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Dreamaricana

dimanche 6 avril 2003, par Maestro

Fabrice COLIN (1972-)

France, 2003

J’ai Lu, collection "Millénaires", 450 p.

Fabrice Colin, auteur avec Mathieu Gaborit des Confessions d’un automate mangeur d’opium, retrouve dans ce nouveau roman un univers steampunk, avec un talent qui surpasse nettement le premier essai. La technique narrative mérite d’emblée d’être signalée, tant le collage pratiqué, mêlant descriptions classiques, flash-backs, témoignages, critiques de romans fictifs ou extraits de ces mêmes romans, et même dessins, parvient à stimuler en permanence l’intérêt du lecteur, sans jamais le perdre dans une quelconque bouillie trop complexe. L’intrigue de Dreamericana est centrée sur Hades Shufflin, auteur de SF à succès vivant dans un avenir alternatif proche, et dont le prochain livre doit carrément être porté à l’écran par un Stanley Kubrick qui a échappé à la mort, contrairement à sa destinée dans notre univers. L’exposition de la dépression qui le frappe, matérialisation de l’angoisse de tout écrivain, est donc entrecoupée de rappels de sa vie antérieure, et d’évocations de son principal cycle steampunk.

Celui-ci, Le cycle d’Antiterra, est une fresque ambitieuse qui décrit l’industrialisation forcenée du monde suite à l’intrusion d’une nouvelle matière, le psychonium ; cette innovation, apparue le 1er décembre 1851, est liée à l’arrivée simultanée de deux groupes d’êtres supérieurs : les Voyageurs, explorateurs temporels désireux de remonter le cours du temps pour atteindre Dieu, et les Gardiens, mystérieuses entités dont l’objectif est d’empêcher les Voyageurs d’atteindre leur but. Dès lors, les Voyageurs ne vont avoir de cesse de poursuivre leur odyssée vers l’origine des temps en détruisant Antiterra, tandis que les Gardiens vont tout faire pour les contrecarrer. Les humains deviennent ainsi les pièces d’un jeu d’échecs grandeur nature qui les dépasse. Le point culminant du livre de Fabrice Colin est atteint avec la passionnante mise en abyme qu’il nous propose, puisque le vingt-et-unième volume du cycle, justement nommé Dreamericana, est enchassé dans l’ouvrage de chez J’ai Lu, à la manière du Rêve de fer de Norman Spinrad. Nous ne résumerons pas ici son contenu, vision steampunk à la fois ample et riche, servie par le style déjanté de l’auteur (mais lequel ?).

On pense à La part des ténèbres, de Stephen King, à La patrouille du temps, de Poul Anderson, et à bien d’autres ouvrages, mais la force de Fabrice Colin est de ne jamais en rester prisonnier, et de mettre sa culture science-fictive et son imagination débordante au service d’une intrigue classique sur le fond, mais de haute volée dans la forme. Un excellent livre, qui dépasse le simple cadre du steampunk, mais mérite malgré tout de figurer parmi les fleurons de ce genre dans sa déclinaison française. Incontournable.

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