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VAMPIRES
1999, par
John CARPENTER (1948-)
Etats-Unis, 1998, John Carpenter’s Vampires
James WOOD, Daniel BALDWIN, Sheryl LEE, Thomas IAN GRIFFITH et Maximilian SCHELL.
Quant aux vampires, le monde du cinéma se divise en deux catégories, ceux qui font des films de vampire classiques avec Dracula et tout et tout, et ceux qui font un film de vampire en cherchant une relecture du mythe. Ainsi après plusieurs décennies de domination de Bela LUGOSI et autres Christopher LEE, de nombreux réalisateurs se sont essayés à la seconde méthode. Ainsi de comédies vampiresques (Vampire, vous avez dit Vampire 1 et 2, Les Charlots contre Dracula), en passant par les vampires éthniques (Blackula, Bernard Menez en fils de Dracula, Un Vampire à Brooklyn) et autres vampires justiciers (Blade, Vampire Hunter D), et on ne peut compter toutes les autres formes de déclinaisons (sans oublier les déclinaisons TV avec Buffy tueuse de vampires). Carpenter en faisant son Vampires a choisi de mélanger le Western (son grand rêve inavoué) et le mythe du Blood Sucker.
Ainsi, dans le sud ouest de États-Unis, une bande de mercenaires, sous les ordres de l’Eglise, a pour mission d’éradiquer les nids de vampires. Le Vatican cherche ainsi à réparer l’erreur qu’il a commis en créant cette lignée de monstres au XIIIème siècle en France. Ainsi le film commence par une démonstration musclée et efficace de dévampirisation d’une bicoque, par Jack Crown (James Wood) et son équipe spécialisée. Cette séquence magistralement tournée, met tout de suite dans l’ambiance ; ici les vampires ne sont pas des créatures romantiques, parlant avec un charmant accent étranger, ce sont des créatures féroces, putrides et qui n’ont comme langage qu’une petite gamme de hurlements, ils ne craignent pas les crucifix et la seule punition qui leur soit préjudiciable est un pieu dans le cœur (splatch, splatch) et un petit bain de soleil (Brûle, Brûle). De mêmes les exterminateurs ne sont pas des spécialistes de l’occulte plus à l’aise avec des bouquins qu’avec des livres ; ici ce sont de vrais professionnels avec un équipement sur mesure, une méthode efficace, et un air blasé de rigueur. Et plutôt que de retourner dans les robes des ecclésiastiques une fois leur mission accomplie, ils préfèrent à la nourriture spirituelle, l’ingestion de spiritueux et la dégustation de jolies créatures de Dieu. Cependant la petite fête tourne court après l’intrusion surprise du maître suprême des vampire qui veut montrer que même si son équipement se limite à sa seule personne, il possède lui aussi des méthodes très efficaces...
Au final les seuls survivants de l’équipe sont Jack Crown, Tony Montoya (Daniel Baldwin) le bras droit de Jack, et une prostituée Catherina (Sheryl LEE) qui à subi les ardeurs mordantes du vampire Valek (Thomas IAN GRIFFITH). Mais pas question pour Jack de s’avouer vaincu. Il veut se servir de Catherina qui durant sa période de transformation sera en liaison télépathique avec le maître, pour le retrouver et lui faire la peau...
Le film se poursuit sur fond de quête d’une croix qui permettra à Valek de résister au feu du soleil, de trahison, pour se terminer dans un petit bled mexicain contre une horde de suceurs...
Le mélange Western-Vampire sied parfaitement au film, qui réussit à prendre les meilleurs éléments de chaque genre pour les mélanger et en faire des idées novatrices et plaisantes. La vendetta personnelle de Jack ressemble à s’y méprendre à la poursuite d’un shérif prêt à tout pour coincer l’enfant de salaud qui a descendu ses adjoints. De même l’otage mi-humaine mi-vampire est traitée par Jack avec la même délicatesse qu’aurait eu un truand avec son pire ennemi n’attendant qu’à ce qu’il crache le morceau sur sa planque de fric pour lui tirer un pruneau entre les deux yeux. La horde de vampires bestiale et stupide sous les ordres d’une terreur cruelle et intelligente, n’est autre que le reflet de toutes les bandes de desperados mexicains, qui ne peuvent survivre qu’à la sueur du front des autres ou ici à la saveur du sang des autres. D’un autre coté John apporte sa patte et profite de la lente transformation de Sheryl LEE (excellente comme toujours), pour tisser une trame sentimentale entre Tony et son otage, amenant à terme une confrontation inévitable avec son Boss.
La manière de filmer est efficace sans être révolutionnaire, mais Carpenter sait toujours aussi bien créer des ambiances se servant habilement des jeux de lumière dans les bâtiments miteux de ce paysage mexicain . Les acteurs sont très convaincants, James Wood jouant comme à l’accoutumé un rôle de gros dur mais pour une fois se battant du bon coté, Daniel Baldwin montre que le métier d’acteur doit se transmettre de façon génétique, et réussit à faire ressortir une impression de candeur et d’innocence malgré son gabarit et ses allure de bad guy ; quant à Sheryl lee elle nous enchante dans sa prestation tout au long de sa transformation et on n’a de cesse de se poser la question si on ne la préfère pas mieux en goule sexy qu’en ravissante prostituée. La musique comme toujours écrite par Carpenter (il n’a pas les moyens de se payer un James Horner...) va chercher du côté du Rock Roots de Led Zeppelin et nous fait découvrir le massacre des dents longues sous des riffs de guitare électrique bien sentie.
On peut conclure que ce film très orienté action est sur ce plan très efficace, et que les essais pour étoffer cette poursuite infernale entre Valeck et Jack (avec l’histoire d’amour et de trahison sous-jacente) sont concluants. Comme souvent lorsque le film commence sur les chapeaux de roue on peut regretter que la fin soit un peu rapide, mais dans l’ensemble on ressort satisfait de la vision de ce film...
N.B : Pour tous ceux qui voudraient comparer ce film à Une Nuit en Enfer, je dirai que ce sont deux films très différents, aussi bien dans la manière de traiter les vampires, que dans la manière de traiter les personnages. Si Carpenter profite du thème pour un clin d’œil appuyé sur le Western, Rodriguez et Tarantino profitent des suceurs de sang pour faire danser les balles et les pieux dans un film d’action et d’humour noir pur. Ainsi le vampires de John Carpenter malgré ses très bonnes idées reste plus classique et moins jouissif que le film de Rodriguez qui se veut plus déconstruit et déjanté. Mais je le répète l’un n’exclut pas l’autre, et chacun de ces deux film mérite que l’on s’y attarde.
L’avis des EUX :
par Maestro