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Voyage
1999, par
Stephen BAXTER (1957-)
Grande-Bretagne, 1996
J’ai lu, coll. Millénaires, 1999
Stephen Baxter fait partie de ces nouvelles valeurs de la SF britannique, qui reste malheureusement encore trop peu traduit en France. Espérons que cette nouvelle parution soit le début d’un changement d’orientation. Inspiré par le renouveau de l’exploration spatiale en direction de Mars (voir la récente sonde Pathfinder, et la future Polaris), il imagine une uchronie dans laquelle JFK aurait échappé à l’attentat de 1963 qui, dans notre réalité, lui coûta la vie. A partir de là, son but n’est pas d’explorer les changements de l’histoire du monde tel que nous le connaissons. Au contraire, si l’on excepte quelques détails mineurs (le centre Kennedy baptisé du nom de son épouse, la chronologie des séries Star Trek modifiée...), les événements restent semblables : les présidents élus sont les mêmes, ainsi que les événements géopolitiques. On peut d’ailleurs pointer là une contradiction : le déroulement de l’histoire semble dépendre plus de mouvements de fond que de changements de personnes (contrairement à la plupart des uchronies), et pourtant les alternatives de développement de la NASA sont surtout centrées sur certains individus...
Non, ce qui intéresse Stephen Baxter, c’est l’exploration des rouages de la NASA, une NASA qui, sous l’impulsion de Kennedy, justement, se serait orientée vers un programme visant à déposer des hommes sur la planète Mars dans un délai le plus court possible. C’est au récit de cette aventure virtuelle que l’auteur nous convie, entremêlant tout au long de son roman étapes du voyage des trois astronautes vers la planète rouge et récit des enchaînements qui ont conduit à ce résultat. On découvre donc le fonctionnement de l’agence spatiale américaine, l’entraînement des astronautes, et bien sûr leurs vies personnelles à tous, avec les problèmes que génère une activité professionnelle trop prenante.
En dépit d’une écriture qui fait la part belle au réalisme scientifique, on ne perd pas pied, et l’on suit au contraire avec émotion les étapes de cette aventure humaine qui est aussi (voire surtout) -Stephen Baxter ne le cache pas- un formidable moyen pour les États-Unis de consolider sa puissance et son chauvinisme. Seul regret : pourquoi J’ai Lu n’a pas décidé de réunir les deux tomes de l’oeuvre en un seul ??