Accueil > TGBSF > H- > L’héritage de la nuit

L’héritage de la nuit

Le mage de Salem

mercredi 10 mai 2000, par Maestro

Wolfgang HOHLBEIN (1953-)

Allemagne, 1987, Der Hexer von Salem

Oriflam, 2000

Avec ce deuxième volet des aventures de Robert, le mage en devenir, on retrouve la même structuration que dans le premier volume, à savoir une succession chronologique de quatre nouvelles, qui ont toutes la particularité de commencer par un récit mettant en scène d’autres personnages que les " héros ". La première, " Dans l’ombre de la bête ", est la suite directe de " La maison au bord du temps ", puisqu’on retrouve Robert, son mentor HPL et le fidèle serviteur de celui-ci, Rowlf, de retour dans la petite ville écossaise de Durness pour y récupérer les affaires d’Andara perdues dans le naufrage du bateau qui l’avait amené d’Amérique avec son disciple.

La deuxième, " Ces livres qu’écrivit Satan ", en dépit de ce titre risible, est intéressante car elle ouvre des perspectives pour la suite. Yog Sothoth, considéré finalement un peu comme l’éclaireur des Grands Anciens, parvient à faire revenir dans le monde 13 de ses congénères, qu’il faudra réussir à mettre hors d’état de nuire. Ceci dit, l’histoire en elle-même manque d’originalité, et se révèle fort peu captivante : après une entrée en matière alléchante, qui tourne autour du Nécronomicon, on se retrouve avec des villageois hostiles, un exorcisme tout à fait classique, le tout avec quelques longueurs.

En fait, cette lenteur se retrouve dans la progressive découverte de ses capacités et de l’insoutenable vérité sur les Grands Anciens par Robert Andara, HPL se révélant être un professeur particulièrement prudent ! Plus désagréable, on se trouve parfois agacé par le fait que l’on comprend certaines choses avant le héros lui-même, un décalage qui ne profite pas au récit.

D’ailleurs, les troisième et quatrième nouvelles, " Les arbres-démons " et " Jours de démence ", plutôt creuses, n’ont qu’un intérêt fort limité. La première narre la fuite de nos héros de Durness, et leur refuge forcé dans la maison où " Ces livres qu’écrivit Satan " avait débuté, avec l’encerclement par les sus-nommés arbres démons. Quant à la dernière, elle relate seulement les efforts de Robert pour retrouver sa bien aimée Pryscilla, sur fond de rite démoniaque. En fait, et malgré quelques passages dans lesquels Hohlbein réussit à instaurer de la crainte, les thèmes développés se rattachent plus à de l’horreur (trop) classique qu’au mythe de Cthulhu. Seul le rôle encore mystérieux d’Andara, le père adoptif de Robert, suscite la curiosité.

Quoi qu’il en soit, Wolfgang Hohlbein continue à enrichir ponctuellement le mythe en apportant ses propres interprétations, sur les shoggoths en particulier, qui avec lui, peuvent prendre l’apparence d’être humains, et dont il essaye même en partie d’explorer la conscience. Mais l’effet de surprise et l’intérêt du premier volume ne sont pas transformés, et on attend dubitativement le troisième, en espérant que le final de celui-ci, les retrouvailles de Robert et de son amour, ne fassent pas sombrer le cycle dans la mièvrerie. Signalons pour terminer qu’une courte interview de l’auteur complète le volume. Seul regret : elle date de 1992, et n’aborde absolument pas la façon dont Hohlbein appréhende l’œuvre de Lovecraft et comment il s’y intègre.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?