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Malevil

samedi 18 janvier 2003, par von Bek

Robert MERLE (1908-2004)

France, 1972

La bombe explosa fin avril 1977, avant que les gens eurent appris à ne plus s’en inquiéter et à l’aimer. Emmanuel Comte, quatre de ses amis, sa vieille gouvernante et le fils crétin de celle-ci ne doivent la vie qu’aux murs épais de la cave du château médiéval de Malevil et à la falaise qui l’abrite. Malejac, bourg voisin de cette France occitane est réduit en cendres avec le reste du pays. Revenus à l’ère pré-industrielle, les habitants du chateau s’organisent pour survivre, soutenus par l’espoir qui renaît peu à peu au grès des événements et des découvertes des rares survivants, en dépit des difficultés que ceux-ci peuvent présenter dans un pays livré aux potentats locaux.

Autant dire que Malevil n’a pas la noirceur des récits apocalyptiques. On n’y trouvera aucune trace du pessimisme quant à la nature humain qu’entretient Un cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller (1955). Plutôt que de mettre en scène une société, quelques lustres après le drame, reconstruite sur d’autres fondations comme Keith Roberts dans Survol, Robert Merle fait le choix de montrer les prémices de la reconstruction de l’organisation sociale. Il ne s’agit pas tant de dénoncer le possible holocauste nucléaire - qui n’est d’ailleurs attribué à personne - que de décrire un retour à une société plus simple, en proie à l’état de nature ou à l’état d’anarchie, comme l’on voudra.

On en veut pour preuve l’optimisme bon vivant dont est empreint le livre, caractérisé par une absence de normes matrimoniales en raison du petit nombre de femmes survivantes. Il regne donc un certain libertinage débarrassé des codes moraux les plus contraignants mais non privé de moralité : plaisir mais non dépravation.

On en veut pour preuve la minutie de l’auteur à décrire la façon dont s’organise Malevil, système politique démocratique dans lequel la rhétorique, l’habileté et la sagacité jouent un rôle fondamental et souvent en faveur du narrateur Emmanuel Comte, propriétaire du château et qui, pour éviter un conflit avec le curé tyranique du bourg voisin, est nommé abbé par ses compagnons au grand dam de son ami Meyssonnier, athée comme tout bon membre du P.C.F. se doit alors. La micro-société qui se constitue a des aspects de société médiévale dont les liens féodaux auraient été dénoués et dont n’auraient subsité que les relations entre les communautés paysannes. La Commune de Paris en plein Sud-Ouest et sans la haine de la lutte des classes...

Invention troublante de la part d’un auteur qui a toujours eu le coeur un peu plus à gauche que l’anatomie ne le prévoit, la religion joue un rôle non négligeable dans le récit mais pas pour être décriée comme pilier de l’ordre ancien et facteur lointain de la catastrophe mais comme élément structurant de la société, ce qu’elle était dans les sociétés primitives.

Car Malevil en somme c’est cela : l’ardoise effacée, la jouissive reconstruction d’un monde nouveau, l’agréable perspective du tout est possible. Un esprit plus heureux que Malevil, son adaptation décevante par Christian de Chalonges en 1980. En gestation dans Malevil, il y a la Fortune de France car Malevil, c’est Mespech...

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