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LE VILLAGE

samedi 18 décembre 2004, par Maestro

Manoj Night SHYAMALAN (1970-)

Etats-Unis, 2004

Bryce Dallas Howard, Adrien Brody, Sigourney Weaver, Joaquin Phoenix, William Hurt

Encensé par les médias, après un Sixième sens surprenant et efficace et des Signes qui ne remplissent absolument pas leurs promesses, le réalisateur américain d’origine indienne Shyamalan propose avec Le village son quatrième long métrage. Celui-ci s’intéresse à une communauté protestante de la fin du XIXème siècle, qui vit isolée à l’écart des villes, entourée d’une forêt interdite. Cette dernière est en effet habitée par Ceux dont on ne parle pas, des créatures mystérieuses qui ont accepté par un accord tacite de ne pas empiéter sur les terres des hommes, et qui sont attirés par la couleur rouge (mais repoussées par le jaune). Jusqu’au jour où certaines d’entre-elles pénètrent dans le village et y laissent des animaux écorchés vifs et d’étranges marques sur les portes. C’est par le biais d’une jeune aveugle, fille du principal membre du conseil des anciens, que les mystères de cette communauté seront finalement révélés. Amoureuse de Lucius, un forgeron introverti, elle va en effet être contrainte, après que ce dernier ait été poignardé par le simple d’esprit du village, jaloux de leur relation privilégiée, de se rendre en ville pour y chercher un remède... et donc de traverser la sombre forêt.

Vu de cette manière, le film est une ode à l’amour, un parti pris quelque peu convenu et sur lequel le réalisateur insiste un peu lourdement, tout comme sur la foi dans Signes. Reste que Shyamalan, en amateur des chutes coup de poing, nous en réserve deux. La première sur la nature des mystérieuses créatures, une révélation qui peut être vue comme une métaphore de la situation actuelle des Etats-Unis, dans la mesure où la paranoïa entretenue à leur égard par le cercle dirigeant tend à unir la communauté dans la peur de l’autre afin qu’elle ne soit pas tentée de remettre en question l’ordre des choses. La seconde sur ce qui se cache au-delà de la forêt, et qui permet de comprendre pourquoi son père a envoyé sa fille aveugle, et elle seule, pour accomplir cette mission de sauvetage. Cette révélation, digne d’un épisode de Twilight Zone, véhicule toutefois une idéologie plutôt discutable, d’autant qu’elle ne semble être que très partiellement de second degré. Il s’agit en effet d’une célébration de ce que l’on pourrait appeler l’esprit ou le mythe originel du colon américain, protestant, rural, traditionnel, qui se passe très bien du progrès et ne voit la société moderne que comme dominée par le démon. Est-ce d’ailleurs un hasard si la couleur interdite, qui symbolise les créatures, est le rouge ? Ce message, réactionnaire au sens premier du terme, est évidemment une fausse solution apportée aux difficultés de la situation actuelle, mais parle probablement à l’inconscient collectif du peuple des Etats-Unis.

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