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L’étrange cas du Dr. Jekyll et de M. Hyde
vendredi 26 octobre 2001, par
Robert Louis STEVENSON (1850-1894)
Ecosse, 1886, The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde
Bien que le XIXe siècle soit le siècle du positivisme et de la science triomphante, il s’est quand même trouvé quelques empêcheurs de tourner en rond pour en souligner les lacunes, sans penser à mal le plus souvent. Dans l’oeuvre de l’auteur de L’île au trésor, L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde fait figure d’exception, Stevenson faisant incursion dans le domaine de la science et du fantastique.
De la science puisqu’il souligne le problème du conscient et du subconscient, un des problèmes majeurs de la psychanalyse alors balbutiante, associé à la compréhension de la nature du bien et du mal. Du fantastique, puisqu’il met en scène une métamorphose réversible et répétée provoquée de manière contrôlée... du moins au début.
Mais n’anticipons pas. L’histoire du Dr Jekyll et de Mr Hyde est bien connue, surtout au travers du cinéma. Pourtant les multiples adaptations accomplies le furent à partir de la pièce de l’Américain T. Russel Sullivan (1887), lequel introduisit dans l’histoire une catégorie de personnage quasiment absente du roman de Stevenson : les femmes. Il est donc nécessaire de faire une mise au point.
En suivant Mr Utterson, avoué de son état et ami du Dr Jekyll, le lecteur est amené à découvrir progressivement les évenements qui conduisirent Henry Jekyll à se transformer en Mr Hyde, ainsi que les malversations de ce dernier. Le Dr Jekyll est un éminent médecin quinquagénaire, célibataire endurci, vivant à Londres. Bridé par son éducation et la morale de son époque, il est contraint pendant toute sa vie à réprimer ses envies de stupre jusqu’au jour où ses travaux lui permettent de devenir Mr Hyde, personnage physiquement et moralement très différent. En endossant sa seconde personnalité, il peut ainsi assouvir sa dépravation mais il en perd le contrôle tout en restant conscient de ses actes.
Plus qu’un roman sur la science, L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde est un roman victorien sur la société victorienne où se cotoient et s’ignorent faussement la plus haute éducation et la pire bassesse avant de se réunir dans la vie noctambule du Londres brumeux. Le bien semble alors une notion forcée par l’éducation reçue.
Stevenson reste cependant tenu par les règles morales de son monde : à aucun moment, le Dr Jekyll ne donne de précision sur les voluptés qu’il recherche, précisant simplement qu’elles sont dignes du ruisseau. Bien plus, progressivement les deux individus se dissocient et Mr Hyde devient un être à part entière, manière de souligner que tout individu comporte bien et mal au départ et que refouler totalement l’un peut entraîner la révolte de l’autre.
Faut-il s’inquieter de ce que, deux ans après la publication du roman, sévisse dans les bas-fonds londoniens le personnage mystérieux de Jack l’éventreur ?