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Planète rebelle
dimanche 2 décembre 2001, par
Greg BEAR (1951-)
Etats-Unis, 2000
Fleuve Noir, coll. "Star Wars", 2000, 418 p.
Une fois n’est pas coutume, nous chroniquons sur Wagoo un des nombreux titres de la franchise Star Wars, qui n’a fait que se développer à l’excès depuis le succès de la trilogie de Timothy Zahn (intitulée pompeusement La croisade noire du jedi fou ). Si certains titres présentaient un réel intérêt en approfondissant l’univers de la série cinématographique (la trilogie de L’académie jedi, de Kevin J. Anderson, co-auteur de la préquelle de Dune avec Brian Herbert, ou Les ombres de l’empire, de Steve Perry), beaucoup -sinon la majorité- s’apparentaient plus à de la littérature jetable (un bon exemple : Le mariage de la princesse Leïa, ou Barbara Cartland à la sauce Lucas !).
Alors, quand un des grands de la SF américaine actuelle se prête à l’exercice, on ne peut qu’être intéressé. Surtout lorsqu’il s’agit de Greg Bear, auteur de Eon, Eternité ou L’échelle de Darwin ; celui-ci s’était d’ailleurs déjà livré à ce type d’exercice, avec Fondation et chaos, inspiré du fameux cycle d’Asimov. On pouvait toutefois être plus sceptique quand à la marge de manœuvre dont il allait pouvoir disposer pour rédiger un roman Star Wars, au vu du cahier des charges qu’il allait forcément devoir respecter...
Planète rebelle se situe chronologiquement trois ans après La menace fantôme, et sept ans avant L’attaque des clones. On retrouve Obi-Wan et son padawan Anakin en pleine formation sur Coruscant, mais toujours en proie à l’attraction du côté obscur (accentuée par le sentiment d’avoir abandonné sa mère). D’autres personnages nous sont également familiers, comme Mace Windu ou un Tarquin, alors âgé d’une trentaine d’années seulement, mais déjà au service de Palpatine. Autre élément qui brosse le fan de Star Wars dans le sens du poil, l’élaboration du premier projet d’étoile de la mort, par un proche de Tarquin, justement, l’ingénieur Sienar. Pour tenter d’améliorer la concentration et la discipline d’Anakin, le conseil jedi décide de l’envoyer, lui et son maître, en mission à l’autre bout de la galaxie, en quête d’une jeune jedi dont on n’a plus de nouvelles. Ils débarquent donc sur la planète Zenama Sekot, dont la particularité est de produire des vaisseaux spatiaux organiques, d’un niveau supérieur à ceux de la République.
Dans ce cadre finalement assez calibré, quels sont les apports de Greg Bear ? On peut penser que les descriptions des bas fonds et des côtés en pleine décrépitude de Coruscant, qui évoque le déclin de la Trantor d’Asimov, lui doivent beaucoup, comme ces compétitions illégales menées dans les zones d’expulsion des déchets de la planète vers l’espace. Surtout, l’écosystème de Zenama Sekot est sans aucun doute de son cru (évoquant d’ailleurs la Gaïa d’Asimov), et on regrettera simplement le côté trop antropomorphe des graines compagnes, à la limite du ridicule. Il va même jusqu’à reprendre l’idée, évoquée par Stapledon dans son Créateur d’étoiles, de planètes capables de voyager dans l’espace. Quant au côté purement Star Wars, il n’est pas dénué d’intérêt, puisque outre les allusions à la récessions économique que connaît la République, et à l’accord de paix qui a été passé entre elle et la Fédération du commerce, on perçoit le jeu ambigü du chancelier Palpatine, et les tentations d’Anakin vers le côté obscur, qui conduisent à son premier meurtre... Les éléments psychologiques d’Obi-Wan comme d’Anakin sont évidemment un peu plus développés que dans La menace fantôme, et on découvre même que l’ordre jedi a, comme l’Eglise catholique, connu des hérésies qui ont conduit à des scissions (en l’occurrence, la croyance en une Force uniquement douée de bonté, contradictoire avec l’aspect plus nuancé de la doctrine officielle).
Au final, on se retrouve avec un livre qui, certes, est très loin d’être un chef d’œuvre, mais parvient à être intéressant, surtout pour les fans de Star Wars, bien sûr, en attendant L’attaque des clones l’année prochaine... Gageons en tout cas que Greg Bear ne renouvelera peut-être pas l’expérience, ayant sans doute atteint les limites de ce genre d’entreprise de commande.