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L’ombre de l’Hégémon
Le cycle de Bean, t.2
mercredi 1er octobre 2003, par
Orson Scott CARD (1951-)
Etats-Unis, 1999, Shadow of the Hegemon
L’Atalante, 2002
L’ombre de l’Hégémon débute immédiatement après le diptyque La stratégie Ender / La stratégie de l’ombre. Tandis que Ender s’envole vers les étoiles (et un lointain futur), Bean et les autres enfants stratèges reviennent sur Terre... Où toutes les tensions internationales qui s’étaient tues durant la guerre avec les doryphores renaissent. Les enfants stratèges, élite militaire de la planète, sont évidemment convoités par toutes les puissances. Et la présence d’Achille à la tête du camp opposé à Bean ne rendra l’affrontement que plus impitoyable.
Une Postface monstrueusement imbue d’elle-même (et par conséquent, prodigieusement drôle, au même titre que les interviews de Jean-Claude Van Damme) nous fait comprendre que Card s’imagine être en train d’écrire rien moins que le La guerre et la paix du XXIè siècle. L’ennui, c’est que Card a réussi à faire encore pire que tout ce qu’il a écrit précédemment. Ses anciens défauts (l’incapacité à installer le suspense, et la tendance à truffer son discours de prêchi-prêcha mormon) sont toujours présents - encore plus qu’avant, d’ailleurs - et cette fois-ci il ne parvient pas à éviter l’erreur fatale. Car l’écrivain qui veut faire intervenir un surhomme dans ses histoires doit toujours faire attention à ne pas faire passer tous ses autres personnages pour des simples d’esprit ou des avortons. Non seulement Card tombe dans ce travers, mais en plus même ses surdoués de l’Ecole de Guerre ne sont franchement pas brillants.
Le summum du livre (après que la plupart des élèves - sauf Bean, évidemment - soient tombés dans le piège que le lecteur avait prévu dès le début du roman) survient lorsque Achille parvient à réconcilier l’Inde et le Pakistan en un quart d’heure, avant de pousser tout l’Etat-Major indien à faire une bourde que le premier des bidasses du sous-continent éviterait déjà aujourd’hui. De quoi beaucoup rire, en lisant ensuite, dans la Postface : " (Les romanciers) possèdent rarement le fonds de connaissances factuelles et la compréhension des forces historiques nécessaires pour entourer leurs personnages d’une société plausible".
En résumé, on a là un condensé de scénario simpliste, de bonne morale chrétienne appliquée au monde entier, et de géostratégie à deux centimes d’euros. Un splendide livre de chevet pour George Bush junior !!!