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La cité entre les mondes
vendredi 3 mars 2000, par
Francis VALERY (1955-)
Luxembourg, 2000
Denoël, coll. Présence du futur
Le steampunk " à la française " a décidément le vent en poupe, et le roman de Francis Valéry, sans révolutionner le genre, en est une parfaite illustration. Il s’agence en plusieurs épisodes, divisés en chapitres ayant généralement en commun une unité de lieu. Entre ces divers épisodes, sont intercalés des extraits de journaux ou de livres, qui apportent des renseignements sur le monde et renforcent le réalisme de l’histoire. L’action se passe donc en 1913, mais un 1913 alternatif. A l’instar de la quasi-totalité des romans steampunk parus jusqu’à présent, le progrès technologique, auquel nous sommes habitués par les manuels d’histoire, a connu une accélération, pas toujours expliquée, mais qui fait que la société européenne de La cité entre les mondes connaît une première version de la télévision, une généralisation des dirigeables (surtout allemands), etc... Mais des constantes historiques permettent de garder des repères, comme la révolte des Boxers en Chine, ou la menace d’une déflagration mondiale pour 1914 ; en même temps, de petites surprises sont malgré tout au rendez-vous, dont la restauration de l’empire napoléonien en France n’est pas la moindre. Autre élément croustillant, Francis Valéry parsème son roman de figures diverses, telles Jules Verne, Gustave Eiffel (qui a construit un éléphant de métal à la place du Sacré Cœur -ce qui n’est peut-être pas un mal !-), Hugo Gernsback (joli clin d’œil !), Robert Oppenheimer, Agatha Christie et bien d’autres. En ce qui concerne l’histoire elle-même, par contre, les surprises sont moins grandes. On a un peu l’impression de lire du Burroughs, mâtiné d’Indiana Jones, avec un soupçon d’X Files et une bonne dose de Monde perdu (celui de Conan Doyle, pas de l’autre rigolo d’Hollywood)... ouf ! Mais il est probable que l’auteur lui-même s’est laissé prendre au jeu des références, et on peut aller jusqu’à voir dans son récit un pastiche de ces " grands anciens " toujours vivants. Car les personnages ont une psychologie assez sommaire, que Francis Valéry ne semble pas avoir eu envie d’approfondir, se contentant de ces archétypes si répandus dans les romans d’aventure de la fin du siècle dernier (le savant, l’assistant débrouillard, la jeune demoiselle, et même un méchant représentant un péril jaune un peu passé). En définitive, un roman bien agréable, mais moins ambitieux que L’équilibre des paradoxes, par exemple.