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La bataille de Corrin
avant avant Dune III
mardi 30 août 2005, par
Brian Patrick HERBERT (1947-) & Kevin J. ANDERSON (1962-)
États-Unis, 2004, Dune : The Battle of Corrin
Robert Laffont, 2005, 648 p.
Après La guerre des machines et Le jihad butlérien, voici donc le dernier volet de cette prélogie du mythique Dune de Frank Herbert, une tentative bien plus audacieuse que l’écriture de la préquelle immédiate qu’étaient La Maison Atréides, La Maison Harkonnen et La Maison Corrino. Le jihad butlérien se poursuit depuis des décennies, et Omnius le suresprit pense pouvoir se débarrasser une fois pour toutes de l’espèce humaine en lui communiquant une forme particulièrement meurtrière de la peste.
Une stratégie qui va lui coûter très cher, mais qui explique surtout un grand nombre des composantes de l’univers du Dune classique : la fièvre de l’épice d’Arrakis, remède à la terrible pandémie qui crée du même coup une accoutumance ; l’accentuation de la haine des machines pensantes ; la constitution d’un patrimoine génétique de l’humanité survivante par les sorcières de Ressak et leur transformation en Bene Gesserit du fait des transformations induites dans leur organisme par ce même mal ; l’aboutissement des recherches de Norma Cenva et la naissance des navigateurs difformes de la Guilde...
Si ce tome est la conclusion des événements narrés depuis deux volumes, il n’en laisse pas moins un goût d’inachevé. Certains personnages sont ainsi en partie sous-employés comparativement à leur place antérieure, ainsi des Cymeks d’Agamemnon, qui n’entrent véritablement en scène qu’après une bonne moitié du livre. Mais surtout, les intrigues et réflexions politiques manquent cruellement, et on ne peut se satisfaire des tendances mortifères de l’ensemble des protagonistes qui finissent, comme dans toute guerre, par se ressembler.
D’autant que c’est à la toute fin du livre que l’action s’emballe, devient véritablement palpitante (malgré certaines facilités scénaristiques comme pour l’assassinat d’Agamemnon ou la folie de l’Omnius premier), et que l’on comprend plusieurs des clefs futures du cycle classique de Dune, la naissance de la fonction d’empereur et de la Maison Corrino en souvenir de la bataille de Corrin, et l’explication de la haine entre Atréides et Harkonnen (plutôt bien menée, il faut le souligner), l’apparition du corps des Mentat ou des Fremen.
Les auteurs se sont même laissés une ouverture possible avec le dernier et mystérieux signal lancé par Omnius. Reste que le roman est à deux vitesses, en plus de manquer régulièrement de profondeur. C’est sans doute là le point faible de cette trilogie, qui, agréable à lire pour les amateurs du cycle d’Herbert, est assez vite oubliée sans laisser de traces fortes dans l’esprit du lecteur.