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Darwinia
2000, par
Robert Charles WILSON (1953-)
Canada, 1998
Denoël, coll. "Lunes d’encre", 2000
Ca a de prime abord l’apparence du steampunk, ça a au début le goût du steampunk, mais ce n’est pas du steampunk ! Darwinia a en effet a priori tout pour être alléchant : nominé au prix Hugo de 1999, ce roman a comme point de départ la disparition pure et simple, en 1912, du continent européen et de quelques-unes de ses marges, remplacés par un continent qui, bien qu’ayant les mêmes contours et une géomorphologie semblable, est recouvert d’une faune et d’une flore inconnues... tous les habitants et les constructions de l’ancienne Europe ayant bien sûr disparus. On s’attend alors à suivre avec un grand intérêt une mission américaine d’exploration qui va tenter de comprendre ce phénomène, que la plupart des gens attribuent à Dieu, avec, en filigrane, les enjeux impérialistes que cette redistribution des cartes n’a pas manquée de susciter. D’une certaine manière, cette Europe inconnue est une sorte de " nouveau monde " à l’envers, une incarnation de la frontière chère aux Etats-Unis... Pourtant, dès la fin du premier tiers du livre, le pétard apparaît mouillé. On apprend qu’en fait, " l’événement " n’est qu’une manœuvre tactique sur l’échiquier d’un conflit à l’échelle cosmique entre des dieux, les uns bons, les autres méchants (sic !) ; et que les personnages que nous suivons -issus en fait d’une réalité parallèle dans laquelle l’Europe n’a pas disparu et la première guerre mondiale a eu lieu- sont pour la plupart des marionnettes entre leurs mains. On n’en apprendra pas vraiment plus jusqu’à la fin du roman, et l’évolution du nouveau continent, en particulier, qu’il aurait pu être passionnant de suivre, n’est vue qu’en toile de fond. En fait, l’auteur en dit trop, ou pas assez, et son histoire apparaît dès lors comme très superficielle, le combat final ne réussissant pas, de fait, à impliquer le lecteur. L’exemple type d’une très bonne idée cruellement sous, voire mal, exploitée. Dommage.