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Roma Aeterna

c’était ROME

samedi 13 novembre 2004, par Maestro

Robert SILVERBERG (1935-)

Etats-Unis, 2003

Robert Laffont, coll. "Ailleurs et Demain", 2004, 408 pages.

Robert Silverberg nous avait déjà fait la preuve, avec La porte des mondes, qu’il était capable de nous proposer des uchronies à la fois originales et réussies. Si la première était destinée à un public jeune, Roma Aeterna est plus adulte. Elle développe l’idée que l’auteur avait seulement esquissée dans la nouvelle " Les légendes de la forêt véniane " du recueil Le nez de Cléopâtre, celle d’un empire romain qui aurait évité la chute et poursuivi sa domination sur le monde (cette nouvelle est d’ailleurs reprise et retravaillée dans le chapitre " Une fable des bois véniens ").

Pour la mettre en perspective, Silverberg choisit de stopper le compteur sur dix époques successives, à travers quelques personnages rapidement mais efficacement troussés. Le prologue nous éclaire seulement sur le point de divergence : l’échec de l’exode des Hébreux et l’absence de création d’un royaume d’Israël, qui empêche la naissance du christianisme et donc l’affaiblissement de l’empire (cette naissance du christianisme se produit finalement, dans une démarche alternative plutôt originale, en 1970 de notre ère dans " Vers la Terre promise ", la nouvelle conclusive). " Avec César dans les bas fonds " nous montre d’ailleurs, dans un contexte de fin de règne, comment l’empire d’occident, aidé par l’empire d’orient, réussit à repousser de manière décisive les vagues d’invasions barbares. Dans " Un héros de l’empire ", un Romain en disgrâce met fin à un autre danger mortel pour l’empire, l’Islam et sa foudroyante propagation, par un acte radical...

A travers ces deux textes, l’on voit tout de même que pour Silverberg, le rôle de certaines individualités demeure déterminant, tandis que les évolutions profondes ne sont pas vraiment abordées. Peu de choses sont ainsi dites sur les changements technologiques, quand bien même des améliorations dans la construction navale ont dû être faites pour permettre les tentatives d’invasion successives du nouveau monde dans " La deuxième vague ", à une époque qui correspond au XIIème siècle de notre ère. Silverberg préfère se pencher sur les enjeux géopolitiques, avec l’affrontement entre les deux parties de l’empire qui finit par se produire dans " En attendant la fin ", et connaît un dénouement en forme de retour en arrière à travers " Un avant-poste du Royaume ", avec les efforts de réunification et de régénération de l’empire dans " Le règne de la Terreur ", qui évoque l’ambiance de la Révolution française, ou le passage de l’empire à la seconde république dans " Via Roma ", mais surtout aux sommets, là encore.

En fait, le progrès tel que nous l’avons connu dans notre ligne temporelle semble accuser un retard certain : un alter-égo de Léonard de Vinci apparaît ainsi dans " Se familiariser avec le dragon ", mais en une année qui correspond à 1790 (la nouvelle relate en fait principalement le surprenant périple autour du monde de l’empereur Trajan VII), et dans " Via Roma ", situé en 1850, la révolution industrielle semble surtout toucher les transports maritimes... Quant à la dernière nouvelle, " Vers la Terre promise ", elle nous apprend qu’en 1970, les Romains ne se sont toujours pas lancé -par choix- dans la conquête spatiale. En dépit de ce côté plus superstructurel qu’infrastructurel, Roma Aeterna reste un recueil intéressant et surtout sans précédent de par l’ampleur de son scénario uchronique...

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