Accueil > CINECSTASY > W > WHERE’S OFFICER TUBA ?
WHERE’S OFFICER TUBA ?
dimanche 7 avril 2002, par
Ricky LAU & Benny CHAN
Hong Kong, 1986, Pi li da la ba
Samo Hung, Jacky Cheung, Joey Wong, David Chiang, Hwang Tang Lee
Petit voyage dans le temps : dans les années 80 le gros Samo était devenu un producteur important de la colonie anglaise, sous la bannière de D&B où de la BoHo. L’homme avait alors élaboré une formule déclinable à foison où se télescopait l’action, l’humour et la romance. Et de films en films il utilisa ce squelette de structure pour alimenter le marché local, en injectant à chaque fois un élément nouveau : le western dans Shangai Express, les vampires chinois dans L’Exorciste Chinois 2, l’immigration aux USA dans Paper Marriage ou bien le fantastique plus classique du fantôme dans Where’s Officer Tuba ?
Tuba est un flic un peu peureux et sans histoire. Il se retrouve, par la faute d’un de ses collègue impatient de combattre la grande criminalité, à devoir faire le porteur de rançon dans une affaire de chantage à la bombe dont est victime un industriel. Evidemment la livraison de la rançon n’est qu’un leurre et doit permettre d’identifier les malfaiteurs et conduire à leur arrestation. Malheureusement les choses dégénèrent durant l’échange et le sergent Chiang qui prévoyait de les arrêter est tué. Avant de mourir il fait jurer à Tuba de conduire les criminels en prison. Ce dernier accepte mais n’a en réalité aucune intention de le faire (il avait croisé les doigts avant de promettre !) et reprend ses activités habituelles. Pas de chance pour lui, Chiang n’a aucune intention de le laisser s’en sortir comme ça et revient, sous forme de spectre, pour transformer sa vie en enfer tant qu’il n’aura pas accompli sa promesse. Face à l’accumulation des problèmes Tuba n’a plus comme seule solution que de s’exécuter.
Where’s Officer Tuba ? obéit donc entièrement à la formule mise en place par Samo. La réussite du film c’est que tous les éléments présents se combinent plutôt harmonieusement. Comme toujours dans ce genre de production il ne faut pas s’attendre à de grandes subtilités dans le scénario. On est en face d’un concept, un pitch, qui va simplement être utilisé pour livrer la marchandise attendue et distraire le spectateur. Amateurs d’histoires tortueuses ou de grandes réflexions, passez votre chemin !
Reste que, sa formule bien au point, Samo peut nous livrer un spectacle fort attachant. Il nous gratifie comme toujours de scènes d’action bien puissantes. La toute première, plutôt inutile d’un point de vue narratif si ce n’est d’introduire le personnage de Chiang, nous permet de voir une de ces cascades hallucinantes comme seul le cinéma de Hong Kong peut (pouvait ?) nous en livrer : Chiang sautant a pieds joints dans une voiture, le tout filmé en un plan unique. Même si on se doute de certains trucs (doublures, vitesses ralentis) cela reste visuellement très impressionnant. Et comme toujours chez Samo, le meilleur est à la fin : Un double affrontement Jacky Cheung (assez crédible dans pour un non artiste martial)/Yip Wing Cho et surtout Samo Hung/ Hwang Tang Lee (un excellent artiste martial Coréen réputé pour ses techniques de jambes). Aucune critique n’est possible face à cette séquence, c’est simplement impeccable. Chorégraphié au couteau, découpé à la perfection, à la fois spectaculaire et rythmé, ces combats ne peuvent laisser de marbre !
Mais après tout, de l’action réussi c’est la routine pour Samo, ce qui fait la différence ici c’est l’humour, pour une fois plaisant. L’humour Hong Kongais est particulier, et Samo n’est généralement pas adepte de la finesse ce qui fait que les parties comiques de ces films peuvent être assez indigestes pour les non habitués. Celles de Where’s Officer Tuba ? ne changent pas fondamentalement de celles de ces autres films, elles sont basées sur les quiproquos et la comédie de situation. Mais l’alchimie marche étonnamment bien ici. Les interactions entre un Samo timide et un Jacky Cheung monté sur piles (c’était son premier rôle au grand écran) sont bien amusantes et le coté fantastique (le fantôme de Chiang) est aussi correctement utilisé pour dynamiter, entre autres, la classique scène de rencontre entre Samo et les parents de Joey Wong.
La formule Samo n’est probablement pas ce qui se fait de plus élaboré dans le monde cinématographique. Mais quand elle est correctement appliquée, comme c’est le cas ici, elle représente un spectacle distrayant et efficace qu’il n’y aucune raison de bouder. Enjoy !