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ALIEN3

Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir

mardi 1er février 2005, par Francesco, le mage Kélé

David FINCHER (1962-)

Etats-Unis, 1992

Sigourney Weaver, Lance Henricksen, Charles Dance, Charles S. Dutton, Pete Postlethwaite, Brian Glover

Ripley est à peine sortie de la dépression vécue dans Aliens qu’elle va y replonger, encore plus profond. A tel point qu’elle va contaminer la pellicule, saturée de noirs et de caca d’oie. Avarie sur le vaisseau qui la ramenait sur Terre. Evacuation sur la navette de secours. Qui s’écrase dans un coin sympa : un pénitencier presque désaffecté fréquenté par une poignée d’assassins et violeurs tendance mystique. Ripley se retrouve seule survivante. Le caporal Hicks, qui semblait doué d’intelligence, est mort (Au fait, quelqu’un sait-il ce qu’a fait Michael Biehn après Terminator et Aliens ?). Newt, la gamine, est morte aussi. L’androïde Bishop, déjà mal en point, est parti pour la casse. Heureusement, la bébête tueuse était du voyage sous sa forme de pieuvre. Tout de suite, on se sent moins seul. Enfin, façon de parler. Ripley est malade, son seul petit ami de toute la saga se fait rapidement tuer, elle est épargnée par l’alien, elle a des hallucinations, son ton ironique réapparaît. Et, confetti dans la pénombre, elle a un polichinelle dans le thorax. Une reine, en plus (ce qui doit expliquer la très lente durée de gestation). Bref, elle a tout perdu et elle sait qu’elle va mourir.

En gros, donc, le sujet, c’est la mort, la mort, la mort. Le seul point qui ne soit pas cafardogène, c’est que certains personnages font le choix entre une mort soumise et une mort héroïque. C’est dire si on se tient les côtes. Même Bishop, un moment ressuscité dans une reprise de la scène de réactivation d’Ash du premier film, même Bishop, donc, va demander à être euthanasié. Paradoxe, le seul tueur infaillible, la bébête, refuse d’achever Ripley sous prétexte qu’elle est enceinte de la future reine. L’espace est vraiment mal fichu de nos jours. Les détenus eux-mêmes s’avèrent plutôt pacifiques, pas très psychopathes en tout cas, malgré leur lourd passé. La religion ne semble pas les avoir arrangés. Les marines n’avaient pas tenu longtemps, alors eux... Les hommes de la Compagnie tenteront, par le biais d’un Bishop bis ("bishop" = "évêque" en anglais. Rire. C’est aussi le fou aux échecs. Re-rire), de faire revenir Ripley sur le chemin de la vie. Mais elle sait que c’est un leurre et que ce n’est pas sa vie qui les intéresse. (Oui, c’est ça, vous avez trouvé, Ripley suit un parcours plus ou moins christique.)

En tout cas, David Fincher en rajoute dans le pathétique, jusqu’à demander à Ripley de se mettre dans la position du Christ en croix au moment d’une demande de suicide assisté. Le film est ponctué par deux parallèles naissance-mort, les naissances en question étant elles aussi noircies puisqu’il s’agit d’aliens. Lors de la crémation de Newt et Hicks, l’alien s’extirpe d’un chien parasité (comment ça, on a déjà vu ça dans The Thing ?) et, le suicide de Ripley est concomitant à la naissance de la reine. L’innovation intéressante de ce film est, outre la nouvelle forme de l’alien liée à son origine canine, les plans déments obtenus grâce à une focale de 65 mm afin de figurer la vision qu’a la bête de son environnement. Le réalisateur se permet également de défier la pesanteur, ce qui rapproche encore l’alien de l’araignée. Les toiles de résine du deuxième film incitaient déjà à faire le lien. A part ça, la messe est dite.

Messages

  • Je pars toujours du principe que plus une série dure et moins elle est valable. Ce principe, qui se vérifie dans de nombreux cas, s’adapte à plein de choses y compris et surtout au cinéma. La saga des Aliens fait exception à cette règle avec ce 3ème volet*. Renouant avec l’univers glauque d’un futur plein de bestioles aussi baveuses qu’hostiles, David Fincher nous offre ce que je trouve être un bon Alien.

    Mais, je l’avais cité dans ma critique d’Alien la Résurrection, le premier écueil du film est de commencer par une incohérence de scénario. J’entends déjà ceux qui me diront que je me bat contre des moulins à vent. Peut-être. Mais en attendant, paradoxe il y a.

    Quel paradoxe ? Souvenez-vous... Aliens (deuxième volet de James Cameron**), fin du film, après une éprouvante mission de survie nos héros remontent à bord du Sulaco. Dernier retournement de situation, la reine avait pu s’agripper au train d’atterrissage de la navette au moment d’une embardée survivant du même coup à l’explosion de la colonie Hadley’s Hope. Empalement de Bishop, baston et finalement éjection dans l’espace... Ouf, finalement TOUT est finit. Oui mais non...

