VOLCANO HIGH SCHOOL

KIM Tae Gyun (1969-)

Corée du Sud, 2001, Whasango

Jang Hyeok, Shim Min-A, Heo Jun Ho, Kim Su Ro

Le cinéma coréen connaît une véritable renaissance commerciale depuis maintenant un peu plus de 5 ans. Les films locaux battent régulièrement les grosses machines hollywoodiennes sans le moindre complexe. Parmi les grands genres les plus pratiqués là-bas on trouve les drames, les comédies et dans une moindre mesure de l’action et du fantastique. Volcano High School appartient à ses deux derniers registres qui n’ont pas encore complètement réussi à faire abstraction des influences étrangères. On trouve donc en vrac de l’influence japonaise (manga, jeux vidéos), hong-kongaise (câblage intensif, utilisation des SFX à la Stormriders) et US.

Le jeune Kim Kyung Soo arrive à la Volcano High School après avoir été renvoyé de tous les autres établissements qu’il a côtoyé avant. Le lycée est livré à l’influence des nombreuses bandes (organisés en clubs de sports) qui le peuplent et les professeurs sont dépassés. La puissance de Kim n’échappe pas aux différents pouvoirs en présence qui se mettent à essayer de rallier à leur cause le nouvel élève mais ce dernier ne souhaite pas s’impliquer dans ses affaires. La donne va évoluer quand le livre de puissance conservé par le proviseur sera volé, poussant l’école dans une semi guerre ouverte et motivant son successeur à faire appel à des professeurs de choc...

L’inspiration du film se trouve de manière assez évidente dans le jeu vidéo de capcom : Rival Schools, lui même inspiré des nombreux mangas traitant de sports qui font toujours recette au Japon. En soi l’idée de faire un film sur ce thème est plutôt séduisante encore faut il aller un peu plus loin et élaborer un scénario minimum pour structurer tout ça. Un effort que Volcano High School ne fait que de façon partiel. Certes il y a quelques éléments narratifs susceptibles de faire avancer les choses (la recherche du livre, la destinée de Kim) mais c’est traité complètement par dessus la jambe, à croire que le réalisateur s’en fiche. Et cela se ressent énormément dans le rythme du film qui semble ne jamais progresser. Il faut attendre la moitié du métrage et l’arrivée de nouveaux personnages (les très graphiques professeurs de choc) pour que l’on dispose enfin d’enjeux plus clairs et que le film se mette à avancer...Mais même comme ça, cela reste laborieux.

Volcano High School semble miser sur ses personnages et leurs interactions pour pallier le manque de scénario. Ca aurait pu marcher...Si les personnages n’étaient pas aussi fades. Pas visuellement, a ce niveau le film est quasi inattaquable et a première vue chaque personnage semble charismatique. Mais leurs personnages sont souvent interchangeables et agaçant. Le héros particulièrement, qui passe son temps à ne rien faire et à tirer une vieille tronche incrédule face au moindre événement. Ok, c’est rigolo au début mais au bout de la vingtième fois c’est plus que gavant. Le " méchant " du début de film (Jang) parvient lui aussi à gaver le pauvre spectateur au bout de 5 minutes en nous assénant toujours le même numéro de jeune frustré, le pire étant que lui ne dispose pas d’un look aussi graphique que ses camarades de classe. De ce marasme on sortira la capitaine de Kendo et son assistante, au caractère plus trempé, et le chef des professeurs de choc qui joue un méchant délectable et fascinant (mais qui encore une fois aurait pu être davantage développé).

Théoriquement on pourrait penser que le film se rattraperait sur l’action. Préparez vous encore une fois à une déception. A chaque fois qu’on a l’impression que le métrage va mettre la gomme... on se retrouve déçu. Les affrontements se résument systématiquement à une belle démonstration d’effets spéciaux et c’est tout. Pas de véritables combat mais juste un vague effet synthétique donc. Pourtant le film décolle un peu à ce niveau quand il se donne la peine. L’affrontement dans les bambous est ainsi visuellement joli et le final ainsi que les premières démonstrations des professeurs dépassent le cadre de la simple " démonstration de SFX ". Reste que c’est bien trop peu pour satisfaire le spectateur.

Et puis histoire de refroidir encore un peu plus les ardeurs, il faut préciser que les notions de puissance de chaque personnage sont un peu oubliées en fonction des circonstances. Voilà un réalisateur qui ne se prend pas la tête... Il serait cependant injuste de ne pas accorder au film ce qui est sa grande qualité : un design magnifique. Les personnages sont particulièrement graphiques et sont parmi ce qui se rapproche le plus d’un manga live. La photographie et l’ensemble des décors sont eux aussi extrêmement travaillés et confèrent une atmosphère fantastique à l’ensemble palpable. Cette réussite visuelle rend paradoxalement le naufrage du film encore plus visible. Clairement la forme a été privilégiée au fond et Volcano High School transpire le superficiel. Un beau gâchis !