Accueil > CINECSTASY > S > THE STORY OF RICKY
THE STORY OF RICKY
mercredi 10 octobre 2001, par
Nam Nai Choi (pseudonyme de Lam Ngai Kai) (1953-)
Hong Kong & Japon, 1991, Lik wong
Fan Siu Wong, Fan Mui Sang, Yukari Oshima, Phillip Kwok, Gloria Yip, Lam Suet.
Co-production Hong Kongo japonaise, Story Of Ricky est l’adaptation d’un manga créé par l’auteur de Hokuto No Ken (Ken le survivant en VF). Une opération pour le moins risqué au vu du style si particulier du mangaka. Mais on frise carrément le délire quand on voit quel réalisateur a été choisi pour le job, l’allumé Nam Nam Choi. Et comme on pouvait s’en douter le résultat laisse perplexe.
Dans le futur, les prisons ont été privatisées et se retrouvent elles aussi à devoir faire du profit. C’est dans ce contexte qu’arrive Ricky, un jeune homme emprisonné pour le meurtre d’un dealer (qui bien évidemment avait lui même tué sa petite amie). Ricky c’est un mec plutôt sympa mais il faut pas le chercher. Parce que quand il se fout en rogne il a un peu tendance à s’improviser boucher, et à main nues s’il vous plait. Evidemment cela ne tarde pas à arriver dans sa nouvelle demeure étant donné que le directeur et son adjoint sont un peu sadiques sur les bords. Alors Ricky il va s’improviser Che Guevara et à l’aide de ses gros poings musclés va corriger tous les méchants et diriger la révolte du pénitencier : choisis ton camps camarade !
Les films de prison sont un genre on ne peut plus codifier, remplie de situations " typiques " (les douches, le mitard) et d’archétypes censés refléter la réalité (le directeur sadique, le caïd des détenus, le pauvre bougre souffre douleur...). Autrement dit rien ne ressemble plus à un autre film de prison qu’un autre film de prison. Conscient de cela les réalisateurs qui ont abordés ce type de films n’ont eu de cesse d’apporter des éléments originaux ou de prendre le genre sous un nouvel angle. Dans notre registre à nous on peut retenir le sympathique Fortress (prison futuriste souterraine) un des rares films convenable de notre ami Lambert ou Absolom 2022 (prison sur une île ou les détenus sont livrés à eux mêmes). Et arrive donc ce Story of Ricky, un film généralement bien considérée par les fans de cinéma de HK. Quelle est son innovation à lui ? Pas la peine de la chercher du coté du scénario, on retrouve tous les éléments relevé plus haut du film de prison. Non en un mot, ou plutôt deux : le sang, les litres de sang. Voici ce qui fait la différence avec les autres films du genre, ainsi qu’une espèce de surenchère générale et permanente.
Il m’est impossible de dire si le film respecte ou non le manga original étant donné que je ne l’ai jamais vu (le fait qu’il n’ait jamais été traduit en France y est pour beaucoup) mais au vu du style bourrin du mangaka et du résultat sur écran on peut penser que oui. Mais la vraie question c’est est ce qu’il était vraiment pertinent d’adapter une telle œuvre au cinéma ? Tout sonne creux dans le film. Le scénario qui outre tous les clichés du genre nous en rajoutent encore avec des séquences flash backs soit tout droit tiré d’un mauvais film de kung fu des années 70 (séquences d’entraînement de Ricky avec son oncle) soit d’un feuilleton type les feux de l’amour (scènes de bonheur de Ricky et sa copine d’une mièvrerie assez hallucinante). Pour un seul film ça fait beaucoup. La prison elle même, ensuite, aux murs d’un blanc immaculé et qui ne réussit jamais à faire oublier ce qu’elle est réellement : un studio de cinéma. Et bien plus grave les personnages. Physiquement plutôt bien choisie par rapport aux modèles de papier ils n’en demeurent pas moins d’une platitude et d’un inintérêt aux limites de l’ennui. Le terme de personnage est presque trop fort pour ces caricatures ambulantes.
L’intérêt de ce Story of Ricky tient donc uniquement à ces débordements violents. Et il faut reconnaître qu’à ce niveau ce dingue de Nam Nai Choi s’est lâché. Quasiment chaque séquence est ponctué d’un dérapage gore : Ricky qui transperce un homme avec son poing( ça étonne au début mais au bout de la 10e fois on est un peu blasé), un détenu qui se prend un hachoir en plein milieu du crane, un malheureux muet qui se fait dépecer... Ces scènes ne sont jamais suggérées mais clairement montrées dans toute leur envergure (bonjour les éclaboussures pour l’équipe de tournage). Le pire c’est que Choi se sent obligé d’en rajouter constamment ce qui nous vaut des moments totalement " out of this world ". Ainsi au cours d’un mémorable combat entre Ricky et l’un des caïds de la prison, notre héros dont le bras a été sacrément entaillé nous la joue Rambo et se répare le bras en faisant un nœud avec ses tendons ! Plus fort encore, toujours dans le même affrontement, le méchant se fait hara kiri mais c’est pour mieux sortir ses intestins et étrangler Ricky avec ! Et je ne vous parle pas du final qui réussit encore à repousser les limites du grotesque. C’est vraiment n’importe quoi.
Seuls les amateurs de bon gros gore ou les fans de second degré pourront supporter la vision de ce Story Of Ricky. Quelque soit votre cas, évitez tout de même de le regarder en mangeant.