    Figurez-vous que la reine, über rapide et surtout vachement discrète, a réussi à aller pondre un œuf à l’autre bout du vaisseau sans son appareil reproducteur. Le tout dans les deux minutes séparant le moment où la navette se pose de celui où elle se décide à attaquer. Tous les clans ninja du Japon, si vous nous regardez... Triste raccourci scénaristique que voilà, ô combien indigne d’un Alien. Tout ceci fait que la saga doit être vu en deux parties : les films 1 et 2 et séparément les 3 et 4. La jonction entre le 2 et le 3 étant un peu mauvaise. Or, si comme moi on n’aime que les trois premiers volets, on se retrouve avec un volume trois un peu tout seul dans son coin, ce qui est fort dommage.

    Bon, ce n’est pas le premier film qui utilise ce genre d’artifices. Passons donc. Là où Cameron était parti dans une optique plus guerrière/action/boum boum avec une équipe sur-armée (qui se fait certes "torcher le cul" pour citer Hudson, le si délicat marine colonial joué par Bill Paxton), Fincher préfère renouer avec l’esprit d’origine du film : un bon vieux huis clos, avec un tueur sans pitié et une équipe de pauvres types isolés, un poil ravagés, sans armes et sans entraînement. Autant dire que ça s’annonce très mal. Le scénario est effectivement simple, un peu comme les autres, et on ne s’attardera pas dessus.

    Ce que j’ai particulièrement apprécié est le lieu. Une colonie pénitentiaire peuplée de givrés à chromosomes double Y. Bon il est vrai qu’ils ne sont pas si fous que ça. On aurait été en droit de s’attendre à des attitudes un peu plus violentes et désaxées du genre de celles que l’on peut voir dans la série Oz***. Mais le décor est planté et il est crédible. Un endroit glauque au possible avec un complexe très complexe grouillant de couloirs, galeries, portes mal fermées et j’en passe, moi, j’adore. Que du bonheur pour un petit alien fraîchement débarqué. Nous revoilà dans le bon vieux Nostromo avec juste plus de viande à bouffer mais toujours aussi peu d’oreilles pour vous entendre hurler. Les effets spéciaux sont au rendez-vous tout en restant assez discrets ce qui est un plus. J’ai été aussi agréablement surpris par la vision de l’alien lorsqu’il cavale sur les plafonds après son déjeuner.

    Pour ce qui est des symboliques, je ne suis pas particulièrement sensible à ce genre d’aspects même si je reconnais leur usage ici. Disons que ça ne m’a pas choqué outre mesure, et pourtant je ne suis pas un modèle de tolérance sur les clichés.

    Au final c’est un bon film, on y passe un bon moment et surtout on aurait aimé que ce soit le dernier de la série. Car finalement tout s’y fini. Les derniers aliens sont morts****, l’héroïne est morte et l’humanité est sauvée d’une éventuelle invasion de cancrelats acidifiés. Une fin de saga ma foi bien amenée. On regrettera juste que M. Jeunet y soit venu mettre son grain de sel...

    * : le volet 4 par contre, validera cette même théorie.

    ** : que je critiquerais aussi tantôt, le film et peut-être le réalisateur.

    *** : série pénitentiaire violente et malsaine, dont le premier épisode fut diffusé en Juillet 1997.

    **** : le jeu vidéo Alien VS Predator (PC) exploitera une ouverture laissée dans le Aliens de Cameron pour relancer à nouveau l’aventure, avec un certain succès.

    • Je suis d’accord avec toi en ce qui concerne ce film. Sauf au niveau de la dite incohérence.
      Il ne fait presque aucun doute que ce que nous raconte ce cher Bishop quand il est réactivé, enfin, la façon dont il le raconte, laisse présager que la reine n’a pas pondu. C’est Bishop, et ça j’en suis presque sûr, qui a rapporté l’oeuf à bord de la navette. Ce qui me fait penser ça c’est qu’il reste très vague sur la façon dont s’est passé "l’accident" avant le crash. Il parle de dis-fonctionnement...mais sans être capable d’en préciser la cause. Etant un androïde de la compagnie il se peut que celle ci, pendant Aliens, lui ai envoyé un nouvel ordre (par ailleurs quand Ripley lui demande si ils étaient seuls dans la navette, là aussi la réponse est vague...à mon sens).
      Le 4eme Opus n’est pas si catastrophique que tu le laisse prétendre. Certes, voir une reine se faire zigouiller par une créature aussi ridicule au début ça m’a fait dire la même chose.
      J’ai lu dernièrement un article analytique sur la série Alien...ils y faisaient un rapprochement Alien/sexe, confirmé par Ridley Scott...c’était trèèèèèèèès instructif !
      A bonne entendeur !
      OUIIIIIIIIIIIIIIIIK (cris d’Alien mourant)

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