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La nébuleuse d’Andromède

mardi 29 mai 2001, par Maestro

Ivan EFREMOV (1907-1972)

U.R.S.S., 1957

Editions Rencontre, collection " Chefs-d’œuvre de la Science-Fiction ", 1970

La science-fiction en provenance d’Europe de l’Est, plus particulièrement des pays de l’ancien bloc soviétique, est encore très largement méconnue en France (et probablement dans les autres pays occidentaux). Bien sûr, la guerre froide et l’affrontement idéologique qui en découlait expliquent en grande partie cette ignorance presque complète. Mais il faut bien reconnaître que même le PCF ne semble pas avoir fait de gros efforts pour faire connaître ce pan de littérature (jugée peut-être trop utopique ?). Seuls quelques éditeurs spécialisés, comme le Fleuve Noir, ont tenté de briser cette ignorance ; toutefois, en dehors de certains auteurs (Stanislas Lem, les frères Strougatski), la majeure partie de cette production nous reste toujours inconnue. Et une figure comme celle d’Ivan Efremov, scientifique et romancier soviétique à succès, paraît tombée dans l’oubli. Pourtant, en 1970, dans sa sélection de 12 chefs d’œuvre de la SF mondiale, Jacques Bergier incluait un des romans de ce dernier, La nébuleuse d’Andromède (roman qui fut le premier d’une trilogie).

Avec le recul, comment peut-on comprendre ce choix ? La lecture des premiers chapitres donne d’abord l’impression d’une écriture quelque peu désincarnée : les personnages nous restent distants, malgré la description de leur humanité, et l’accent est principalement mis de façon didactique sur les aspects techniques et technologiques du monde de l’avenir, de la hard-science avant l’heure, en somme. Reflétant en cela l’idéologie officielle de l’URSS de l’époque, Efremov nous offre l’image d’un avenir terrestre radieux, ayant même dépassé le stade du communisme, dans lequel on retrouve l’influence des idées marxistes (les individus voguent ainsi d’activité en activité, sans avoir de travail fixé pour toute une vie ; tous ont d’ailleurs des physiques quasiment parfaits, reflet d’une évolution pas seulement morale, et recherchent volontairement les travaux les plus difficiles ; et n’oublions pas l’omniprésence de la dialectique !), avec toutefois le souci du développement harmonieux de la raison et des sentiments. Certains des aspects de son roman se révèlent toutefois plus novateurs et intéressants. Le système de communication qu’il décrit, baptisé le grand anneau, permet de relier entre eux les différents peuples de la galaxie par le biais d’un langage universel simple, mais ne le fait qu’avec un décalage temporel dû aux distances considérables entre les astres, offrant ainsi les images ou les messages de créatures souvent mortes depuis des siècles. C’est d’ailleurs là le point de départ d’une histoire d’amour classiquement impossible entre une de ces créatures et un Terrien de l’avenir. Autre aspect relativement classique, la trame du roman met en scène alternativement l’équipage d’un vaisseau spatial terrien, la Tantra, et certaines personnalités de cette nouvelle Humanité demeurant sur Terre ; à travers ces deux groupes s’entrecroisent trois histoires d’amour qui se chevauchent, mais desquelles la jalousie, scorie d’un passé révolu, est absente (ce qui les rend finalement assez peu intéressante !).

Mais le véritable but d’Efremov reste la présentation de cette société utopique idyllique, sous ses divers aspects (relations entre individus, éducation -qui incombe à la société, et non plus principalement aux parents-, mode de gouvernement et d’organisation du travail, médecine, idéologie, etc...), une présentation qui s’avère être, là encore, trop souvent didactique. L’utopie et la SF se rencontrent quand, par exemple, on se rend progressivement compte que l’homme du futur a réussi à dominer la nature (plus de pollution, mais des remaniements considérables, comme la suppression de toutes les espèces gênantes pour l’être humain, et le projet de modifier l’inclinaison de l’axe terrestre), et que la conquête du cosmos et l’installation sur d’autres planètes restent des objectifs centraux, malgré son inutilité d’un strict point de vue démographique.

La fin du roman s’avère malheureusement trop abrupte, réussissant à maintenir un peu tardivement l’intérêt du lecteur et ouvrant clairement sur les deux volumes suivant, La flamme au cœur du serpent et L’heure du taureau. Il reste un roman profondément humaniste, à la vision ample, qui mérite d’être lu, mais qui n’est pas un chef d’œuvre à proprement parler, manquant d’un certain souffle littéraire et restant par trop didactique.

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