Accueil > TGBSF > G- > La grande séparation

La grande séparation

vendredi 13 avril 2001, par Maestro

G.-J. ARNAUD (1928-2020)

France, 1971-1973

Fleuve Noir, 2000

Fleuve Noir poursuit le processus de modernisation de ses publications, et nous offre des volumes de qualité, consistants et bon marché. En plus de bénéficier de la réédition de sa série de La compagnie des glaces, le prolifique G. J. Arnaud a droit à la redécouverte de certains de ses ouvrages plus anciens.

Avec La grande séparation, nous avons donc accès aux premiers écrits de l’auteur dans le domaine de la science-fiction. Qui plus est, la trilogie initiale s’est vue complétée par un quatrième et dernier volet, écrit cette année, et une postface de Roland C. Wagner apporte de passionnants éclairages sur ce cycle.

Tout commence sur la planète Mara, une ancienne colonie de la Terre, qui est entrée en guerre avec elle il y a des années de cela. Sa défaite a conduit à une éradication quasiment complète de la technologie, et à la mise en place d’une ceinture autour de la planète, qui a la particularité de faire en sorte que le temps s’écoule dix fois plus vite sur Mara que dans le reste de l’univers (une punition à double tranchant, car pouvant permettre un développement accéléré). Avec le premier roman, Les croisés de Mara, on assiste au parcours initiatique de Laur, à la découverte progressive des ressources de la science et du passé de son monde. Bien rythmé, ce récit mélange habilement religion et connaissances scientifiques, sur fond de luttes pour le pouvoir dans un monde post-apocalyptique extra-terrestre.

Avec Les monarques de Bi, Laur et ses amis quittent Mara dans le but de rallier la Terre, mythique planète des origines, un peu de la même manière que dans Terre et Fondation d’Asimov. Mais ils sont contraints de faire escale sur une planète voisine, Bi, encore aux mains de la Fédération galactique... bien que cette dernière n’apparaisse que de façon lointaine dans les quatre romans. Le grand intérêt de ce deuxième volet réside dans la mise en place d’un écosystème original, basé sur l’alliance entre une végétation intelligente, des humanoïdes dénués de tous blocages psychologiques et une espèce animale, curieux croisement entre des poux et des taupes. En parallèle, on assiste également à l’opposition entre cette population humanoïde autochtone, entièrement non-violente, et les troupes de la Fédération ; mais dans ce cadre colonial, G. J. Arnaud n’évite pas toujours la caricature, en particulier dans le personnage du commandant des troupes terrestres. On appréciera toutefois son plaidoyer anti-colonialiste.

Lazaret 3 est dans l’ensemble moins réussi. On retrouve encore une fois nos héros, le couple sans l’androïde cette fois, coincés dans une sorte de gare de triage intergalactique, qui ressemble à un bagne plutôt qu’à une antichambre permettant d’accéder à la Fédération. Mais plus que les blocages de l’administration bureaucratique supposée, ce qui intéresse l’auteur, c’est la population fort disparate de ces amas d’épaves reliées entre elles tant bien que mal. On retrouvera d’ailleurs cet intérêt pour les populations déclassées, marginales, dans les volumes de La compagnie des glaces. Plusieurs tableaux nous sont donc proposés, mais l’intrigue en elle-même reste d’un intérêt très limité et superficiel.

Fort heureusement, pour ne pas nous laisser sur cette désagréable sensation d’inachevé, G. J. Arnaud s’est fendu d’un dernier volet, Les Ganethiens, qui nous ramène sur Mara, une habile façon de boucler la boucle. Accompagné d’un bureaucrate de Lazaret 3, Laur et ses compagnons renoncent donc à retrouver la Terre, et acceptent de revenir sur leur monde, où plus d’un siècle s’est écoulé. Tout un plan va alors être imaginé pour faire passer le dit bureaucrate pour un dieu aux yeux des habitants de la planète, qui a été maintenue dans un relatif archaïsme par ceux-là même qui avaient mené la croisade en faveur du progrès perdu, illustration supplémentaire de cette terrible dialectique de la révolution / contre-révolution. Le problème qui se pose est que les envoyés du vaisseau ne subissent pas le même écoulement de temps que les Maraniens, qui leur apparaissent donc en ralenti... Voilà de quoi imaginer de cocasses situations, et de nous amener progressivement à la naissance d’une révolte populaire qui renverse la théocratie, bien qu’elle ait été provoquée d’en haut et de l’extérieur. Un cycle de " jeunesse " qui ne manque donc pas d’intérêt, se lit toujours agréablement, mais qui aurait pu être plus exploité et développé que les quatre volumes existant.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?