ALIENS LE RETOUR

James CAMERON (1961-)

Etats-Unis, 1986

Sigourney Weaver, Michael Biehn, Lance Henricksen, Bill Paxton, Jenette Goldstein

Bon, Ripley a fait exploser son vaisseau, largué la bébête de la navette de sauvetage et plongé dans un sommeil réparateur avec le chat (Jones). Et après ? James Cameron reprend les rênes pour raconter la suite. La navette de Ripley n’est retrouvée que 57 ans après la fin de la première histoire. L’héroïne, toujours vivante, n’a pas pris une ride grâce à l’hibernation (le chat non plus), mais est sérieusement traumatisée (elle a vu le loup), d’autant que personne ne la croit. Ce sera d’ailleurs le fil rouge de ce film : Ripley va devoir, seule, faire face à ses peurs, au propre comme au figuré, et les terrasser. Heureusement pour elle, la Compagnie a décidé de coloniser la planète où le Nostromo a détecté le vaisseau contenant les œufs d’aliens. C’est pain bénit pour les bébêtes qui vont féconder et décimer ces humains tout frais.

Car, comme le "s" l’indique, dans Aliens, il y a plus de bébêtes que dans Alien. Beaucoup plus. De son côté, Ripley ne retourne pas seule sur la planète LV4-26 (c’est son nom). D’ailleurs, elle n’est pas très chaude. Avec elle partent une bande de marines armés jusqu’aux dents (et caricaturaux jusqu’aux dialogues fanfarons. Ils ne deviendront sérieux que très tardivement). Mais il y a aussi un membre de la Compagnie et un androïde. Pas ce qu’on fait de mieux pour surpasser un traumatisme dans lequel un androïde à la solde de ladite Compagnie a une bonne place. La première patrouille tourne à la sévère déculottée. Mais Ripley découvre une survivante, la petite Newt. Elle va devoir surmonter ses peurs afin d’aider l’enfant, qui est encore plus traumatisée qu’elle.

Et on la comprend : à son très jeune âge, elle vient de découvrir que les adultes peuvent contenir le mal et la mort, malgré leur apparence (la lecture du film au sens figuré est très riche de ce point de vue). On s’éloigne du côté ironique du personnage de Ripley pour découvrir son aspect mère poule. Elle va aller chercher Newt au cœur de l’antre de la bête et la défendre bec et ongles contre la reine Alien (elle-même en colère après la destruction de sa progéniture). La violente scène du combat final arrive donc à point nommé.

Côté réalisation, pour pallier le nombre de personnages qui a augmenté, James Cameron utilise l’astuce de la caméra embarquée (quand le soldat est perdu, la caméra s’éteint). Et quand Ripley sera à son tour dans le repaire des aliens, Cameron utilisera encore la caméra subjective, en écho. Visiblement, le réalisateur s’est senti obligé de reprendre certaines séquences-clefs du premier film. La scène du détecteur qui indiquent plein de bébêtes alors qu’elles restent invisibles : le truc est le même mais le montage change, tous les survivants étant barricadés ensemble ; la caméra reste donc avec eux. La scène du compte à rebours avant l’explosion du décor : le décompte est d’ailleurs assez mal suivi, parasité par la mission commando de Ripley en plein nid des aliens. La scène de l’évacuation de l’ennemi : si elle est plus grandiose que dans le premier film, elle n’en est pas moins incohérente (sans combinaison, Ripley résiste à l’appel du vide par la force de ses petits bras).

L’autre angle d’attaque du film, c’est la guerre, qui permet de surenchérir sur le premier film et de changer de rythme. Des soldats expérimentés ont à affronter des créatures nombreuses, impitoyables, expertes en camouflage et capables de tuer même quand elles sont mortes (grâce à leur sang-acide qui jaillit aux impacts de balles). Au final, la leçon de cinéma d’Alien semble parfois mal assimilée mais Aliens est un film relativement logique, jouant à la fois la continuité et la surenchère, puisqu’il était difficile d’être original. Avec un grand merci à la Compagnie qui jouera au con jusqu’au bout (et même plus) afin de donner du liant.