Accueil > CINECSTASY > S > STORMRIDERS

STORMRIDERS

mars 2001, par Palplathune

Andrew LAU

Hong Kong, 1998, Feng yun xiong ba tian xia

Acteurs : Aaron Kwok, Ekin Cheng, Sonny Chiba, Kristy Yang, Shu Qui, Anthony Wong.

Depuis le début des années 90 le cinéma de Hong Kong perd régulièrement des parts de marché au détriment des films US. Le système Hong Kongais semble incapable de prendre son second souffle. Pour ne rien arranger nombre de ses forces vives (John Woo, Jet Lee, Chow Yun Fat...) sont absorbés par l’Ogre Hollywoodien. La situation est telle que Hong Kong en est quasiment réduit à faire un coup de poker : investir un budget énorme dans un film de la dernière chance. Ce budget c’est 60 millions de $HK, un chiffre rarement atteint au box office local. Autrement dit Stormriders était condamné à être un gros succès ou devenir Les portes du Paradis chinois. Heureusement grâce entre autre à un habile marketing, le film est un carton et le cinéma de Hong Kong commence à se réveiller. Mais sorti de ses histoires de gros sous, quelle est la véritable valeur artistique de ce Stormriders ?

Dans une Chine magique, Xion Ba le leader d’un puissant clan souhaite étendre son Empire. Un mystérieux prophète du nom de Mud Bouddha lui annonce alors qu’il sera l’homme le plus puissant durant la moitié de sa vie s’il adopte deux enfants, Wind et Cloud. Xion Ba met tout en oeuvre pour y parvenir n’hésitant pas à tuer les parents légitimes au passage. Il atteint son but et fait d’eux ses élèves/héritiers. La prophétie s’accomplit donc et le clan de Xion Ba règne. Mais un problème demeure pour ce dernier, Mud Bouddha n’ayant pas révélé la prophétie pour la deuxième moitié de sa vie. Il charge donc Wind de le retrouver, Cloud ayant lui des missions plus troubles. Après quelques péripéties, Mud Bouddha dévoile à Xion Ba la dernière partie de la prophétie : Apres l’avoir fait, Wind et Cloud le détruiront. Evidemment Xion Ba va tout faire pour changer son destin.

Dopé aux dollars, le film enchaîne les séquences d’effets spéciaux d’une qualité réellement impressionnante. Une véritable nouveauté pour le cinéma de Hong Kong plus habitué à mettre en avant les exploits physiques de ses acteurs plutôt que faire étalage de sa technologie de pointe. Un enthousiasme débordant qui nous vaut quelques séquences un peu gratuites mais bon, c’est normal quand on a disposition des nouveaux jouets aussi efficaces. Car bien qu’omniprésents ces effets ne justifient pas à eux seuls l’existence du film (lui évitant le titre infamant de film à SFX que mérite un Jurassic Park).

Le scénario existe, tiré d’une célèbre BD locale. Mais les influences qu’il recycle sont encore autres. Évidemment on retrouve nombres d’éléments du Wu Xia Pian cantonnais (le chevalier manchot, les exploits fantastiques des combattants...) mais il faut aussi compter avec les apports Occidentaux (le début de l’intrigue fait très Moïse, le personnage de Mud Bouddha a des petits airs de Merlin ou bien encore le côté shakespearien du père affrontant ses enfants) et ceux, plus étonnant, des jeux vidéos (surtout RPG et jeux de combats). Ambitieux et complexe, le scénario bien que multipliant les personnages et les intrigues secondaires parvient à rester cohérent et homogène. Tout au plus peut on regretter le passage avec le Sword Saint dont on ne comprend rien à ce qu’il est et aux techniques qu’il utilise. Mais de façon général on sent une volonté de raconter une histoire solide et pas juste enchaîner les scènes d’action ou de SFX. Ce qui nous vaut même quelques jolis moments de tendresse quand Xion Ba parle avec sa fille avant le mariage de celle ci ou dans le désarroi du père de Wind face à la trahison qu’il a subie.

Peut être plus que le scénario, ce sont les acteurs qui réussissent à faire vivre les personnages. Mélangeant ancienne et nouvelle génération, on doit d’abord saluer l’excellente prestation (comme toujours) du grand Sonny Chiba, évitant à lui seul que son personnage ne sombre dans la caricature. Les deux nouvelles stars Aaron Kwok et Ekin Cheng s’avèrent eux aussi satisfaisant. Remarquons au passage la présence du balaise artiste martial/acteur/mannequin Yu Rong Guang dans le court rôle du père de Cloud. Par contre plus discutable sont les personnages de Shu Qui(nouvelle starlette à la mode, certes bien jolie), très typée ado, et celui d’Anthony "le roi du cachetonage" Wong déjà mentionné Sword Saint.

Bien que plus travaillé que d’habitude au niveau du scénario, Stormriders reste un film de Hong Kong typique c’est à dire commercial (dans le bon sens du terme) et très branché action. Mais ici les chorégraphies sont un peu moins mises en avant, le réalisateur préférant privilégier ses coûteux effets spéciaux et injecter quelques effets de style de son cru (ou piqué à d’autres). Le résultat n’est pas désagréable mais plutôt inattendu pour un Hong Kong Movie. Enfin, le spectacle demeure au rendez vous, c’est le plus important. Les combats sont d’ailleurs emblématiques de la réalisation de Lau en général. Celui ci ne cesse de chercher l’effet de style dans la moindre scène. Et si ça passe dans l’ensemble assez bien pour Stormriders, cette habitude va vite révéler ses faiblesses dans A Man Called Hero. Disons que tant que cela illustre une histoire qui se tient, ce type de réalisation marche malgré son coté superficiel.

Un dernier mot doit être dit sur l’esthétique général du film. Très soigné au niveau des costumes (signés Emi Wada, déjà responsable de ceux de Jiang Hu et Kagemusha) et des décors, c’est là qu’on sent l’influence des jeux vidéos encore plus que dans le scénario. Cloud avec ses cheveux bleus, Bat avec son look extravagant. C’est encore plus visible dans les techniques de combat utilisée. Les boules d’énergie de Xion Ba, les poings glaçants de Frost et autres combos de pied de Wind semblent tout droit sortie des jeux de combats. Mais il s’agit là d’influences digérées qui s’intègrent bien dans l’univers décrit.

Stormriders pourrait ainsi être considéré comme la première adaptation de jeux vidéo sans jeu vidéo ! Stormriders est donc un bon spectacle. Peut être plus accessible aux non initiés du cinéma asiatique que les autre HK Movies. Par contre les puristes risquent une relative déception.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?