La mécanique du Talion

Laurent GENEFORT (1968-)

France, 2003

L’Atalante, coll. "la dentelle du cygne", 384 p.

Et un space opéra à succès de plus pour les dynamiques éditions nantaises, un ! Laurent Genefort, auteur déjà largement confirmé, livre ici un roman haletant qui, à défaut d’être original, s’avère d’une grande efficacité. Le point de départ de l’intrigue réside dans l’atroce torture subie par Kovall, un fonctionnaire galactique lambda, qui va se reconstruire sous une autre identité avec un seul but en tête : se venger de ses tortionnaires. A travers une entrée en matière comme celle-ci, on pense au récent La cité du gouffre d’Alastair Reynolds, et à l’instar de ce dernier livre, l’enquête policière laisse peu à peu la place à des réflexions de plus grande envergure.

Les pérégrinations de Kovall, devenu Valrin, l’entraînent en effet à croiser le chemin des artéfacts laissés par une race extra-terrestre disparue, les Vangks. Ces derniers, tout comme les Heechees du Frederik Pohl de La Grande Porte, ont laissé à travers la galaxie des milliers de portes permettant des voyages instantanés d’un système stellaire à un autre, dont une, la mythique porte noire, permettrait de rejoindre un autre plan de la réalité dans lequel, selon les sectateurs d’un nouveau culte autour d’eux, les Vangks se seraient réfugiés... Une jeune fille semble être le réceptacle de certains de ces secrets millénaires, et c’est justement indirectement à cause d’elle que Kovall s’est fait torturer, ou que le scientifique Xavier, qui devient son compagnon d’infortune, a manqué de se faire assassiner.

Car au-delà de leurs seuls destins individuels, les multimondiales, extension spatiale de nos multinationales, s’intéressent de très près à cette jeune fille, ce qui va conduire les deux amis dans l’adversité à faire alliance tantôt avec les uns, tantôt avec les autres, afin de rester en vie et d’atteindre leurs objectifs respectifs. Si la fin ouverte laisse inévitablement le lecteur sur sa propre faim sans risquer de le décevoir, les personnages au profil sobrement brossé s’avèrent attachants, avec peut-être un brin de simplisme, et surtout les rebondissements nombreux conduisent à un roman simplement réussi, ce qui n’est déjà pas si mal !