Le pas de Merlin

Jean-Louis FETJAINE (1956-)

Pays : France, 2002

Editeur : Belfond, 2002, 336 p.

Après sa séduisante trilogie des Elfes (Le crépuscule des elfes, La nuit des elfes et L’heure des elfes), Jean-Louis Fetjaine poursuit sa quête onirique en nous proposant cette fois-ci le premier volet d’un nouveau cycle, consacré au personnage de Merlin, dont le second volume, Brocéliande, devrait paraître l’année prochaine. Sans recycler de manière conventionnelle une trame désormais fort connue, il nous invite à partager sa vision du mythe arthurien, à mi-chemin entre la vision historique d’un Bernard Cornwell et les développements plus fantastiques d’un Stephen Lawhead, dont il est plus proche. On peut également rapprocher ce roman du cycle des Dames du Lac, de la regrettée Marion Zimmer Bradley : un des fils conducteurs du Pas de Merlin est en effet l’opposition entre l’ancienne religion " païenne " et un christianisme conquérant et intolérant, avec les mélanges qui peuvent s’opérer entre les deux cultes, comme lors de la cérémonie de guérison du père Blaise, orchestrée par des moines chrétiens...

Le roman se situe donc dans le contexte de la Bretagne du VIème siècle, en proie à de multiples invasions et à la division des royaumes celtes. La nécessité de désigner un nouveau chef suprême génère les traditionnelles rivalités, complots et trahisons. C’est ainsi que le roi Guendoleu de Cumbrie, dont le barde n’est autre que Merlin, et qui avait été choisi comme riothime, trouve la mort dans une embuscade montée par son rival Ryderc. C’est le début pour Merlin d’une longue odyssée initiatique, qui va l’emmener du mur d’Hadrien jusqu’au montagnes du Pays de Galles, accompagné de Blaise, confesseur de sa mère, la reine Aldan, veuve d’Ambrosius Aurelianus, le précédent riothime. Il y découvrira le secret de ses origines (qui permet de faire le lien avec le cycle des Elfes) et celui de sa destinée. Par la magie des mots, Jean-Louis Fetjaine nous entraine irrésistiblement dans ce monde imaginaire, désormais profondément ancré dans notre inconscient collectif, et qu’il parvient à renouveler avec brio, en modifiant radicalement le rapport entre Merlin et Arthur. Ses personnages évitent tout manichéisme, et les relations amoureuses qu’il met en scène (entre Merlin et Guendoloena, entre Guendoloena et Aedan) jonglent habilement avec le thème classique du triangle amoureux.

Tous les ingrédients d’un passionnant roman sont ainsi réunis, et les explications de l’auteur quand à la genèse de son histoire (par le biais de son avertissement, de sa chronologie et des indications bibliographiques) constituent un plus appréciable. Vivement recommandé à tous les amateurs de la légende arthurienne !