ASTERIX ET OBELIX CONTRE CESAR

Claude ZIDI (1934-)

France, 1998

Christian Clavier, Gérard Depardieu, Laëtitia Casta

Vous vous demandez peut-être ce que la critique de ce film fait sur un site consacré au fantastique, à la SF et à l’horreur. La réponse est simple et tient en trois mots : la potion magique. Il y a aussi notre souhait d’éclectisme et un petit faible pour ces histoires qui m’amusent beaucoup depuis ma naissance. Et puis cette immense déception dans la salle !

Ça avait pourtant bien commencé puisque la bande-annonce de La Menace Fantôme venait d’envahir l’écran et mon cœur par la même occasion. Puis c’est le déluge de couleurs, très criardes qui durera pendant une heure et demie qui en paraît deux. La musique est correcte, celtisante, et finalement assez répétitive. Les acteurs sont quasiment tous à la hauteur sauf Christian Clavier (Astérix) à qui il va falloir apprendre à ne plus doubler les consonnes façon Jacquouille et Lætitia Casta (Falbala) qui est là pour faire joli (mais ce n’est pas sa faute). Seul Depardieu s’en sort bien dans le rôle d’Obélix (il faut dire qu’il est à l’origine du projet). Mais on peut expliquer la médiocrité de l’ensemble du film, malgré la présence de nombreux talents (Daniel Prévost en devin, Sim en Agecanonix, Jean-Pierre Castaldi en centurion...), par l’absence totale d’un scénario cohérent.

En fait Claude Zidi a commis plusieurs erreurs : d’abord ne pas faire appel à Albert Uderzo (le dessinateur) et Pierre Tchernia (derrière les adaptations en dessin animé), René Goscinny (scénariste original dans tous les sens du terme) étant excusé depuis un bout de temps pour cause de décès. Ensuite, essayer de jouer sur les références des spectateurs, ce côté patchwork de l’histoire pourrait à la rigueur intéresser si les petits bouts d’albums qu’on retrouve deci-delà formaient un ensemble qui ait du sens. On ne s’ennuie pas vraiment en voyant Astérix et Obélix contre César, on se dit seulement que ç’aurait pu être tellement mieux, surtout quand on a en mémoire l’humour si particulier des albums, qu’on retrouve dans les dessins animés, et transformé ici en gags certes bien amenés mais inintéressants. Ça fait mal de voir un Astérix qui a perdu sa ruse, plein de personnages très joliment faits qui n’ont pas le temps de s’exprimer (en hurlant de toute façon), un chien qui change de propriétaire, un remake douteux de Fort Boyard, l’apparition d’une superpotion magique à qui on n’a rien demandé...

Mais pour se remettre de ce gâchis, hormis la lecture de quelques albums et la vision des Douze Travaux d’Astérix, je vous propose de lire ce que les Italiens ont fait de ce « petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur ». Il s’agit d’une aventure de Martin Mystère (Glénat pour l’édition française), à qui la fille d’un certain Marcel René (Marcel sans doute pour Gotlib qui a collaboré avec Goscinny aux Dingodossiers), « auteur de la célèbre BD Astérix », vient demander d’enquêter sur un village, quelque part en Bretagne, où, à quelques siècles d’intervalle, une légion romaine puis une escouade du Troisième Reich se sont fait méchamment décimer. Dans ce village vivent entre autres deux personnages bien connus, qui boivent l’eau d’un puits aux vertus magiques (oui, le gros est tombé dedans quand il était petit !), et qui réagissent étrangement aux lunaisons, si vous voyez ce que je veux dire. Et ce n’est pas la dernière des surprises de cette relecture jouissive (manquant tout de même d’humour mais apparemment c’est inhérent à la série).

Mais je n’en dis pas plus pour ne pas déflorer l’histoire. Il paraît qu’un deuxième épisode cinéma d’Astérix est en route, pourquoi ne pas chercher à sortir des sentiers battus ?