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La fille de la voleuse de rêves
dimanche 17 février 2002, par
Michael MOORCOCK (1939-)
Grande-Bretagne, 2001, The Dreamthief’s Daughter
L’Atalante, 2002, 384 p.
Enfin, un nouveau roman de Moorcock ! Traduit par Michel Pagel, qui plus est ! Et pour notre plus grand plaisir, le maître anglais renoue avec son méga-cycle du Multivers et du champion éternel, achevant la trilogie de von Bek, qui comprenait jusqu’à présent l’excellent Le chien de guerre et la douleur du monde et le plus mitigé La cité des étoiles d’automne (auxquels il est d’ailleurs fait allusion lorsque l’on découvre la bibliothèque familiale des von Bek). Après la guerre de Trente ans et la Révolution française, l’action démarre ici dans l’Allemagne hitlérienne, une incarnation dégénérée de la Loi, avec le descendant des von Bek, un albinos qui rêve de scènes de guerre d’un autre temps... La possession d’une antique épée familiale, qui intéresse beaucoup les nazis, férus d’un ésotérisme de pacotille, va l’entrainer dans une lutte avec son cousin Gaynor, devenu sympathisant nazi, qui l’entrainera dans un camp de concentration, puis à travers l’Allemagne aidé par un certain Oswald Bastable (tiens, tiens !), avant que l’on ne bascule carrément dans le fantastique, avec l’intrusion dans un monde souterrain quelque peu utopique, puis dans d’autres plans du Multivers...
Hélas, même s’il est plaisant de retrouver un univers partiellement connu, le roman, présenté comme le récit des souvenirs de von Bek, s’avère un peu bavard, et il faut un certain temps avant de réussir à se retrouver réellement captivé. Ce n’est qu’à partir du chapitre IX qu’on retrouve le souffle de Moorcock, la richesse du Multivers (avec la nouveauté des fiefs gris, zones qui échappent à la Loi et au Chaos), et que l’on fait le lien entre Gaynor et le cycle de Corum... Par ailleurs, on retrouve également Elric dont l’esprit va occuper un temps le corps de von Bek, le même genre de situation qu’avait connu Hawkmoon dans Le champion de Garathorm. On fait à son sujet une surprenante découverte, qui n’est d’ailleurs peut-être pas suffisament exploitée tout au long de l’ouvrage... L’ensemble du roman est truffé de références et d’allusions aux autres livres de Moorcock (la première trilogie de Corum, La forteresse de la perle d’Elric, etc...), et de ce fait, il sera sans aucun doute plaisant pour les habitués de l’auteur, mais probablement trop difficile d’accès pour des néophytes, auxquels on conseillera plutôt de commencer par les cycles d’Elric ou d’Hawkmoon. Un roman agréable, mais qui réutilise surtout les innovations des précédentes œuvres de l’auteur : on aurait apprécié des découvertes plus poussées et plus originales. Il n’y aurait qu’un pas à faire pour considérer La fille de la voleuse de rêves comme un ouvrage en forme de testament, mais on attendra avec intérêt la suite des aventures d’Elric, annoncée voici déjà quelques temps...