meyer apporte de nouveaux éléments s’adaptant à l’univers Star Trek, tel le projet Genesis, une expérience permettant de " redonner " vie aux planètes mortes, projet utopiste mais pouvant se révéler meurtrier entre de mauvaises mains (à rapprocher avec le nucléaire et les déviations de la recherche scientifique en général, très certainement, connaissant le goût de Meyer pour ce type de parallèle avec les situations contemporaines). Et surtout, Meyer n’hésite pas à faire évoluer les personnages : pour la première fois, leur âge avancé est pris en compte, la personnalité de Kirk est plus développée grâce aux retrouvailles avec son ex et son fils, et le sacrifice final de Spock s’avère poignant et très révélateur du caractère de celui-ci. Les interactions entre les personnages sonnent donc plus justes, à la fois grâce aux dialogues mieux ciselés et aux acteurs qui semblent avoir retrouvé leurs marques.
En tant que réalisateur, Meyer fait preuve de goût. Esthétiquement, il rompt avec les éclairages blafards et les couleurs froides très 2001 du premier film, et préfère en revenir à l’origine, la série, gommant les défauts inhérents à une série TV. Résultat, les éclairages et les couleurs sont beaucoup plus chaudes (prédominance du rouge), les décors font moins carton pâte et les équipages ont enfin de véritables uniformes. Bref, l’esthétique flatte beaucoup plus l’œil dans ce Star Trek que dans ses déclinaisons précédentes. La réalisation, sans être grandiose, s’avère satisfaisante pour mettre les moments appropriés en valeur : du boulot compétent même si ce n’est pas ce que Meyer a fait de mieux. A noter aussi la première grande partition de James Horner, qui sortant de sa période " série B ", accentue les bons moments avec finesse. Evidemment tout n’est pas parfait dans le film : les costumes de Khan et de sa troupe (entre ceux de Mad Max et de La guerre du feu) sont d’un goût plus que douteux, les extra-terrestres qui contrôlent le cerveau font un peu opportuniste (voir Alien) et pas vraiment conforme à l’idéologie Star Trek ; mais bon, ces quelques fausses notes sont bien mineures.
Star Trek II est donc le premier véritable bon Star Trek au cinéma, et va longtemps rester le meilleur jusqu’au retour de Meyer derrière la caméra, mais nous n’en sommes pas encore là. Reste que fan de Star Trek ou non, c’est un film conseillé à l’amateur de SF et de space-opéra plus particulièrement à la recherche d’un spectacle distrayant et efficace.