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La maison Harkonnen

Avant Dune II

lundi 19 mars 2001, par Maestro

Brian Patrick HERBERT (1947-) & Kevin J. ANDERSON (1962-)

Etats-Unis, 2000, Dune House Harkonnen

Robert Laffont, coll. Ailleurs & Demain, 2001

La Maison Harkonnen est le deuxième volet de la trilogie de Brian Herbert (le fils prodigue ?) et du prolixe Kevin J Anderson, préquelle tant attendue du fameux cycle de Dune (en attendant une suite de La maison des mères, auquel les deux compères doivent certainement songer). Et c’est toujours avec plaisir que l’on retrouve toute une galerie de personnages qui nous sont déjà familiers, que l’on découvre leur passé, leurs frustrations, leurs angoisses, bref tout ce qui nous les rend plus attachants et nous permet, tout comme dans les nouveaux épisodes de Star Wars, de les regarder différement : nous sont ainsi révélés les jeunes années de règne du duc Leto et la tragédie qui le frappe, fondamentale pour la suite de l’intrigue ; la formation militaire du fameux Duncan Idaho (tellement exigeante qu’on se demande comment il réussira à succomber aussi vite face aux sardaukars dans Dune) et les origines de Gurney Halleck (également un renégat du fief Harkonnen) ; la transformation de Jessica, de Bene Gesserit dévoué en amoureuse transie ; ou les ravages de l’esprit tordu et limité de Rabban la bête (avec des éclaircissements sur l’origine de ce surnom).

Le problème de ces romans, qui se dévorent très -trop ?- vite, c’est justement le fait qu’une fois refermés, ils ne laissent pas une trace impérissable dans l’esprit du lecteur. Le style est efficace, immédiat, et n’oblige pas à une relecture de certains passages trop complexes. Et même si les intrigues rappellent à juste titre l’ambiance des romans de Frank Herbert, il manque une réelle profondeur. Le côté politique des choses est le plus développé, avec d’utiles précisions sur le Landsraad et les différentes maisons, en particulier la maison Vernius (l’avenir du prince Rhombur ne laisse pas d’ailleurs d’intriguer, vu qu’il n’apparait pas dans Dune), ainsi que sur la tête même de l’empire, avec un Shaddam qui semble bien falot par rapport à Hasimir Fenring (une exagération de la part des deux auteurs ? Le plaisir de voir développé ce personnage est en tout cas réel). De même, l’univers galactique de Dune est bien plus détaillé que dans les romans de Frank Herbert, qui mettaient toujours Arrakis au centre de leurs préoccupations. Ainsi, on découvre un peu plus en détail, à la suite du premier volume, Caladan et Giedi Prime, fiefs des Atréïdes et des Harkonnen, Kaitain, la capitale impériale, avec le siège du Landsraad, et même Salusa Secundus, l’ancienne capitale victime d’un holocauste nucléaire. Mais à côté de planètes que nous connaissions au moins déjà de nom, telles Ix ou Wallach IX, berceau du Bene Gesserit, nous sont aussi révélés des lieux inconnus : Lankiveil, fief de la branche Rabban de la famille Harkonnen, qui nous permet d’en savoir plus sur Glossu Rabban, son frère Feyd-Rautha et leurs parents (même si l’origine du sadisme de Glossu nous laisse insatisfait, car fruit d’une contradiction entre pulsion et éducation pas vraiment explicitée).

Mais quid des réflexions théologiques autour du Bene Gesserit ou des Fremen, de la métaphysique du Bene Tleilax ou de la Guilde, des questionnements autour du pouvoir (bien représentés dans L’empereur-Dieu de Dune), des raisonnements approfondis sur l’écosystème de Dune ? Tous ces thèmes d’une grande richesse ne sont en fait qu’effleurés, sans que l’on ne s’enfonce réellement dans l’océan de leur complexité stimulante. Il reste à voir ce que donnera le troisième volet de cette trilogie, mais il est peu probable que malgré son intérêt, elle apparaisse au final du même niveau que Dune.

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