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Le passe-muraille

dimanche 28 juillet 2002, par von Bek

Marcel AYME (1902-1965)

France, 1943

Adaptée par Jean Boyer en 1951, la nouvelle "le passe-muraille" voit son héros Garou-Garou immortalisé à l’écran sous les traits de Bourvil (Jean Boyer, Garou-Garou, le passe-muraille, 1951), qui tend à faire oublier que le ton du texte est tragi-comique. A l’âge de 43 ans, Léon Dutilleux, fonctionnaire de 3e classe au ministère de l’enregistrement, se découvre l’étrange pouvoir de traverser les murs. Au désarroi suscité par cette maladie succèdent bientôt l’euphorie de son utilisation et l’orgueil de son action. Entre banques, bijouteries et prisons, aucun mur ne résiste au pouvoir du passe-muraille qui signe ses oeuvres du nom de Garou-Garou. Etrange récit quelque peu contestataire et pourtant publié en 1943 par un auteur qui écrivait dans les pages d’un quelconque journal alors sordide dans ce temps d’Occupation, mais dont ce fut heureusement la seule forme de Collaboration.

La nouvelle suivante, intitulée "Les Sabines" est un récit un peu plus enlevé (elle est facile celle-là !). Si l’héroïne est aussi dotée d’un pouvoir extra-ordinaire, il ne s’agit plus de passer au travers des murs mais du don d’ubiquité. Epouse du modeste Lemurier, la jeune Sabine lui dissimule son pouvoir qu’elle se défend d’utiliser à mal jusqu’à sa rencontre avec le jeune peintre en devenir Théorème. D’un amant, l’infidélité la conduira à en avoir 67 000 avant que le repentir ne la travaille.

Les deux nouvelles "La carte" et "Le décret" se rapproche davantage du triste contexte de la publication du recueil. Dans la première, l’absurdité de la guerre et de l’administration conduisent au rationnement du temps par un système de carte. Les bouches inutiles ne vivent qu’une partie de chaque mois au grand dam du narrateur, le peu sympathique écrivain Jules Flegmon qui se découvre partiellement utile. Comme pour les autres denrées, le temps devient un objet du marché noir et certains mois doublent ainsi en durée pour les heureux détenteurs de cartes supplémentaires. Dans la seconde, les bélligérants, fatigués, ont imaginé de sauter 17 ans dans le futur pour s’épargner le temps du conflit : par décret, le monde passe ainsi de 1942 à 1959. Seul un village isolé résiste encore et toujours.

Autre couple, plus traditionnel des nouvelles fantastiques, "La légende poldève" et "L’huissier" évoque les déboires de leurs héros pour forcer les portes du paradis, non sans quelques éraflures au conservatisme et aux bonnes moeurs.

Enfin "Les bottes de 7 lieues" clôt les nouvelles fantastiques (il y en a 3 autres qui tiennent plus du loufoque) de ce recueil, reflet des tourments d’une époque et des sentiments d’un auteur.

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