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L’invasion des profanateurs

Jack Finney et les haricots magiques

samedi 4 octobre 2003, par Francesco, le mage Kélé

Jack FINNEY (1911-1995)

Etats-Unis, 1955, Invasion of the Body Snatchers

"Il m’arrive de penser que, de nos vies, nous chassons peu à peu toute humanité," remarque le narrateur de l’Invasion des profanateurs. Et, dans ce roman, nous ne sommes pas les seuls à le faire. Pour mettre en lumière cette disparition, Jack Finney a choisi de se cantonner à une petite ville de Californie, de celles dont on dit qu’elles sont toujours pareilles. Et c’est avec beaucoup de finesse qu’il décrit les rues, les habitations et enfin les gens dans la perte de ce qui faisait leur humanité.

C’est l’histoire d’une invasion extraterrestre sans petits hommes verts ni violence. La population de Mill Valley est progressivement mais inéluctablement remplacée par des copies conformes, à l’émotion près. Jack Finney attendra la fin du texte pour véritablement définir comment se déroule la substitution. Il préfère - et c’est tout à son honneur - se concentrer sur les interrogations que se posent le narrateur, Miles, et ses proches amis.

Miles Bennell est un jeune médecin, donc un type plutôt rationnel. Aussi, quand plusieurs personnes viendront lui affirmer que des personnes de leur entourage ne sont plus ce qu’elles étaient, il va d’abord plaider l’hallucination collective. Et, jusqu’au bout, on sent ce désir que tout soit explicable par autre chose qu’une implacable invasion extraterrestre. Notamment parce que Miles aimerait bien conclure avec Becky Driscoll, dont il nous vante les jolies rondeurs. Et, ô horreur, s’il est remplacé par une copie, il n’aura plus aucun goût pour le sexe, notamment. C’est humain.

Adapté trois fois au cinéma, pour faire la propagande de l’anticommunisme, dans un but écologiste ou tout simplement pour faire peur, ce livre ne justifie pas l’invasion par une idéologie quelconque. Il ne s’agit nullement d’amener une paix paradoxale sur terre. Non, si les cosses à dupliquer les gens se développent, c’est uniquement parce que c’est leur raison d’être et qu’elles ont trouvé un terrain propice à leur survie. Dans ce livre, les copies ne poussent pas leur effrayant cri et les camions poubelles ne passent pas ramasser les restes gris des originaux. Mais, même dépourvue de ces détails horrifiques, cette description d’une disparition de l’humanité, au propre comme au figuré, fait froid dans le dos.

Adaptations au cinéma :

- L’invasion des profanateurs de sépultures, Don Siegel, 1956, avec Kevin McCarthy, Dana Wynter, Larry Gates, King Donovan

- L’invasion des profanateurs, Philip Kaufman, 1978, avec Donald Sutherland, Brooke Adams, Jeff Goldblum, Leonard Nimoy, Veronica Cartwright

- Body Snatchers, Abel Ferrara, 1993, avec Gabrielle Anwar, Terry Kinney, Billy Wirth, Forest Whitaker, Meg Tilly

- L’invasion, Oliver Hirschbiegel, 2007, avec Nicole Kidman, Daniel Craig

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