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L’ÂGE DE CRISTAL

dimanche 1er septembre 2002, par Maestro

Michael ANDERSON (1920-2018)

Etats-Unis, 1976, Logan’s Run

Michael York, Richard Jordan, Jenny Agutter, Peter Ustinov

L’Age de cristal (ou La course de Logan, pour reprendre le titre original) est un film qui s’inscrit dans la veine de ces métrages des années 70 exposant une vision assez sombre et pessimiste, désabusée, du devenir de l’humanité, et explorant ses côtés les plus sombres. Après La planète des singes, Soleil vert, THX 1138, Silent running ou Le survivant, le film de Michael Anderson est le dernier de cette série chronologique, avant que Star Wars ne déplace les préoccupations de bien des scénaristes et réalisateurs vers les vastes espaces de l’espace intersidéral, puis que Blade Runner ne recentre le propos sur un futur plus immédiat en forme de nouvelle dystopie. En 2274, l’humanité est confinée dans une cité sous dômes, véritable monde paradisiaque, dans lequel tous les plaisirs sont permis. La seule condition, pour assurer la pérénnité de cet éden dirigé par un ordinateur, est de maintenir un niveau de population stable. Pour cela, chaque habitant est muni dès sa naissance (après un développement extra-utérin) d’un cristal dans la paume de sa main, qui changera de couleur au fur et à mesure qu’il se rapprochera de 30 ans. A ce moment, l’individu devra, comme tous ceux de sa génération, prendre part au carousel, véritable suicide collectif en public, censé permettre une renaissance ultérieure... La scène, au début du film, qui présente ce spectacle morbide est une des plus fortes, à la fois par l’acceptation volontaire de ce destin foudroyé (au sens propre du terme) et par la mise en scène qui l’entoure, effrayante anticipation de certains de nos reality show, avant Le prix du danger ou Running Man.

Mais certains habitants refusent cette fatalité, et essayent de s’enfuir vers un mystérieux sanctuaire qui serait situé hors de la cité, et où la vie ne s’arrêterait pas à 30 ans. Logan, le héros du film, est un limier, un policier chargé d’intercepter et de supprimer ces déviants. Son attachement, puis son amour pour Jessica, rencontrée par hasard lors d’une soirée de désœuvrement, va progressivement l’amener à douter de ce trop bel équilibre social. Chargé par l’ordinateur central de découvrir et de détruire ce mystérieux sanctuaire, Logan va abandonner son double jeu et ses certitudes au fur et à mesure des découvertes qu’il va faire tout au long de sa fuite avec Jessica pour découvrir et aimer la liberté... Malgré ses défauts (une esthétique relativement kitsh, des plans larges de la cité qui donnent trop l’apparence de maquettes, un robot frisant le ridicule, ou un message parfois trop simpliste), L’âge de cristal se regarde sans ennui, brossant dans la première partie le portrait d’un avenir proche du Meilleur des mondes, pour s’orienter, dans la seconde moitié, avec la sortie à l’extérieur, vers les films post apocalyptiques (découverte d’un monde dépeuplé et en ruine). Si l’image qui est offerte de la vieillesse est plutôt nuancée et émouvante (une problématique que La soupe aux choux illustrera aussi avec brio quelques années plus tard), on retiendra surtout de ce métrage l’éloge du changement, la nécessité de ne pas se laisser enfermer dans un système social immobile et faussement pourvoyeur de bonheur.

Reste que le film n’est pas totalement progressiste sur ce point. En effet, l’utilité du ressourcement vers la nature et les instincts humains ne doit pas pour autant conduire à une disparition de la technologie (symbolisée par l’implosion de la cité après ce deus ex machina pour le moins improbable qu’est la destruction de l’ordinateur par la seule force de la volonté de Logan) et un retour à un stade de civilisation pré-industriel ; sans compter que la redécouverte du mariage par Logan et Jessica, face à une fécondation artificielle trop rapidement condamnée, fleure bon la traditionnelle morale américaine. L’âge de cristal, d’une qualité seulement moyenne, apparaît donc comme la queue de comète -plutôt honorable- de ces dystopies cinématographiques propres aux années 70...

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