Accueil > TGBSF > H- > Harry Potter à l’école des sorciers
Harry Potter à l’école des sorciers
Harry & Cie
samedi 5 janvier 2008, par
J. K. ROWLING (1965-)
Grande-Bretagne, 1997, Harry Potter and the Philosopher’s stone
Gallimard, 1998
Le succès d’Harry Potter n’est plus à démontrer. Des livres (enfin au moins un) sont même écrits pour l’expliquer [1], ce qui tend à placer son auteur, Jane K. Rowling sur le même plan que Tolkien ou Herbert comme objet d’études littéraires ou sociologiques. Dans ce succès, le plus étonnant réside à mon sens dans la capacité de l’ouvrage à séduire des populations d’horizons culturels et d’âges différents. D’autant plus que le premier volume de la série du moins, se veut clairement un roman pour la jeunesse.
Orphelin de ses parents, Harry Potter vit chez son oncle et sa tante Dursley où il subit avanies sur avanies, logeant même dans un placard sous l’escalier. Alors qu’arrive son onzième anniversaire dont il n’attend rien comme à son habitude, un géant vient lui apporter une lettre en dépit de l’acharnement et des vains efforts de son oncle Vernon à l’en empêcher. La lettre lui annonce qu’il est attendu avec son matériel à l’école de sorcellerie de Poudlard. Harry apprend avec stupéfaction qu’il est le fils de sorciers morts tragiquement, ce que les Dursley lui ont toujours caché à la grande indignation du géant Hagrid, garde-chasse de l’école. Harry découvre alors un autre monde fait de magie et de mystères dans lequel il est une légende vivante pour avoir, étant bébé, provoqué la perte de l’assassin de ses parents, un sorcier terriblement puissant et maléfique.
Bâti autour d’une quête pour la pierre philosophale, cette chimère des alchimistes, Harry Potter à l’école des sorciers est d’abord un roman introductif à l’univers potterien. Car, loin d’être une aventure isolée, il est le fruit de cinq années de travail préparatoire à toute la série. Ses ingrédients constituent la base des épisodes suivants et la recette est en fait un mélange de thèmes classiques de la littérature et du folklore britannique : un héros orphelin au passé agité comme Dickens les aimait ; les school stories ayant pour cadre les fameuses Boarding Schools britanniques chères (sic) à Kipling (Stalky & Cie) ou à Bennett ; les sorcières et les fantômes dont l’imaginaire britannique est friand comme Le fantôme de Canterville d’Oscar Wilde et Halloween en attestent ; et les enquêtes, émanation des murder mysteries. A cela, il faudrait ajouter le quidditch, mélange à la sauce sorcière de rugby, de football, de polo et de cricket.
Réunis, les ingrédients construisent un monde caricatural mais pourtant jamais ridicule qu’on pourrait qualifier de néogothique flamboyant où tout le bestiaire imaginaire peut prendre place, y compris la mythologie grecque ou l’ésotérisme médiéval, incarné ici par l’alchimiste Nicolas Flamel. Un vrai cocktail ou un salmigondis, c’est selon...
L’auteur parvient aisément à capter puis à conserver l’attention de ses lecteurs par des personnages attachants, comme les amis du héros, ou par des personnages répulsifs, et en distillant les indices jusqu’à la résolution finale, le tout emballé dans un humour très tourné vers la jeunesse, du moins dans ce premier volume, car un peu crado mais jamais scato (cf les bonbons surprises de Bertie Crochue) et dans un style efficace et simple, sans être pauvre, qui ne s’embarrasse pas de longues descriptions.
Une formule on ne peut plus magique !
[1] En français, citons Isabelle Smadja, Harry Potter, les raisons d’un succès, PUF, 2001