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Le fantôme de Canterville

vendredi 31 janvier 2003, par von Bek

Oscar WILDE (1854-1900)

Grande-Bretagne, 1891

Croire que Le fantôme de Canterville est seulement un conte pour enfant, c’est s’abuser foncièrement sur son auteur Oscar Wilde. Car derrière l’histoire de Sir Simon de Canterville condamné à errer post-mortem en quête d’une âme propitiatoire à même de verser quelques larmes fatales qui l’absoudront du meurtre de sa femme, semble se cacher toute une pastiche d’une époque.

Car enfin, le choc culturel qu’est la rencontre du fantôme anglais avec la famille américaine qui refuse de se laisser effrayer de quelques manières que ce fut - même dans le fameux rôle de Rupert le Téméraire ou le comte sans tête - et dont les jumeaux terrorisent le spectre, ne vaut pas seulement pour ses gags sur fond d’Extra-Détersif Pinkerton. Une seconde lecture mettra en évidence (au cas où par inadvertance et pour un motif inexplicable, cela aurait échappé lors de la première) une dérision du modernisme et du matérialisme américain, société de parvenus néanmoins sympathiques qui a cependant tout en commun avec la Grande-Bretagne, aux dires d’Oscar Wilde, hormis la langue. Et Wilde multiplie les piques contre les prétentions culturelles d’outre-atlantique.

Une troisième lecture peut amener à s’interroger sur d’éventuelles piques lancées par l’auteur du Portrait de Dorian Gray envers son propre pays et ses conventions qui ne l’ont pas épargnées durant sa vie. Pour matérialistes qu’ils fussent les Otis - faut-il voir un clin d’œil dans l’utilisation du patronyme de l’inventeur de l’ascenseur ?- ont un excellent fond et Virginia s’avère donner au fantôme le salut tant recherché, à la différence des Anglais empreints, pour ne pas dire englués, de morgue. En outre, la jeune fille ne finit-elle pas par épouser un des plus pure représentant de la noblesse ? Est-ce un appel à la collusion de la modernité et de la culture ?

Quant au fantôme en lui-même, sa personnalité, la diversité de ses rôles et de ses actes, tous ancrés dans une histoire gothique plus sanglante que flamboyante, peut-être, pure conjecture, conduit-il à une parodie de ce même romantisme anglais parfois exagérément gothique qui a pourtant produit des chef-d’œuvre mais aussi des livres, qui, s’ils sont intellectuellement intéressants, n’en souffrent pas moins d’une forme exagérément maniériste comme Frankenstein de Mary Shelley, ouvrage déjà ancien à l’époque où Oscar Wilde écrit son Fantôme de Canterville.

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