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La trilogie steampunk

lundi 22 mai 2000, par Maestro

Paul DI FILIPPO (1954-)

Etats-Unis, 1995, The Steampunk Trilogy

J’ai lu, 2000

Avec un titre comme celui-là, on pourrait penser que le roman (car il ne s’agit que d’un roman, le terme trilogie se justifiant simplement par l’association de trois nouvelles, reliées plus par le contexte chronologique que par l’allusion à certains personnages entre chacune) de Di Filippo a l’ambition de se poser en référence du genre. En fait, il faut plutôt voir là un simple clin d’œil, une façon simple de présenter ses récits. Néanmoins, cela nous donne l’occasion de faire un point sur la nature du genre steampunk, dont la continuelle expansion ne devrait pas s’arrêter dans l’immédiat. D’autant qu’avec ce livre, l’auteur élargit quelque peu la définition que nous avions jusque là plutôt tendance à retenir, en situant son action en plein milieu du XIXème siècle, et non à la charnière du XIXème et du XXème, comme cela avait été le cas de la plupart des œuvres parues à ce jour. De plus, Paul Di Filippo n’accorde qu’une importance somme toute limitée aux innovations et aux aspects techniques de son siècle alternatif. Il faudrait donc voir le steampunk, non seulement comme un XIXème siècle ayant connu un développement scientifique plus poussé que le nôtre (et songer à explorer de plus près les origines de cette uchronie), mais finalement comme un hommage à la littérature de cet pré-âge contemporain (avant le premier conflit mondial qui plongea brutalement le monde dans la modernité), beaucoup de récits incorporant des éléments de fiction nés de l’imagination de ces grands ancêtres que sont Verne, Wells ou Burroughs, à des éléments historiques souvent détournés...

Avec ses trois nouvelles, « Victoria », « Des Hottentotes » et « Walt et Emily », Di Filippo privilégie donc le deuxième terme de l’équation, en développant surtout le côté burlesque ; mais un humour subtil, plus second degré que bêtement lourdingue. Dans « Victoria », la jeune reine britannique disparaît peu de temps avant son couronnement, et doit être remplacée par un hybride d’être humain et de triton, outil sexuel de l’aristocratie londonienne, le temps de retrouver la souveraine supposée être en fuite. Dans « Des Hottentotes », divers individus aux intentions intéressées, partent à la recherche d’un fétiche censé réceler un pouvoir magique ; celui que l’on suit, le professeur Agassiz, est un scientifique adepte des idées de supériorité de la race aryenne et du créationnisme. On croisera même en chemin le Dagon de Lovecraft, et un alter-ego anachronique du maître lui-même. Enfin, avec « Walt et Emily », Di Filippo met en scène les poètes Walt Whitman et Emily Dickinson, dans une mascarade spirite qui ouvre malgré tout les portes d’une dimension évoquant en partie le paradis... Par ailleurs, ce qui est surtout privilégié ici, ce sont les personnalités des différents personnages, attachantes malgré leurs défauts (en particulier Agassiz, avant tout motivé par sa carrière, et pétri de préjugés), et la mise en place d’une atmosphère délicieusement surranée. Un roman qui sans être révolutionnaire, s’avère fort divertissant.

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