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Mémoire

2000, par von Bek

Mike McQUAY (1949-1995)

Etats-Unis, 1987, Memories

Flammarion, coll. Ailleurs & demain

Depuis La machine à explorer le temps (1895) d’Herbert George Wells, le voyage dans le temps de façon scientifique est un classique de la science-fiction, mais, dans la plupart des cas, l’accent est mis sur la nature du temps et le voyage s’accomplit grâce à une technologie reposant sur la mécanique ou l’électronique.

Dans Mémoire, Mike McQuay innove. Dans une époque lointaine - la galaxie, elle, ne change pas... - l’humanité vit divisée en de nombreuses communautés - les quadris - perpétuellement en guerre entre eux. Afin de rendre la vie supportable à la population et d’amener les soldats à une docilité aveugle, Silv, chimiste de son état - pardon, de son quadri - élabore des drogues qu’elle teste sur des criminels. A l’occasion d’une de ces expériences, Silv met au point, sans le savoir, une drogue dont l’effet est de permettre à l’esprit de remonter sa lignée génétique et d’habiter ainsi le corps de ses ancêtres. L’ayant testé sur un criminel nommé Hersh, elle tente d’empêcher ce dernier de changer le cours de l’Histoire et fait appel à un psychiatre du XXe siècle mal dans sa peau, David Wolf, pour raisonner Hersh dont l’esprit s’est emparé de... Napoléon Bonaparte.

Loin des machines et autres Chronoscaphes, Mike McQuay ouvre la voie biologique du voyage temporel, à la suite de Michel Jeury (cf Le temps incertain). Gérard Klein, dans la préface à l’édition de poche, parle de voyage subjectif.

A l’instar d’autres histoires de voyages temporels, Mémoire s’articule sur une la crainte d’une destruction du présent des personnages consécutive à une altération du passé. Dans un souci de véracité, l’auteur s’est solidement documenté sur l’épopée napoléonienne, et les amateurs de la période apprécieront de voir évoluer l’immoral Talleyrand, le très républicain abbé Sieyes, la divine madame Tallien et bien d’autres...

Pourtant, Mémoire est avant tout un roman sur la nature humaine, profondément marqué par la psychiatrie, bien sûr, et avec pour question sous-jacente une interrogation sur la finalité de la vie. Si l’on ajoute que sexualité, inhibition et libération sexuelles jouent un rôle capital dans ce livre, que la drogue utilisée crée une accoutumance, on peut s’étonner que ce roman soit paru à la fin des années quatre-vingt, tant est forte l’empreinte de l’esprit torturé en quête de sérénité propre à la fin des sixties et au début des seventies. Ainsi, le passage, très détaillé, dans lequel Silv et David, incarnés dans les corps de madame Tallien et d’Antoine Arnault, font l’amour et échangent leurs hôtes respectifs - David occupant madame Tallien - sachant que les dits hôtes sont parfaitement conscients des actes de ceux qui les contrôlent, est en soi très éloquent.

Sans être un livre incontournable, Mémoire constitue un ouvrage audacieux, désuet par la manière dont sont abordés certains des problèmes qui le préoccupent, et prometteur quant au talent de son auteur, aujourd’hui disparu peu avant la parution de sa dernière œuvre, 10 sur l’échelle de Richter, écrite en collaboration avec Arthur C. Clarke.

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