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Terre brûlée

... au vent des landes de pierres ?

mercredi 16 août 2000, par Maestro

John CHRISTOPHER (1922-2012)

Grande-Bretagne, 1956

LGF, coll. Livre de Poche, 1975

Voilà un roman typique de l’école britannique qui s’est spécialisée dans la description de catastrophes diverses ayant toutes comme résultante la déchéance de l’humanité. A côté d’un John Wyndham, ou même d’un J.G. Ballard, John Christopher apporte lui aussi sa pierre à l’édifice. Le point de départ de « sa » fin du monde est l’apparition d’un virus qui s’attaque aux végétaux, comme le riz ou les blés, en les détruisant et en empêchant toute repousse ultérieure. Si, en filigrane, grâce à la narration de l’auteur ou par des informations radiophoniques, on peut suivre la progression du virus à travers le monde et les réactions des gouvernements, ce qui intéresse le plus John Christopher, ce sont les réactions individuelles vis-à-vis de cette catastrophe sans précédent. Pour ce faire, il choisit de privilégier une famille britannique tout ce qu’il y a de plus banal : John, un père architecte, une mère au foyer et leurs deux garçons, ainsi qu’à leurs amis, le cynique Roger, copain de régiment de John, son épouse et leur fils unique. D’abord confiants dans la gestion de la situation par les autorités, ils prennent finalement la décision de quitter Londres et d’aller se réfugier dans la vallée agricole tenue par le frère de John, dans laquelle ils pensent pouvoir survivre.

Le gros du roman narre donc leur odyssée, l’accroissement progressif de leur groupe, et surtout l’abandon finalement assez rapide des barrières morales, sous la poussée de la peur de mourir de faim. Le meurtre devient banal, et chacun s’y résigne, plus ou moins facilement. L’idée de démocratie et d’égalité devient également obsolète, et John acquiert progressivement la dimension d’un chef de bande, du petit seigneur d’un pays qui retrouve les mécanismes de la féodalité moyenâgeuse.

Le message du roman est clair : dès lors qu’une société ne parvient plus à satisfaire la majorité de sa population, ou en tout cas à canaliser son mécontentement, à faire croire à l’espoir, tous les repères s’effondrent, et l’on en revient à la débrouillardise et à l’égoïsme individuel, et il est difficile de se poser en parangon de vertu lorsque l’on s’imagine être plongé dans une situation similaire. Et cette peur d’une famine mondiale, malgré les progrès de l’agriculture génétique, reste d’actualité ; après tout, une grande partie de l’humanité souffre toujours de sous-nutrition ou de malnutrition, sans nécessairement que chacun en soit directement affecté...

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